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HUMOUR

"Les animaux malades du Covid", la fable du moment...

Publié le 01/04/2020
Les animaux malades du Covid

Les animaux malades du Covid

Infirmier et conteur d’histoire à la verve créative, Didier Morisot fait son grand retour dans les colonnes d’Infirmiers.com S’inspirant des fables de la Fontaine, il nous en propose une, hélas fort d’actualité. Intitulée "Les animaux malades du Covid", elle nous dresse, en quelques lignes aussi poétiques que subversives, un monde qui s’écroule jusqu’au jour où…

"Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa brusquement pour effrayer la Terre,  
Le covid (devenu en peu de temps célèbre)
Remplissaient hôpitaux, ainsi que pompes funèbres,  
Faisant aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient cloîtrés :
Fermés chez eux, tous apeurés,
Ils écoutaient, anxieux, la parole des puissants
Qui, entre nous (c’est embêtant),
Avaient jusqu’alors négligé
Les hôpitaux sus-évoqués.

Bref, chacun au terrier, interdit de soleil,
Rêvait de liberté en regardant le ciel ;      
Le bel azur, il y a peu,
Était encore si merveilleux !    
Il transportait alors, rempli de tant d’avions,   
Les gens, les marchandises, en toutes directions :
Des haricots d’Afrique et des pommes du Chili,
Des meubles faits en Chine avec des arbres en bois
Tronçonnés au fin fond de la Scandinavie.

Pour compléter la liste, il me faut toutefois
Évoquer d’autres passagers,
Que d’aucuns trouvent moins désirables.
Car les aéronefs, comme l’Arche de Noé,
Transportent quantité d’organismes improbables :
Des frelons asiatiques, des virus assassins,   
Cette pyrale du buis qui torpille nos jardins…    
Mais revenons à nos moutons,
Ainsi qu’à leurs frères de misère ;
Le coq, si souvent réfractaire,
Se lamentait en sa maison.
Le paon était en panne, ne faisant plus la roue,
Ignorant son harem, n’y trouvant plus le goût.
Il illustrait ainsi le fait qu’une dépression
Est quelque part image, symbole de crevaison.

Cela dit, la bécasse tenait bien sa revanche,
Émue aux larmes sous la blouse blanche.
Il y a peu encore, elle était ignorée,
Elle était même battue par les chiens policiers…
Et brusquement voilà qu’un peuple à la fenêtre,
L’applaudissait sans fin en lui faisant la fête !  
Mais les vivas ne font pas tout ;
Une fois la fenêtre fermée,
On exigea sans plus tarder
D’arrêter pour de bon le fou
Qui osait en sortant colporter le covid
Et répandre la mort dans la population !
…enfin, on le trouva, ce délinquant perfide :
Un blaireau inconscient (sans son attestation !)
Buta sur la police au fond de la forêt.
Aussitôt arrêté, on montra son portrait
En disant que la répression
Était bien la seule solution…

Moralité, soyons patients,
Courbons le dos modestement.
Courage, dans peu de temps nous pourrons de plus belle
Sortir goûter la vie et tout recommencer :
Manger des fraises pour la Noël,  
Retourner sous les cocotiers…"

Didier MorisotInfirmier et conteur d’histoire


Source : infirmiers.com