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MOUVEMENT DE PROTESTATION

Les infirmiers-pompiers du Nord pourraient ne plus porter secours à la population

Publié le 21/02/2024

Les infirmiers sapeurs-pompiers du Nord sont ce jeudi 22 février devant la préfecture de Lille pour protester contre un projet de la direction du SDIS dans le département : celle-ci souhaite arrêter le secours et les soins d'urgence aux personnes assurés par les infirmiers sapeurs-pompiers pour recentrer ces professionnels sur le soutien sanitaire opérationnel, dans les casernes, et sur les interventions complexes. 

Infirmiers-pompiers

Les infirmiers sapeurs-pompiers du Nord venus protester devant la préfecture de Lille.

Le projet, qui doit justement être examiné par le conseil d'administration du SDIS 59 (service départemental d'incendie et de secours) ce jeudi matin, a fait bondir les infirmiers sapeur-pompiers du Nord. L'aide médicale urgente «mobilise une ressource beaucoup plus importante que celle tournée vers la santé et la sécurité des sapeurs-pompiers», écrit le Conseil d'Administration du service départemental d'incendie et de secours du Nord dans un document officiel. «Dans un contexte où la santé et la sécurité des sapeurs-pompiers constituent l'un des objectifs majeurs du plan stratégique et où la situation financière est particulièrement contrainte, il apparaît nécessaire de revoir cette allocation de ressources en recentrant le PSSM (Pôle santé et secours médical) et les VLI (véhicules légers d'intervention) sur les priorités du SDIS», note-il.

La direction du SDIS entend ainsi restreindre les activités des infirmiers sapeurs-pompiers à deux missions : le soutien sanitaire opérationnel des pompiers et les interventions complexes (attentats, tueries de masses, accidents de trains...) 

Une décision "brutale et non concertée"

Très concrètement, si le texte était validé par le Conseil d'administration, les pompiers ne pourraient plus porter secours à la population et donc, sur le terrain, «soulager la douleur grâce à l'injection de morphine, poser une perfusion ou injecter de l'adrénaline...», énumère, en guise d'exemples, Yaël Lecras, vice-président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels. Le Smur seul serait alors habilité à réaliser ce type de soins mais avec des délais plus longs, dans des zones rurales qui sont déjà «des déserts de secours», ce qui reviendrait à une perte de chance pour les populations les plus fragiles. Plus absurde encore : ce projet, s'il était acté, irait selon lui à l'encontre du mouvement général : «partout on paramédicalise», souligne Yaël Lecras. Il dénonce une décision «brutale et non concertée» qui signe «purement et simplement la fermeture de l'aide médicale urgente pour les infirmiers». 

infirmiers-pompiers manifestation Nord

Expertise infirmière 

Dans le Nord, les infirmiers interviennent au moyen de 7 véhicules légers infirmiers répartis sur le territoire, en coordination avec les Smur. «De façon générale, si les SDIS veulent conserver un niveau de qualité élevé pour tous leurs sapeurs-pompiers, il leur faut une expertise infirmière et c'est ce qui est en train d'être sabordé actuellement», déplore Yaël Lecras. «Si le Conseil d'administration valide ce texte en l'état, cela signera la disparition des infirmiers». 

Yaël Lecras voit en ce projet «une manière de dégrader la réponse des secours. Les pompiers dans les ambulances demeurent des secouristes. Ils sont évidemment indispensables mais ils ne peuvent délivrer que des soins de base. Dans toutes les recommandations scientifiques, il est spécifié qu'il faut un appel au secours spécialisé. Il s'agit en réalité d'une chaîne de secours et en sacrifiant l'un des maillons, on affaiblit cette chaîne», prévient-il. La direction, que nous avons contactée, n'a pas donné suite pour l'heure. 

Les infirmiers sapeurs-pompiers attendent aujourd'hui le retrait de cette délibération et l'abandon définitif de ce projet sur l'ensemble du territoire. Ils sont en ce moment devant la préfecture pour se faire entendre. 

Infirmiers-pompiers manifestation Nord

Mise à jour du 23 février 2024 :

Sous la pression des acteurs, le rapport au coeur de la grogne a finalement été retiré jeudi 22 février par le Conseil d'Administration, selon Marie-Hélène Quatrebœufs, vice-présidente du SDIS 59. Des travaux vont s'ouvrir sur ce dossier. «Nous sommes inquiets et vigilants car nous ne voulons pas voir revenir ce projet sous une autre forme», explique pour sa part Yaël Lecras. Les infirmiers sapeurs-pompiers ont sollicité le préfet et le président du SDIS pour être associés aux travaux sur cette question. 

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com