Aux Laboratoires d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), lieu d'expérimentation et de création qui accueille le public pour la projection du documentaire «Elle danse», mardi 30 janvier en fin de journée, les résidents de l'Ehpad public Constance Mazier d'Aubervilliers, héros du film de Waël Sghaier, descendent péniblement des véhicules pour rejoindre la salle de cinéma, les uns en fauteuils, d'autres en déambulateurs, aidés par ceux qui les accompagnent. Ils vont pouvoir se voir sur grand écran, puisque c'est dans leur Ehpad que le réalisateur a posé sa caméra pendant un mois et demi. Là qu'il a recueilli des instants de leur vie quotidienne. Là qu'il les a côtoyés pendant son tournage et qu'il leur a donné la parole, qu'il les a observés danser, souvent pour certains (il a même choisi d'en faire le titre de son film, en hommage à l’une de ses héroïnes)
Une vie dans l'instant
Waël Sghaier s'est fait connaître par ses pérégrinations à travers le 93, dans un film «Mon incroyable 93», où il montrait une autre facette de son département, gaie et quasi-champêtre, loin des clichés. C'est la même démarche qui l'a animé ici. On est loin des idées reçues sur les Ehpad, lieux tristes et mornes, dont l'image s'est vue encore un peu plus assombrie par le scandale qui a suivi la parution du livre Les Fossoyeurs. «Ce que j'ai compris en les rencontrant, c'est que les gens qui vivent dans les Ehpad sont surtout dans l'instant présent. Un peu dans leur passé bien sûr, qui revient par bribes, mais l'avenir est assez flou. On ne sait pas trop ce qui va se passer demain, dans trois jours, et encore moins dans deux semaines, donc ce qui compte, c'est l'ici et maintenant». C'est cette fraîcheur qu'il a impulsée à son film et qui transparaît, celle de l'instant, suspendu, celle de la fragilité d'une vie, de ce qu'elle a de sacré, même dans le trivial. Ses personnages - il a finalement choisi de se concentrer sur trois d'entre eux- nous parlent de leur ennui, de leur vie d'avant, de leur quotidien, de leurs amitiés amoureuses, sans fard, à coup de phrases directes qui font parfois partir le public d'un grand éclat de rire.
On retrouve dans ce film de 18 minutes la touche du réalisateur : des interactions simples et sans tabou avec ses protagonistes. Il les questionne, les bouscule, les aide aussi (à faire le code de l'ascenseur pour monter dans les étages). Le documentaire laisse une large place à la musique, composée pour l'occasion. Peu habituelle pour ce genre de sujet, parce que résolument joyeuse et rythmée, la bande originale participe fortement, par le décalage qu'elle dessine avec les lieux, du résultat : un film délicat, touchant et plein d'humour.
ELLE DANSE, signé Waël Sghaier, Nouvelle Toile Productions.
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