Avec plus de 200 000 nouveaux cas dépistés chaque année, « la lèpre existe toujours et continue de déchirer des vies », rappelle la Fondation Raoul Follereau, en lutte depuis plus de 70 ans contre cette infection invalidante qui touche encore les populations les plus fragiles et les plus défavorisées de la planète. En amont de la « Journée mondiale des malades de la lèpre », la fondation a décerné, ce 26 janvier, son prix dédié à Geeske Zipj, une figure engagée dans ce combat.
Mettre la lumière sur cette maladie oubliée et négligée, qui place quotidiennement des millions de personnes en situation de handicap grave
Cette infirmière d'origine néerlandaise a ainsi vu récompensée son action au Tchad depuis 1992 auprès des malades de la lèpre. « C’est une belle reconnaissance pour tout le travail accompli depuis 30 ans sur le terrain au Tchad, a remercié avec émotion la lauréate. Mais c’est surtout l'opportunité de mettre la lumière sur cette maladie oubliée et négligée, qui place quotidiennement des millions de personnes en situation de handicap grave. »
L’appel de l’humanitaire
Née en 1961 aux Pays-Bas, Geeske Zipj est sage-femme et infirmière spécialisée en maladies tropicales. Dès le début de sa carrière, répondant à l’appel de l’engagement humanitaire, elle part en mission dans des camps de réfugiés en Thaïlande, au Soudan puis en Irak s’ouvrant au passage à différentes cultures et multipliant les rencontres, apprenant plusieurs langues dont le français et l’arabe.
En 1992, elle s’installe au Tchad comme superviseur Lèpre pour la MECL (Mission Évangélique Contre la Lèpre). Avec plus de 40% de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté, ce pays d’Afrique Centrale de 16 millions d’habitants, classé parmi les plus pauvres du monde, est durement touché par la maladie. En cause : un territoire immense, souvent confronté aux conflits armés, un accès très limité au système de santé et un manque de formation sur la lèpre du personnel de santé. A noter également, le recours aux tradipraticiens avant d’aller à l’hôpital qui retarde la prise en charge.
Soigner et lutter contre les discriminations
Geeske Zipj focalise d’abord son action à Mongo dans la région du Guéra. Avec son équipe, elle accompagne les malades de la lèpre en veillant à ce qu'ils reçoivent des soins médicaux. Elle s’implique également auprès des enfants et adultes handicapés par la maladie, rejetés par leur communauté et victimes de discriminations, en agissant pour la défense de leurs droits et leur insertion socio-économique. Elle travaille pour cela en étroite collaboration avec le Docteur Bertrand Cauchoix, conseiller médical de la Fondation Raoul Follereau. Depuis 2021, l’infirmière humanitaire a étendu sa mission à la région du Salamat et à celle du Ouadaî, en assistance au Programme National de Lutte contre la Lèpre. Ces trois régions regroupent près de 50% des cas du pays.
Tous les deux ans depuis 1955, le Prix Raoul Follereau est décerné par l’Académie française afin de récompenser un médecin, missionnaire ou membre du personnel soignant, sans distinction de sexe, de religion ou de nationalité, qui, par ses travaux ou par son exemple, aura pris une part efficace dans la lutte contre la lèpre. Ce 26 janvier 2023, Geeske Zipj a reçu cette distinction dans le cadre d’une cérémonie à l’Académie française, des mains d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l'institution. Une dotation d’un montant de 9 500 euros lui est en outre accordée afin de soutenir ses actions sur le terrain.
En janvier 1954, l'écrivain et journaliste Raoul Follereau lançait la première édition d'une journée mondiale créée dans un double objectif : obtenir que toutes les personnes atteintes de la lèpre soient considérées et soignées comme n'importe quels autres malades et lutter contre les discriminations et la peur parfois criminelle que cette maladie entretient dans l'inconscient collectif.
70 ans plus tard, l'appel humaniste de Raoul Follereau, concrétisé depuis 1968 au travers de la Fondation, a contribué à guérir 16 millions de malades. Partout en France, ses milliers de bénévoles se mobilisent pour collecter des fonds afin de soutenir la recherche et les actions conduites dans les 15 pays en matière de dépistage, traitement, prévention et réadaptation physique et sociale des personnes handicapées par la maladie.
L’édition 2023 de la Journée mondiale des malades de la lèpre s’est ainsi tenue les 27, 28 et 29 janvier.
Pour en savoir plus :https://www.raoul-follereau.org/
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