Isolement provoqué par les confinements successifs, violences intrafamiliales, harcèlement scolaire, précarité… « de plus en plus de jeunes connaissent un état dépressif, certains allant jusqu’à attenter à leurs jours. » Dans une résolution portée par Nathalie Delattre (Rassemblement démocratique et social européen, RDSE), le Sénat appelait en mai 2023 à ériger la santé mentale des jeunes comme grande cause nationale. Ce n’est que le 17 janvier dernier que le texte a été soumis au vote, et adopté à l’unanimité (339 voix sur 339 votants) par l’ensemble des partis.
Parce que les jeunes d'aujourd'hui construisent la société de demain, leur vitalité doit être préservée du mieux possible et au commencement des troubles.
Le constat qu’il dresse est en effet inquiétant : selon un rapport du Haut Conseil de la famille publié en mars 2023, de l’enfance et de l’âge, près de 5% des enfants ingèrent des psychotropes, avec des prescriptions d’antipsychotiques et d’hypnotiques et sédatifs qui ont respectivement augmenté de 49% et 155% entre 2014 et 2021. Si les causes du mal-être divergent selon chaque individu, l’ampleur du phénomène « mérite une prise de conscience collective pour une action publique volontaire et ambitieuse », fait valoir la résolution. Car parallèlement, la psychiatrie demeure « le parent pauvre de la médecine », entre manque de moyens et de professionnels. Avec une déshérence particulièrement marquée en pédopsychiatrie : seuls 700 pédopsychiatres exerceraient sur l’ensemble du territoire.
« Parce que les jeunes d'aujourd'hui construisent la société de demain, leur vitalité doit être préservée du mieux possible et au commencement des troubles. Quels que soient leurs parcours de vie, ils doivent disposer des ressources pour pouvoir aborder l'avenir avec sérénité », défend la résolution. En érigeant la santé mentale des jeunes comme cause nationale, le Sénat entend ainsi faire avancer les différentes pistes pour améliorer l’état de la psychiatrie en France : déployer une politique globale ambitieuse d’accompagnement des jeunes, renforcer les effectifs de psychologues et de psychiatres, renforcer les moyens des services de santé scolaire, ou encore développer les campagnes de sensibilisation aux dispositifs de prévention existants et aux offres sanitaires de première ligne. À noter toutefois qu'une résolution, à la différence d'une loi, ne possède pas un caractère contraignant. Elle ne fait qu'exprimer un souhait ou une préoccupation des élus.
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