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La perception du médecin par le malade, un indicateur de l'attitude des patients face à leur traite

Publié le 14/11/2004

Conduite en 2002 dans quatre pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, France), cette enquête a été conduite avec le soutien d'un institut de sondage britannique, qui a participé à l'élaboration des 120 questions auxquels les participants ont dû répondre. Dans chaque pays, ont été interrogés 600 adultes ayant été confrontés à une infection respiratoire bénigne traitée par des antibiotiques dans les deux mois précédant l'enquête, ainsi que 200 personnes responsables d'un enfant âgé de 18 mois à 12 ans ayant connu cette même situation.

L'analyse des réponses au questionnaire (portant sur les caractéristiques socio-démographiques du sujet, l'infection traitée, et la perception de l'attitude de leur médecin) a permis de définir quatre catégories de patients, en fonction de leur attitude vis-à-vis de la relation qu'ils entretiennent avec leur médecin, a expliqué Jean-Claude Pechère.

QUATRE PROFILS-TYPE DE PATIENTS

Première catégorie de patients identifiés grâce à cette étude : les "malades impliqués". Légèrement plus âgés que les autres malades, ils participent activement à leurs propres soins, notamment en ce qui concerne la prise de décisions concernant leur santé. D'après les relevés de l'enquête, 30% des européens interrogés relèveraient de ce schéma, qui serait plus répandu en Allemagne (43% des participants au sondage, contre 31% en France).

Les "malades déférents" considèrent quant à eux leur médecin comme un expert et "respectent ses prescriptions", a poursuivi Jean-Claude Pechère. Un peu plus âgés que la moyenne, ils représentent près du quart des personnes interrogées (23%) et se rencontrent plus fréquemment en France (34%) et en Espagne (32%).

En terme de consommation d'antibiotiques, ces deux premières catégories rassemblent de "bons malades qui n'ont pas de mauvaises habitudes", a relevé Jean-Claude Pechère, alors que les deux suivantes manifestent fréquemment des comportements à risque.

Ainsi, les "malades ignorés", n'ont pas de bons contacts avec leur médecin dont ils supposent qu'il ne les écoute pas ou ne les croit pas (13% en moyenne, 44% en Italie et 12% en France), tandis que les "malades critiques", qui se caractérisent pas un niveau d'éducation supérieur à la moyenne des participants, doutent de ses compétences. Ils sont particulièrement nombreux en France (35%) et en Italie (34%).

L'évaluation du comportement de ces différents types de malade en terme de consommation d'antibiotiques a souligné que sont ces deux dernières catégories qui connaissent le moins bien les règles de bon usage des antibiotiques. En effet, les "ignorés" et les "critiques" se montrent significativement moins susceptibles de bien observer leur traitement.

Or le fait d'arrêter le traitement avant la fin ou de ne pas respecter le nombre de prises quotidiennes -même si les symptômes disparaissent- va fournir aux bactéries des conditions "idéales pour devenir résistantes", a expliqué Didier Pittet, du service de prévention et de contrôle de l'infection des Hôpitaux universitaires de Genève (Suisse). En effet, la diminution de la concentration sanguine d'antibiotiques découlant de cette attitude élimine les bactéries sensibles sans affecter les bactéries résistantes, qui prolifèrent alors librement.

Par ailleurs, 80% des "ignorés" jugent acceptable de garder un antibiotique non utilisé pour un usage ultérieur, attitude décriée par les spécialistes présents. En effet, cette habitude d'autoprescription ultérieure se trouve souvent à l'origine d'une utilisation injustifiée d'antibiotiques (pour un rhume, un mal de gorge, une toux ou une infection virale) qui participe à l'apparition des résistances.

Autre constat inquiétant : quelle que soit la catégorie de malades considérée, près de huit personnes sur dix jugent qu'une grippe (maladie virale) doit être traitée avec des antibiotiques (produits destinés à lutter contre les bactéries).

LES ANTIBIOTIQUES... DE MOINS EN MOINS AUTOMATIQUES

Patrick Choutet, du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bretonneau du CHU de Tours (Indre-et-Loire), a cependant souligné qu'en France, la campagne d'information menée depuis 2002 autour du slogan "les antibiotiques, c'est pas automatique" a permis de rectifier le tir.

En effet, la répétition de cette campagne d'information et de sensibilisation aux risques de la surconsommation d'antibiotiques a permis de diminuer les prescriptions d'antibiotiques de 11,4% au cours de l'hiver 2002-2003 par rapport à l'année précédente, et une nouvelle réduction de 5,4% entre la saison 2002-2003 et la suivante.

Les enquêtes d'opinion ont en outre montré une amélioration de la connaissance du grand public sur les antibiotiques, confirmant l'efficacité de la campagne.

Cependant, pour que cette tendance à la réduction de la consommation des antibiotiques se maintienne, cette campagne "devrait être relayée par les médecins", a expliqué Jean-Claude Pechère. S'appuyant sur les résultats de l'étude européenne dont il a été l'instigateur, il a insisté sur le fait que les médecins, en identifiant les profils de malades, peuvent tenter d'améliorer leur relation en impliquant davantage les patients relevant des catégories à risque de mauvais usage des antibiotiques.

Le praticien "peut faire passer du pire au meilleur en ce qui concerne l'usage des antibiotiques, à savoir de la catégorie des ignorés à celle des impliqués", a-t-il résumé./mr


Source : infirmiers.com