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Les essais cliniques se multiplient en France pour trouver un traitement contre le Covid-19

Publié le 28/04/2020
Les essais cliniques se multiplient en France pour trouver un traitement contre le Covid-19

Les essais cliniques se multiplient en France pour trouver un traitement contre le Covid-19

Les essais cliniques continuent de se multiplier sur le territoire afin de trouver un traitement le plus rapidement possible contre l’épidémie de coronavirus qui se poursuit en Europe. En France, le CHU de Saint-Etienne vient de débuter une nouvelle étude avec des soignants pour participants. De son côté le CHU de Bordeaux va lancer des travaux de grande ampleur. En parallèle, l’Inserm continue sur la piste des anticorps monoclonaux…

Des essais cliniques sur des populations cibles inédites vont bientôt commencer : des soignants et des personnes âgées.

L’originalité de cette étude est qu’elle ne s’adresse pas seulement aux soignants de l’hôpital, il y aura aussi des médecins et infirmiers libéraux et des personnels d’Ehpad, explique le Pr Elisabeth Botelho-Nevers, responsable du service clinique d’Infectiologie du CHU de Saint-Étienne, à nos confrères du Progrès. En effet, cet établissement est le premier dans l’Hexagone à inclure tous les professionnels de santé pour un nouvel essai clinique qui vise à tester des traitements prophylactiques contre le Sars-Cov-2. Ces travaux sont réalisés en collaboration avec l’Institut Pasteur et 9 autres CHU, chez qui l’étude ne débutera que la semaine prochaine. Le CHU ligérien est donc le premier à se lancer dès cette semaine.

L’étude devrait s’étendre sur deux mois. Plusieurs médicaments seront testés afin d’analyser s’ils ont une potentielle efficacité pour prévenir l’infection au nouveau coronavirus notamment l’hydroxychloroquine ou le duo d’antiviraux Lopinavir / Ritonavir. Ces deux médicaments sont commercialisés depuis de nombreuses années avec un profil de tolérance satisfaisant. Ils ont fait preuve d’une activité antivirale in vitro contre le SARS-CoV-2 et leur efficacité en tant que traitement curatif est en cours d’évaluation, argumente le communiqué du CHU. Ainsi 600 soignants quel que soit leur lieu d’exercice vont participer aux travaux afin d’examiner si l’un de ces deux traitements ont un effet protecteur. Cet essai sera randomisé et en double aveugle de sorte que ni les volontaires ni les médecins qui les suivront ne connaitront la nature du traitement attribué (substance active ou placebo). Les participants devront passer un électrocardiogramme hebdomadaire et devront se plier à des bilans avec prélèvement naso-pharyngé et prise de sang.

En parallèle, un comité indépendant analysera les données recueillies tout au long de l’étude non seulement pour la sécurité des volontaires mais aussi pour juger de l’intérêt ou de l’innocuité des substances expérimentées. On pourra stopper si ça ne marche pas précise Elisabeth Botelho-Nevers. Et si ça marche très bien, il est également possible d’arrêter l’étude pour proposer tout de suite l’une des solutions aux soignants et peut-être, à terme, aux plus fragiles. Les travaux s’adapterons au cours du temps et d’autres molécules pourront également être ajouté à l’expérimentation avant la fin des tests.

L’étude Coverage du CHU de Bordeaux

De son côté, le CHU de Bordeaux en partenariat avec l’Inserm va bientôt lancer l’essai clinique COVERAGE : une étude qui sera réalisée en soins primaires sur près de 1000 patients. Des travaux assez inédits car les volontaires seront traités à domicile dès les premiers symptômes et auront tous plus de 65 ans. Cet essai randomisé et multicentrique comparera l’efficacité de 4 médicaments distincts contre placebo.

Si cette fois les chercheurs ont décidé de cibler une population qui présente un risque important d'aggravation de la maladie, c’est aussi pour prévenir une orientation vers l’hôpital sous tension. De cette façon ils conservent un suivi assuré notamment via le téléphone et les outils digitaux mais aussi grâce aux professionnels du secteur de ville. Les scientifiques auront aussi accès à des données leur permettant d’estimer les conditions d'un déconfinement optimal pour cette population de plus de 65 ans et de proposer des pistes aux pouvoirs publics.

Plus précisément, cette étude mise en place en 3 semaines expérimentera 4 médicaments : l'hydroxychloroquine (antipaludéen), le favipiravir (antiviral), l'imatinib (immunosuppresseur), le telmisartan (antihypertenseur). Ils seront comparés à un groupe contrôle qui aura en guise de traitements des compléments alimentaires, dont du Zinc. Ce sont des équipes mobiles constituées d’un médecin et d’un infirmier qui seront en charge de l’inclusion des patients mais aussi de l’administration des médicaments testés. Le suivi sera assuré par téléphone mais également via une intelligence artificielle qui permettra aux professionnels de santé de vérifier les prises des traitements.

Selon les chercheurs, des analyses intermédiaires pourraient permettre d’avoir de premières informations d’ici 3 à 4 semaines.  D’ici là d’autres CHU devraient se joindre à ces travaux notamment des établissements localisés dans des zones particulièrement touchées par l’épidémie comme l’Île-de-France ou la région Grand-Est.

La piste des anticorps

A partir de sang d’individus ayant guéri de l’infection au Sars-Cov-2, les scientifiques de l’Inserm et de l’institut Pasteur seront en mesure de fabriquer des anticorps monoclonaux spécifiques au nouveau coronavirus d’ici fin mai, selon Hugo Mouquet, responsable du laboratoire Immunologie humorale qui travaille sur le sujet, dont les propos ont été recueillis par nos confrères du Quotidien du médecin. Ce type de découverte a de nombreux intérêts : autant diagnostic, thérapeutique que préventif. En effet, ces anticorps peuvent aider au développement de nouveaux tests sérologiques. Par ailleurs, ceux-ci peuvent permettre d’immuniser les patients souffrant de formes sévères de manière passive. Enfin, ils pourraient avoir un effet prophylactique, si on allonge leur demi-vie, et on les administre à des populations à risque. Toutefois, cela prend autant de temps de créer des anticorps au niveau industriel que pour un vaccin (entre un et deux ans). Ces travaux seront donc surtout utiles lors d’une seconde vague de l’épidémie, si elle a lieu...

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com