Comme beaucoup de ses pairs, Alissia Lohéac, aide-soignante à Montpellier et volontaire Covid à l'hôpital Tenon à Paris, aime son métier, mais épuisée et écoeurée par le traitement qui lui est réservé depuis le début de sa carrière, elle songe aujourd'hui à changer de profession. La jeune femme de 31 ans a confié son désarroi à Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFMTV. Témoignage.
Elle le dit : ce n'est pas pour l'argent qu'elle fait ce métier.
Certes. Mais quand après 11 ans de carrière, on touche 1370 euros net, primes comprises, il y a de quoi être en colère, souligne Jean-Jacques Bourdin, qui recevait dimanche 7 juin Alissia Lohéac, une aide-soignante venue en renfort pendant la pandémie à l'hôpital Tenon à Paris. C'est avec des larmes dans la voix que la jeune femme explique qu'elle ne touchera pas la prime de 1500 euros promise
par le gouvernement aux soignants de première ligne. Mes collègues l'ont touchée en réanimation, sur le salaire du mois de mai. Nous, dès le départ on nous avait dit qu'il y avait plusieurs critères (à remplir), plusieurs petites étoiles, pour pouvoir toucher cette prime. Dès la première petite étoile, on sait qu'on n'est pas dans les critères et qu'on ne l'aura pas
.
En effet, 1500 euros de primes ont été versés dans les 40 départements les plus touchés par la crise selon le décret publié mi-mai (en régions Ile-de-France, Grand-Est, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Corse et Mayotte). 500 euros ont été promis dans les autres départements, une somme qui peut grimper jusqu'à 1500 euros pour certains soignants selon les établissements (pas plus de 40% du personnel n'est concerné). Pour les soignants venus en renfort, comme Alissia Loheac, ils sont éligibles à cette prime mais sous conditions : 1500 euros s'ils étaient présents du 1er mars au 30 avril, la moitié s'ils ont manqué deux semaines et ils n'y ont pas droit s'ils ont manqué un mois ou plus.
"Découragée"
Ma présence a été du 11 avril jusqu'à fin juin. Aujourd'hui oui je suis en colère. Tout simplement parce que je suis venue en renfort. Depuis le déconfinement on est complètement oubliés
, a réagi l'aide-soignante invitée de la matinale de RMC. Je n'ai aucune prise en charge pour mes allers-retours jusqu'à Tenon. Je n'ai aucune prise en charge pour rentrer chez moi à Montpellier - c'est à mes frais. (...) Je ne suis pas la seule dans cette situation. Les patients sont encore en réanimation, je suis encore en contact du Covid, je suis encore considérée comme renfort et on est complètement oubliés par ce gouvernement et par nos directeurs, on n'a aucune aide... Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis fatiguée
.
Alissia a confié avoir fait une demande de rupture conventionnelle auprès de son directeur d'établissement. J'en ai marre. ça fait 11 ans que je fais des manifestations, qu'on essaye d'avoir un minimum de reconnaissance parce qu'on aime notre travail. Ce n'est pas pour le salaire qu'on fait ce métier-là, c'est par amour. Moi j'ai commencé ce travail là j'avais 19 ans, aujourd'hui j'en ai 31, je l'aime toujours autant mais je suis fatiguée
.
Rappelons qu'une grande journée de manifestation aura lieu le 16 juin prochain. Organisations syndicales paramédicales et médicales, Collectifs, Coordination appellent les personnels de santé et les usagers à se mobiliser contre les politiques d’austérité menées par les différents gouvernements successifs avant la crise sanitaire
, des politiques qui ont généré des carences en matière de prise en charge, qui se sont accentuées pendant la pandémie du COVID 19
.
La rédaction Infirmiers.com
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