Les personnels de santé du privé attendent « un signe fort » de la part de Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, à l’occasion de sa déclaration de politique générale, mardi 30 janvier. Dans un communiqué, la Fédération de l’hospitalisation privée rappelle en effet qu’elle est confrontée à des difficultés économiques et sociales « sans précédent », marquée comme le public par les années Covid et le contexte actuel d’inflation. Elle attend donc que « ses nouveaux interlocuteurs institutionnels », à commencer par la nouvelle ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, qu’ils garantissent « une pleine reconnaissance des missions » du privé, « en complémentarité avec l’hôpital public. »
1 établissement sur 2 pourrait être déficitaire en 2024
« Aujourd’hui, les établissements de santé privés sont confrontés à une inflation exceptionnelle, non compensée dans les tarifs qui lui sont alloués par l’État, avec des conséquences alarmantes induites sur le maintien de l’offre de soins sur les territoires pour nos concitoyens », s’alarme ainsi la Fédération. 40% des cliniques et hôpitaux ont été déficitaires en 2023, notamment en raison d’une augmentation des coûts de l’énergie. Avec une construction de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) qui sous-évalue les besoins, « les projections 2024 sont préoccupantes », 1 établissement sur 2 qui pourrait être déficitaire en l’absence de compensation financière à la hauteur des enjeux. Pour compenser la hausse des coûts, l’ensemble des Fédérations demandaient une augmentation de 1,5 milliard d’euros de l’ONDAM. Soit 669 millions d’euros pour le secteur privé.
Un secteur qui pèse de plus en plus dans l'offre de soins
Or le poids du secteur privé dans l’offre de soins (voir encadré) tend à croitre chaque année. D’une part, il a permis à rattraper les soins qui n’avaient pas été réalisés au cours de la pandémie : « il était capital en effet de contribuer à apurer la "dette sanitaire", à savoir les 3,5 millions de patients» qui n’ont pas eu accès à leurs soins. « On estime que le privé a réalisé 600 000 prises en charges supplémentaires en cumulé sur 2021-2022, ce qui constitue un véritable défi de santé publique », observe la Fédération. Parallèlement, au quotidien, elle constate une prise en charge croissante de pathologies lourdes tout en maintenant un niveau d’engagement élevé dans les prises en charge simples, permettant « d’alléger la charge pour les hôpitaux publics ». Alors que la puissance publique appelle à plus de coopération des acteurs de santé, particulièrement efficace lors de la crise sanitaire mais dont l’esprit s’est depuis perdu, il faut que l’ensemble des professionnels de santé « qui accomplissent les mêmes missions, dans des lieux d’exercice répondant des mêmes contraintes normatives et des mêmes mécanismes de financement, bénéficient du même niveau de reconnaissance », matraque la Fédération. Un message qu’elle ne cesse de répéter alors que les différentes mesures de revalorisation (des heures de nuit et de week-end) appliquées dans le public ne le sont pas dans le privé, suscitant « un profond sentiment d’injustice chez les professionnels paramédicaux ».
« Notre système de santé est à un tournant », a rappelé Lamine Gharbi qui a récemment été réélu à la tête de la FHP. « Nous voulons faire confiance à ce nouveau gouvernement pour impulser une nouvelle dynamique de soutien et d’accompagnement des acteurs de santé », qui doit se traduire par la compensation de l’inflation ou encore le rétablissement de l’équité entre secteurs public et privé.
Selon la FHP, le secteur privé :
- Rassemble 1 030 cliniques et hôpitaux et plus de 160 000 professionnels de santé
- Soigne 9 millions de patients
- Et assure 35% de l'activité hospitalière.
- Ses 122 services d'urgence prennent en charge plus de 15% des passages aux urgences.
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