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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

"Infirmier dans l'urgence" : un livre intime sur un métier de passion

Publié le 15/09/2021
Livre : Infirmier dans l

Livre : Infirmier dans l

Le co-fondateur d'Infirmiers.com, qui a eu plusieurs vies professionnelles, raconte son parcours dans un livre autobiographique : de ses débuts comme infirmier de réanimation à son ascension comme cadre dirigeant dans le domaine de la santé jusqu'à son retour (temporaire) à l'hôpital, en mars 2020, au moment de la première vague du Covid-19. Son témoignage, particulièrement immersif, nous plonge au coeur de l'hôpital, là où les hommes luttent chaque jour contre la mort. Une manière pour l'auteur de soutenir et de rendre hommage aux soignants en ces temps de crise. 

Service de réanimation de l'hôpital Saint-Joseph à Paris, au plus fort de la première vague épidémique de Covid-19

Antoine Huron le dit à plusieurs reprises dans son livre, Infirmier dans l'urgence, à paraître le 16 septembre aux éditions Mareuil : il aime l'adrénaline et l'action. A 16 ans, ce futur infirmier devenu chef d'entreprise rêve "de rejoindre les sapeurs-pompiers". Alors qu'il est tout jeune étudiant en soins infirmiers à l'Institut de formation de Versailles, c'est auprès du Smur de Chartres qu'il postule pour effectuer une journée d'observation. Il est alors jeté dans le grand bain (du nom de l'un de ses sous-chapitres) et précipité sur le terrain d'un gigantesque AVP (accident de la voie publique) : passage incontournable pour être adoubé au Smur... 

Lorsqu'il devient, plus tard, infirmier, c'est donc tout naturellement dans un service de réanimation qu'Antoine Huron prendra ses fonctions. Il y restera plusieurs années, avant de poursuivre sa carrière au Smur où il va éprouver son endurance physique", explique-t-il, "avec les gardes de vingt-quatre heures, les nuits sans sommeil, ou interrompues par le bip quelques secondes seulement après [s]'être endormi, les interventions de jour comme de nuit, parfois en extérieur, qu'il vente, pleuve ou neige. Nous pouvons ainsi nous retrouver à 3h du matin au fond d'un fossé en plein hiver à "techniquer " un incarcéré deux heures durant sous les flocons". Au fil des pages, Antoine Huron raconte son "quotidien extraordinaire", entre interventions pour des accidents de la route, parfois au milieu des flammes, ou encore auprès de blessés par armes à feu, pour des arrêts cardiaques ou des accouchements en urgence... "Quand on prend sa garde, tout peut arriver. Vraiment tout : la chute d'une toiture, le suicidaire qui s'est jeté sous un train, l'agriculteur dont la jambe a été broyée dans la vis sans fin de son silo à grains, le blessé par arme blanche, la chute de cheval mortelle, le noyé dans la piscine municipale, l'insuffisant respiratoire ou le diabétique qui décompense". 

La réanimation est un service où l'on sauve des vies, mais également un lieu où la mort est omniprésente. Nous sommes confrontés très régulièrement au décès des patients et à la détresse des familles. 

Redevenu infirmier au plus fort du Covid 

A l'heure de la première vague, Antoine Huron, devenu chef d'entreprise (il consacre un chapitre à cette seconde vie professionnelle qui l'aura au passage conduit à créer avec un autre infirmier, Grégoire Coutant, le site Infirmiers.com) décide d'aller prêter main-forte aux équipes soignantes au plus près de la pandémie. Après 12 ans sans exercer le métier d'infirmier, il réintègre son ancien service de réanimation parisien à l'hôpital Saint-Joseph comme infirmier volontaire. Dans un chapitre intitulé "Retour en première ligne", il relate alors le stress extrême devant l'inconnu, la fatigue des gardes sans fin, le travail en équipe - si précieux dans ce contexte. Comme il a le sentiment de "vivre quelque chose de spécial", il prend rapidement des notes sur son expérience. Son récit s'en ressent, rédigé à la première personne et surtout, au plus près du vécu. A sa suite, on pénètre donc dans un service de réanimation Covid. Avec lui on "vit" le protocole d'entrée dans une chambre ; avec lui, on retient notre souffle quand il lui faut réagir au plus vite parce qu'un patient, brutalement, se dégrade. Plusieurs fois l'auteur explique la nécessité de se concentrer sur ses gestes. Il craint l'erreur et se livre :  il évoque par exemple, dans un moment de crise, le "cauchemar" de ne pas parvenir à faire fonctionner le respirateur (à cause du stress conjugué à l'évolution du matériel, en 12 ans) alors que son patient désature. Malgré tout, grâce à son expérience et à l'appui de ses collègues de travail, il se sort de tous les mauvais pas. "Aussi étonnant que ça puisse paraître, même après 12 ans sans exercer, et même si on se dit qu'on ne sera certainement pas capable, les gestes reviennent très vite" assure-t-il à l'intention de ceux qui, comme lui, ont exercé il y a longtemps et qui hésiteraient à renfiler la blouse en cas de nécessité. ("Cela dit, j'espère que l'occasion ne se représentera pas !" précise-t-il). Au terme d'un mois, Antoine Huron est finalement obligé d'interrompre sa mission de renfort : il a contracté le virus et a souffert de ce qu'on a appelé le Covid-long, avec des symptômes déroutants pendant plusieurs mois...

Je suis focalisé sur tout ce que je fais, chaque tâche me prend un temps énorme. Dès que je le peux, j'aide également mes collègues. Aucun relâchement n'est permis. 

Un hommage aux soignants

Si, au départ, son intention n'était pas de publier "Infirmier dans l'urgence" ( "Je l'ai d'abord écrit pour moi, pour ma famille, je voulais laisser une trace à mes enfants"), chemin faisant, ce qui était à l'origine un projet personnel s'est imposé comme un témoignage éloquent sur le métier d'infirmier en pleine pandémie. "C'était pour moi une manière de montrer combien ce métier est important mais aussi difficile. J'ai donc décidé de reprendre mes notes pour en faire un livre, afin de soutenir les soignants* et de leur rendre hommage". C'est chose faite. Son ouvrage nous permet d'approcher le coeur du travail d'infirmier - y compris dans la tempête.   

*Antoine Huron a souhaité reverser ses droits d'auteur à la Fondation Hôpital Saint-Joseph.  


Source : infirmiers.com