«Au total ce sont plus de deux milliards qui manquent encore aux hôpitaux publics et qui majorent leurs difficultés quotidiennes de fonctionnement», s'alarme Arnaud Robinet, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) à l'occasion de la conférence de rentrée de l'institution qui s'est tenue lundi 29 janvier. L'occasion pour lui de dérouler points positifs et priorités dans les dossiers brûlants : «enjeux de financement, formation des professionnels, priorités de santé publique... Il faut à présent des actes forts», a-t-il martelé, à l'adresse, notamment, de la nouvelle ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, appelant de ses vœux une loi de programmation de la santé, un «cap clair de réformes et des objectifs communs à tous les acteurs de santé», une vision en matière de financements et de métiers tout aussi vitale pour le grand âge, ainsi qu'une accélération du virage vers la prévention comme «impératif absolu qui doit irriguer toute notre politique publique».
La santé ne peut pas passer au second plan : c’est ce que nous dirons demain à la nouvelle ministre du Travail et de la Santé.
Un déficit de plus 1,2 milliard d'euros en 2023
L'année 2023 est une année de contraste pour les hôpitaux et les structures médico-sociales, a souligné la FHF, avec une reprise de +2% de l’activité dans les hôpitaux et un absentéisme qui a diminué d’un point depuis 2022. Un bilan positif «qui ne doit pas pour autant éclipser les difficultés des soignants» : services d’urgence et d’hospitalisation en grande tension cet hiver, manque de solutions d’aval, tension sur les ressources humaines, prises en charge qui ne relèvent pas des urgences... La liste est longue des défis à relever. «La FHF est toujours en attente d’arbitrages politiques sur la prise en compte de l’inflation», a ainsi rappelé Arnaud Robinet, évoquant une aggravation de l'ordre du milliard voire de deux milliards si des chiffres ne sont pas mis sur la table. 32 centres hospitaliers universitaires (CHU) français ont atteint un déficit cumulé de 1,2 milliard d’euros fin 2023, soit trois fois plus qu’en 2022, ont justement alerté lundi 29 janvier les instances représentatives des directeurs, doyens et médecins, réclamant des « mesures d’urgence ».
Des urgences toujours en grande tension
L'année 2023 a été marquée par une situation difficile aux urgences et dans les services d’hospitalisation, a souligné Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France, avec des infections respiratoires aigues qui ont correspondu à 7% de l’ensemble des hospitalisations, notamment.
Pour réduire la sollicitation des urgences, l'une des priorités, la FHF propose de continuer à agir dans 3 directions :
- Généraliser les Services d'accès aux soins (SAS) «qui couvrent 75% de la population» et qui prouvent leur efficacité «dans l'orientation des patients». Les SAS permettent de réduire de 15 à 20% les passages aux urgences selon la FHF qui milite pour leur généralisation.
- Poursuivre la structuration de l’offre de soin dans les territoires (avec une organisation de la permanence des soins qui soit pensée en amont…)
- Et enfin, prévoir des solutions d’aval aux urgences plus nombreuses et là encore, anticipées.
Les Ehpad publics, quant à eux, ont été marqués par la reprise de l’activité après le Covid, mais les tarifs décrochent par rapport à l’inflation. «Il faut revoir le modèle économique des Ehpad et leur donner les moyens de rétablir leurs comptes», a ainsi relevé de son côté Marc Bourquin, le monsieur Grand Âge de la FHF.
« Bâtir l’avenir de la santé et du service public »
La FHF souhaite ainsi contribuer à projeter le système de santé «dans l'avenir» en formulant plusieurs propositions : elle a ainsi exposé 5 thèmes de réflexion auxquels contribuent actuellement des groupes de travail (avec des soignants, des usagers, des élus,…), qui donneront lieu à la présentation d'un livre blanc lors de SantExpo 2024.
Les groupes de travail ont ainsi pris à bras le corps ces 5 pistes de réflexion :
Le thème 1 est consacré au service public de demain.
Thème 2 : Quels objectifs à 5 ans pour notre système de santé ? A savoir, quelles sont les priorités en termes de politiques de santé et comment les atteindre ?
Thème 3 : L’assurance maladie va rester déficitaire jusqu’en 2027 à hauteur de 9 milliards d’euros par an. Quelles sont donc les pistes d’économie ? Comment le système peut-il mieux s’organiser ?
Thème 4 : L'évolution des métiers et des compétences : beaucoup de choses ont bougé ces derniers temps : est-ce qu’on est allés assez loin ?
Thème 5 : La réaffirmation du rôle central des innovations et de la recherche.
Pas d'affaiblissement ni de dévoiement pour l'AME
La conférence de la FHF de ce début d'année 2024 a aussi été l'occasion de réaffirmer la position ferme de l'institution sur cette question : «La suppression de l’AME serait une faute sanitaire, éthique et budgétaire lourde de conséquences. Le premier ministre a confirmé qu’une réforme de l’AME serait engagée. Notre vigilance sera complète à ce que l'AME ne subisse aucun affaiblissement, aucun dévoiement», a assuré Arnaud Robinet, se faisant ainsi l'écho de nombreux soignants, très remontés contre les opposants à l'AME, un dispositif qui permet l'accès aux soins des personnes en situation irrégulière, sous conditions de résidence et de ressources.
📸 Révélation ce matin de la fresque dessinée par @plantu pour célébrer le centenaire de la FHF, fondée il y a exactement 100 ans, le 2⃣9⃣ janvier 1924 🤝
— FHF (@laFHF) January 29, 2024
Merci à @plantu pour son engagement envers l'#hôpitalpublic 🙏
Un joyeux centenaire à tous les hospitaliers ❤️ pic.twitter.com/S30VZeoGNU
Un livre blanc et un film en 3D immersif pour les 100 ans de la FHF
Pour marquer ses 100 ans, la Fédération Hospitalière de France a inauguré une fresque signée Plantu, l'ancien dessinateur du Monde, sur la façade extérieure de son siège parisien. Au programme des festivités également : elle prévoit une exposition immersive baptisée Au cœur de la santé à la Cité des Sciences et de l'Industrie. Les visiteurs pourront assister à un film en 3D de sept minutes sous forme de connexion sensorielle, visuelle et narrative. Cette histoire du service public de santé sera projetée sur les murs intérieurs d'un dôme accueillant le public autour d'un cœur humain géant et stylisé. L'inauguration est prévue courant avril avant un passage par SantExpo.
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