Dans une interview fleuve publiée dans Le Parisien lundi 24 avril, Emmanuel Macron a répondu aux questions de 11 lecteurs du journal. Entre réforme des retraites, inflation et cote de popularité en chute libre, le chef de l’État a également consacré quelques mots à son engagement de « désengorger les urgences » d’ici fin 2024, pris lors de son allocution télévisée du 17 avril dernier. Il n’avait alors pas donné plus de précision.
Une délégation de tâches freinée par les "corporatismes"
Il ne s’est guère montré plus disert dans le journal mais a toutefois reconnu que « l’engorgement des urgences, les déserts médicaux » relevaient du « même problème : on n’a plus assez de soignants dans le pays. » La réponse à cette problématique est « multifactorielle », assure-t-il. Il mise notamment sur la formation de plus de médecins, pharmaciens, kinés et infirmiers. Il juge également nécessaire « d’accélérer la délégation d’actes ». Et de pointer du doigt sur ce sujet « les corporatismes » de certaines professions, qui bloquent cette dynamique. Enfin, il insiste sur la nécessité « d’investir sur l’hôpital » et de « le réorganiser », reprenant ici les arguments déjà avancés lors de ses vœux aux soignants, prononcés début janvier, mais aussi de « sanctionner un peu » les patients qui n’honorent pas leur rendez-vous.
Une meilleure mobilisation des compétences infirmières indispensable
Une position et « une lucidité » que salue la Fédération nationale des infirmiers (FNI). « La situation est tellement dégradée qu’il est devenu urgent d’agir… et d’agir concrètement », martèle-t-elle dans un communiqué. Dans un contexte où les déserts médicaux se multiplient, les corporatismes, et notamment la résistance des médecins, représentent des obstacles supplémentaires à l’accès aux soins, fait-elle entendre. « Seule une part des compétences infirmières libérales est mobilisée, si bien qu’elles sont sous-utilisées. »
De même, elle déplore une loi Rist, qui s’est « heurtée au mur des corporatismes » et s’est retrouvée vidée de son contenu. « L'accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA) a été circonscrit aux seules maisons de santé pluridisciplinaire (MSP) mode d’exercice très minoritaire, qui rend symbolique la portée de cette disposition pour les patients », déplore-t-elle en effet. Or améliorer l’accès aux soins implique « une mobilisation plus intense de l’ensemble des compétences infirmières et des délégations d’actes », qui ne remet néanmoins pas en cause le « rôle et l’expertise des médecins ». Enfin, si elle souscrit à la volonté du chef de l’Etat d’augmenter le nombre d’infirmiers, elle émet toutefois une condition : que le niveau et la qualité de la formation ne soient pas « bradés ».
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