Le gouvernement s'est engagé à former 20% d'infirmiers supplémentaires entre 2020 et 2023, a-t-il également rappelé, soit 38 000 étudiants qui vont démarrer leur formation cette année. Mais il s'agit surtout de « changer le métier » car les besoins en santé ont changé, et notamment en renforçant la place de la prévention. « Nous avons besoin de modifier les compétences, de modifier l'exercice des infirmiers. » Cette refonte passera notamment par la transformation du décret d'actes en décret de compétences, dont la publication est attendue pour 2024. Et le ministre de réaffirmer sa volonté « d'améliorer les conditions de travail, les conditions de formation, les conditions de carrière » de ces professionnels.
Réactions en demi-teinte
Si cette évolution est soutenue par le président de l'Ordre des infirmiers, Patrick Chamboredon, qui s'est réjoui «de l'annonce de l'ouverture des travaux sur le passage d'un décret d'actes à un décret à missions», rappelant qu'il s'agit là d'une demande de l'Ordre «depuis de nombreuses années», elle suscite la méfiance, voire l'hostilité de plusieurs organisations d'infirmières. Ces dernières craignent un chamboulement de la répartition des rôles entre soignants.
Daniel Guillerm, président de la FNI (fédération nationale des infirmiers, principal syndicats d'infirmiers libéraux) a ainsi mis en garde contre «l'écrasement du décret d'actes», tout en se disant favorable «à l'adosser à des missions» dans certains domaines comme la prévention ou la santé publique. «La pénurie de personnels médicaux et soignants ne pourra être compensée par de nouvelles répartition des tâches et des missions», a taclé de son côté la CGT Santé et Action sociale, qui réclame des augmentations d'effectifs et de rémunérations pour rendre la profession plus attractive.
S'agissant de la formation, le gouvernement veut faire face au paradoxe d'un fort taux d'abandon des élèves infirmiers en première année (10%), alors que cette formation est la plus demandée par les lycéens sur Parcoursup (90 000 demandes l'an dernier, pour 38 000 places en formation aujourd'hui). Les jeunes qui abandonnent probablement «ne trouvent pas la formation à laquelle ils s'attendaient» et constatent «une discordance entre la formation et ce qu'ils voient sur le terrain», a expliqué cette semaine M. Braun sur CNews. «Les contenus de formation nécessitent d'être revus» face à de «nouveaux besoins, en particulier en pédiatrie et santé de l'enfant, ou en santé mentale», a aussi indiqué son cabinet. Au total, «l'idée est qu'en septembre 2024, on ait à la fois transformé le métier et fait évoluer la formation», a-t-on précisé de même source.
La journée internationale des infirmières a également été marquée par une grève des infirmiers anesthésistes (IADE), qui redoutent de voir leur statut à part dans la profession se dissoudre dans les réformes actuelles et futures. Les infirmiers anesthésistes, qui ont fait deux années d'études supplémentaires, jouissent d'une plus grande autonomie dans leur collaboration avec le médecin que les autres spécialités.
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