Santé publique France a publié un bilan sur les signalements externes des décès liés aux infections nosocomiales en France entre 2008 et 2017. De manière générale, on constate une baisse des infections associées aux soins ayant provoqué la mort au cours du temps. Certains services sont plus touchés que d’autres notamment la réanimation, la médecine, la chirurgie ou la néonatalogie. Autre observation : le staphylocoque doré reste associé à un pourcentage non négligeable de ces infections.
Les infections nosocomiales sont des infections associées aux soins qui surviennent dans un établissement de santé. Elles restent un enjeu majeur de santé publique puisque, la dernière enquête nationale rapporte une prévalence significative : un patient sur 20 développerait ce type d’infection . Par ailleurs, les infections nosocomiales sont corrélées à une létalité de 7%, ce qui est loin d’être négligeable. A l’heure actuelle, on estime que ces infections sont à l’origine d’environ 3 500 à 9 000 décès par an dans le pays.
C’est pourquoi Santé publique France s’est penché sur le problème et a analysé les données disponibles concernant les signalements externes d’infections associées aux soins liées à un décès qui ont été enregistrés durant la période entre 2008 et 2017. Point positif : les chiffres montrent une diminution nette des décès associés aux infections nosocomiales. Les bactériémies représentent toutefois la majorité des infections entrainant un décès notamment le fameux staphylocoque doré.
Les infections nosocomiales sont la 4ème cause de mortalité dans les hôpitaux
Une baisse de 30% ces 5 dernières années
Sur la période considérée (entre 2008 et 2017) 16 349 signalements ont été enregistrés. Parmi eux, 986 soit 6% rapportent un décès qui y est associé. De manière générale, la part de signalements liée à un décès diminue sur la période passant de 11% à 4% alors que nombre d’infections rapportées double pratiquement. Plus précisément, on distingue deux périodes : l’une de 2008 à 2012 avec une moyenne aux alentours d’une centaine de cas de pathologies nosocomiales ayant entraîné la mort, puis, de 2013 à 2017, ce chiffre chute de près de 30% avec un total de 80 signalements par année.
Cette réduction importante des décès peut, selon Santé publique France, s’expliquer pour deux raisons. La première relève d’une baisse réelle du nombre moyen de décès. Cependant, la hausse du nombre de signalements (qui est passé d'un peu plus de 1 000 à environ 2 200 par an), elle-même corrélée à la dématérialisation du dispositif et aux recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) pour lutter contre l’émergence des bactéries hautement résistantes. Globalement, les signalements proviennent des services de réanimation (37% des cas), suivis par ceux de médecine (28%), puis la chirurgie (23%) et la néonatalogie (10%) . En parallèle, les principales infections constatées sont des bactériémies (dans 43% des signalements), suivies par les pneumopathies. Néanmoins, les infections digestives et les infections de site opératoire sont aussi relativement fréquentes. De même, les principaux micro-organismes associés sont le staphylocoque doré (25%), Clostridium Difficile (11%) et Pseudomonas aeruginosa (également 11% des infections avec décès enregistrées).
Source Santé publique France
Pour les infections à S. aureus, les principaux éléments associés sont la présence d’un cathéter (31% des cas), d’une endocardite (8%) ou de valves cardiaques prothétiques (6%)
Staphylocoque doré : prendre garde aux infections à cathéter !
Les cas groupés d’infections nosocomiales correspondent le plus souvent à des cas de grippes chez les personnes âgées puis au staphylocoque doré dans les services de néonatalogie. Point positif : l’occurrence de plusieurs décès pour un même signalement est rare (seulement 7% des infections rapportées). Cependant, lorsque plusieurs décès de patients sont décrits dans un même signalement, c’est en premier lieu le staphylocoque doré qui en est la cause (22% des cas) devant la grippe qui en représente 14% et Clostridium difficile. C’est pourquoi Santé publique France a fait une analyse ciblée sur cette bactérie largement mise en avant
par les chiffres.
Ainsi parmi les 159 signalements associés à ce pathogène, 91% étaient des cas isolés. En revanche, 56% relevaient des colonies résistantes à la méticilline (SARM) . Plus précisément, les services les plus touchés sont d’abord ceux de médecine (39%) avant ceux de réanimation (36%) et de chirurgie (21%).
Fait marquant : c’est en néonatalogie et en pédiatrie que les cas groupés de ces infections à S. aureus sont principalement enregistrés. Ce qui n’est pas si surprenant car la forte transmission de ces infections dans les services de néonatalogie est une réalité déjà décrite dans la littérature. Selon les chiffres, un signalement sur sept de ces bactériémies a lieu en néonatalogie et en réanimation néonatale. Cela s’explique par la fragilité des patients comme à leur exposition à des techniques de réanimation invasives. En effet, si on y regarde de plus près, un peu plus d’un tiers des infections nosocomiales à S. aureus liées à un décès enregistré évoque la présence d’un cathéter. En outre, si l’Agence nationale de santé publique souligne dans son bilan la faible part des cas groupés de décès qui témoigne d’une bonne efficacité des mesures mises en place par les équipes de terrain pour contrôler la diffusion des infections et limiter leur impact
, elle estime que des efforts de prévention doivent être poursuivis en particulier au niveau des infections à cathéter chez les populations fragiles
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Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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