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Les soignants plus confiants en la vaccination anti Covid-19, selon une étude IFOP-MNH

Publié le 09/04/2021

Selon une étude réalisée en mars 2021 par l'Institut Français d'Opinion Publique (IFOP) pour la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) auprès de 8 000 professionnels hospitaliers environ, le sentiment de responsabilité lié à l'épidémie ressenti par les soignants est considérable. Jusqu'à 8 sondés sur 10 se sentent par ailleurs avoir un rôle à jouer dans la recommandation de la vaccination anti Covid-19 à leurs proches. Une proportion qui varie en fonction de l'âge et qui semble remettre en question la traditionnelle "réticence française" en la matière.

Malgré le poids psychologique de l'épidémie, la confiance en la vaccination anti Covid-19 semble a priori retrouvée
Crédit : Marine L.

Un an après le début de la pandémie et le lancement de la campagne vaccinale en France fin 2020, de nombreuses études voient le jour. Malgré un courant de scepticisme vaccinal français bien connu, l'une d'entre elles, menée auprès de professionnels hospitaliers pour le compte de la MNH, montre au contraire qu'ils se sentent une responsabilité particulière (notamment envers leurs proches) induite par l'épidémie de covid-19. Un sentiment qui porte à la fois sur la vaccination, mais aussi et encore plus fortement sur le rappel du respect des gestes-barrière, l’information sur la marche à suivre en cas de contamination, les symptômes ou encore sur la lutte contre la désinformation autour du virus.

Méthodologie de l'étude

2 échantillons (grand public et professionnels hospitaliers)
1 035 personnes majeures représentatives de la population française
5 250  professionnels hospitaliers :
- 161 étudiants (dont 126 étudiants en soins infirmiers)
- 1 823 actifs (dont 535 infirmiers, 399 aides-soignants, 178 agents des services hospitaliers et 188 agents administratifs)
- 3 104 retraités (dont 941 infirmiers, 601 aides-soignants, 221 agents des services hospitaliers et 267 agents administratifs)
- 162 décideurs
Interviews grand public réalisées du 16 au 18 mars 2021 (questionnaire en ligne auto-administré)
Interviews professionnels de santé réalisées du 8 au 17 mars 2021 (questionnaire en ligne auto-administré)

Un poids énorme

L'un des enseignements-clés de l'enquête est très clair : en raison de la crise sanitaire, les soignants ont le sentiment de porter sur leurs épaules un poids énorme. Le sentiment de responsabilité est ressenti en exercice à l'hôpital vis-à-vis des patients qu'il faut prendre en charge, mais aussi auprès des proches, une fois de retour à la maison. Une sorte de "double peine" qui maitient l'hypervigilance et raréfie les moments de sérénité psychologique. Nos professionnels se sentent manifestement tous concernés et veulent gagner la bataille sanitaire, relève Gérard Vuidepot, Président de la MNH. En moyenne, 74 % des personnnes interrogées expriment ce sentiment de responsabilité vis-à-vis de leurs proches. La question essentielle qui revient est la suivante : comment vais-je faire pour protéger mes proches une fois de retour à domicile ? Une inquiétude qu'observe également Eve Guillaume, Directrice de l'Ehpad "Les lumières d'automne" (Ile-de-France), à l'occasion de sessions internes de rappel des gestes-barrières par exemple. Et même un sentiment de culpabilité à l'idée qu'ils auraient acheminé le virus jusqu'aux pensionnaires, déjà fragiles, ou aux membres de leur famille. Mes enfants ont été contaminés, c'est sans doute à cause de moi, a régulièrement entendu la Directrice francilienne. Le sentiment de responsabilité constante envers leurs proches n’est justement pas sans conséquence pour les professionnels hospitaliers. En effet, après un an de crise sanitaire, près des deux tiers d'entre eux (62 %) reconnaissent que cette situation leur pèse, et notamment les étudiants (70 %). Certains de nos soignants sont allés travailler, même contaminés ; d'autres ont dû s'isoler de leur famille pour ne pas risquer de la contaminer, rapporte G. Vuidepot. Plus de 10 000 appels sont parvenus sur la ligne de soutien que nous avions mise en place ; les professionnels avaient besoin d'exprimer leur désarroi et leur mal-être. C'est dire si la situation a été éprouvante et l'engagement exemplaire.

Les retraités sont peut-être plus sensibilisés au Covid-19, dont les formes graves les touchent plus fréquemment

Une réaction âge-dépendante

Au-delà de la proportion générale, certaines nuances se dessinent en lien avec l'âge des personnes interrogées. En l'occurrence, les aînés (80 % des retraités) se sentent davantage concernés par cette préoccupation. Le sentiment de responsabilité ne s'arrête pas à l'exercice ni à la porte de chez soi, il se poursuit tout au long de la vie, interprète Flora Baumlin, Directrice de recherche au sein de l'IFOP. Un constat partagé par Michaël Galy, Directeur Général du CHRU de Nancy, pour qui les retraités sont par ailleurs peut-être plus sensibilisés au Covid-19, dont les formes graves les touchent plus fréquemment. Sans compter que les seniors sont habitués aux campagnes vaccinales annuelles anti-grippe. Plus de 8 professionnels hospitaliers sur 10 se sentent également une responsabilité dans la recommandation de la vaccination à leurs proches. Ce taux est un peu moins élevé (62 %) auprès des étudiants (la plupart de ceux interrogés suivaient une formation en soins infirmiers), qui se sentent une moindre responsabilité à recommander la vaccination anti Covid-19. Peut-être un sentiment de manque de légitimité à se positionner ainsi, postule F. Baumlin, ou le fait qu'ils se considèrent être une population moins à risque de forme grave et que les campagnes de communication n'ont pas rendue prioritaire, présume M. Galy. Enfin, même si les chiffres côté étudiants se détachent de ceux observés dans les autres catégories, les jeunes semblent payer un lourd tribut. En témoigne l'augmentation massive (+15 % entre 2019 et 2020) des consultations auprès du centre médico-psychologique du CHRU de Strasbourg. Les troubles anxieux ont augmenté de 18 % chez les étudiants ; après la forte augmentation des consultations constatée en 2020, on en craint le doublement en 2021, alerte le Directeur.

Le niveau d'information est identifié comme un levier fort de l'intention de vaccination

La confiance retrouvée ?

A fortiori depuis le lancement de la campagne vaccinale fin 2020 mais aussi sur le sujet de la vaccination en général, le sujet n'est pas nouveau : information et vaccination semblent étroitement liées, et un déficit de connaissance peut s'avérer délétère pour endiguer l'épidémie. L'étude réalisée par l'IFOP ne dément pas la règle et identifie le niveau d'information comme un levier fort de l'intention de vaccination : les étudiants, qui se déclarent "mal informés" sur le sujet à 68 %, déclarent dans le même temps le taux le plus faible (60 %) d'intention de vaccination pour eux-mêmes parmi les sondés, grand public compris. Ces derniers semblent en effet particulièrement démunis dans cette situation, pris en tenaille entre les difficultés liées à leur statut d’étudiant et le manque d’information reçues sur le vaccin d’une part, et les attentes perçues de la population qui les considère déjà comme professionnels hospitaliers. De leur côté et en toute logique, actifs, retaités et décideurs (qui se déclarent "bien informés" respectivement à 59, 60 et 73 %) expriment très nettement le souhait de se faire vacciner, en particulier les retraités (88 %), même si le niveau d'information des actifs hospitaliers ne dépasse que de peu celui de l’ensemble des Français (54 %). Pour les professionnels (comme pour une majorité de Français), les principales craintes liées au vaccin résident dans le fait qu'il ait été élaboré trop rapidement (67 %) et que son efficacité et ses effets secondaires soient pour l'instant mal connus (39 %). Quoi qu'il en soit, les Français deviennent de plus en plus favorables à la vaccination (65 % aujourd'hui, vs. 39 % début décembre 2020) et le vaccin apparaît comme le tout premier motif pour sortir de l'épidémie pour toutes les catégories de sondés - sauf pour les étudiants, qui considèrent à 70 % qu'il sert avant tout à protéger les autres. Une confiance a priori retrouvée et une évolution des chiffres encourageante pour la poursuite de la lutte contre l'épidémie en général et la campagne vaccinale en particulier.

Anne Perette-FicajaDirectrice de la rédactionanne.perette-ficaja@gpsante.fr @aperette


Source : infirmiers.com