«Bonjour Madame, c'est la caisse primaire d'assurance maladie de Dordogne», récite une des douze conseillers du plateau d'appels de Périgueux. Elle explique ensuite à l'assuré le protocole de dépistage et lui propose, avec son accord, de prendre rendez-vous chez le radiologue ou de commander un kit de dépistage du cancer colorectal en pharmacie. «En amont, nous demandons aux caisses départementales de faire un travail avec les effecteurs de soins, notamment les cabinets de radiologie, pour réserver des rendez-vous dans des délais assez courts», explique la directrice de la CPAM de Dordogne Delphine Camblanne.
Depuis janvier, six autres plateaux d'appels, sur lesquels sont répartis 112 conseillers, discutent ainsi chaque jour avec des assurés pour les inciter à se faire dépister.
Cancers du col de l'utérus, du sein et du côlon… Le nouveau dispositif national se concentre sur les trois maladies qui font l'objet de dépistages organisés. La France peine en effet à atteindre les objectifs fixés en Europe. En 2021-2022, la CNAM a ainsi enregistré 47,7% de taux de participation pour le cancer du sein, bien en dessous de la cible européenne (70%).
Plus d'un million d'appels
Du 1er janvier au 10 mai, «plus d'un million d'appels ont été émis au niveau national», assure la CNAM. Parmi eux, 235 086 assurés ont pu être accompagnés, avec à la clé un rendez-vous pour un peu moins de la moitié d'entre eux. Le dispositif répond «au besoin d'aller chercher des populations éloignées du système de soins», selon le Dr Catherine Grenier, directrice des assurés de la CNAM. Dans la tranche d'âge privilégiée pour ces dépistages, les assurés contactés répondent à l'un de ces critères : ne pas avoir eu de soin remboursé dans les 24 derniers mois, ne pas avoir de médecin généraliste et/ou bénéficier de la complémentaire santé solidaire. Pour les convaincre, les conseillers ont suivi une formation menée par la CPAM de Dordogne, choisie par la CNAM pour coordonner ces plateaux d'appels en raison de son expérience acquise depuis 2008.
«La Dordogne mettait déjà à disposition sa plateforme pour l'ensemble des caisses au niveau national afin de mener des campagnes d'accès aux droits et aux soins», indique le Dr Grenier. «La nouveauté est que l'on touche maintenant à des sujets de prévention, alors qu'auparavant les actions portaient davantage sur des campagnes d'information sur les droits des assurés», ajoute-t-elle.
Peur des résultats
Pour remplir cette nouvelle mission, la CPAM de Dordogne a emprunté «des techniques d'entretien motivationnel» à celle du Tarn, responsable du dispositif Sofia de suivi des maladies chroniques comme le diabète et l'asthme, explique Delphine Camblanne. Munis de scripts «validés par le monde médical», précise Valérie Valignat, manager de la Maitrise d'ouvrage (MOAD) des plateaux «aller-vers prévention», les conseillers sont parés d'arguments pour répondre au refus d'un assuré. «On pose des questions ouvertes pour susciter un échange», explique Ingrid, conseillère. «On traite chaque assuré dans son individualité en l'écoutant et en essayant de le rassurer un maximum», ajoute-t-elle, précisant que la «peur des résultats» constitue le principal frein au dépistage.
Les informations collectées par les conseillers serviront à évaluer plus largement les obstacles pour mieux orienter les campagnes de communication. Délais de rendez-vous et contraintes de mobilité compliquent aussi l'accès aux dépistages. Il est donc encore trop tôt pour savoir si les assurés sont effectivement allés faire le dépistage en comptabilisant «le nombre d'actes remboursés», précise Mme Camblanne.
Dans un communiqué publié mi-mai, la CPAM de Dordogne assurait néanmoins que parmi les répondants, «la moitié adhère à la démarche» pour le dépistage du cancer colorectal, et «un quart» pour celui du cancer du sein en prenant rendez-vous chez le radiologue.
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