Dans le cadre du Ségur de la Santé
lancé par le gouvernement, la Société Française de Néonatalogie (SFN) vient de publier ses "14 propositions pour améliorer la santé des nouveaux-nés". Les réprésentants des infirmières puéricultrices et infirmiers puériculteurs - l'ANPDE, le CEEPAME et le Conseil National Professionnel des Infirmiers puériculteurs - réagissent en dénonçant d'une seule voix des propositions visant à la création de nouveaux diplômes niant les compétences et l’expertise des puéricultrices
.
14 propositions destinées à améliorer la santé des nouveaux-nés face à la situation jugée dégradée de la mortalité néonatale
par la Société française de Néonatalogie (SFN) qui rappelle ainsi la place de la France en queue de peloton européen en la matière. Les représentants des infirmier(e)s puériculteurs(trices) (IPDE) soulignent que la majorité de ces propositions sont des mesures de bon sens que nous soutenons et qui avaient déjà pu être soumises au Ministère de la Santé durant les travaux de réforme du "décret périnatalité" - travaux en cours avant la crise sanitaire liée à la COVID-19. C’est notamment le cas d’une augmentation des ratios infirmiers dans les services, ou encore la surveillance épidémiologique des données de mortalité néonatale, aujourd’hui très en retard vis-à-vis des standards européens
.
Problème cependant, la Société française de Néonatalogie émet des propositions concernant les professionnels infirmiers, mais sans aucune concertation avec eux
. Elle propose ainsi de créer "un corps de "Nurse practitioner" sur le modèle anglais ou canadien ou tout au moins augmenter le temps de formation des infirmières avant leur prise de fonction dans les réanimationsnéonatales, c’est-à-dire au moins 3 mois de formation et encadrement d’un nouveau professionnel avant son autonomisation" mais aussi la création de poste d’infirmières "développementaliste" de coordination "avec formation reconnue comme en Europe du Nord ou en Belgique".
Le communiqué signé par le représentants des infirmier(e)s puériculteurs(trices) rappelle que les infirmières développementalistes existent déjà en France
, et possèdent une formation reconnue
: il s’agit des infirmières puéricultrices
, bénéficiant d’une spécialisation d’un an, accessible aux infirmiers et sages-femmes sur concours, et sanctionnée par un diplôme d’État.
La connaissance fine du développement de l’enfant constitue le cœur de la formation et de la profession de Puéricultrice. Aussi, la proposition de la SFN ne tient aucunement compte de l’existant, et apparaît comme une négation des compétences acquises par les puéricultrices.
Quant à la proposition par la SFN de créer un corps de "Nurse practitioner" sur le modèle anglais ou "tout au moins 3 mois de formation et encadrement", elle provoque la même crispation chez les IPDE. En effet, comme le rappelle Charles Eury, président de l'ANPDE, nous nous battons depuis 10 ans pour la réingénierie de notre formation, et depuis plusieurs années pour son articulation avec la pratique avancée telle qu’elle existe en France. La possibilité d’une formation proposant un parcours davantage hospitalier, pour renforcer son expertise dans des services comme la néonatalogie, a également été proposée, aussi bien au ministère qu’à la SFN
. Des propositions rappelées lors des travaux de réforme du décret périnatalité. L’ANPDE a proposé, puisque aucune réponse n’est apportée sur le sujet de la réingénierie par le gouvernement, d’imposer un minimum de professionnels spécialisés dans les services de néonatalogie pour y renforcer la qualité et la sécurité des soins,
poursuit Charles Eury. Ainsi, selon lui, la solution proposée par la SFN de 3 mois d’accompagnement à l’arrivée dans le service ne constitue en rien une garantie d’autonomisation et est encore plus éloignée de la volonté d’avoir des professionnels disposant d’une formation diplômante spécifique aux besoins du nouveau-né et de sa famille
.
Les représentants des IPDE demandent donc à la Société française de Néonatalogie de la rejoindre dans la volonté de réingénierie du diplôme pour une formation et une profession rénovée, répondant à l’évolution des besoins sur le terrain
. Ils appellent le gouvernement à enfin entendre les revendications des puéricultrices, et à prendre en considération les plus de 22 895 puéricultrices diplômées en France (Drees, démographie au 1er janvier 2020)
.
La création de nouveaux diplômes niant nos compétences et notre expertise serait intolérable. La mise en œuvre de mesure à minima telle que les "3 mois de formation et encadrement", est une preuve flagrante que la qualité des soins pèse peu face aux exigences de rentabilité et de polyvalence auxquelles sont soumis l’ensemble des infirmiers.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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