Le portrait de l’héroïne romantique que nous donne de Florence Nightingale l’imagerie populaire, ne nous dit rien de ses contributions à l’éducation. Sa légende, Nightingale y a laissé cependant son empreinte, puisqu’en popularisant la formation des infirmières, elle a ouvert une nouvelle profession aux femmes. Cette légende, qui continue d’occuper une place importante dans la communauté infirmière mondiale, n’a pas concouru, au contraire, à nous faire mieux connaître Florence Nightingale.
C’est en soignant les malades et les blessés pendant la guerre de Crimée (1854-1856) qu’elle est devenue célèbre. Elle aurait pu exercer ensuite des fonctions importantes — surveillante générale et responsable de la formation dans un hôpital par exemple. Au lieu de cela, elle s’est retirée de la vie publique pour exploiter sa notoriété afin de faire campagne en vue de l’adoption et du développement de programmes d’enseignement. Si son influence a été si grande, c’est sans doute parce qu’elle a préféré influencer les orientations plutôt qu’exercer le pouvoir. Après la guerre de Crimée, elle a rédigé plus de 200 livres, rapports et opuscules, qui ont eu un effet profond sur la situation sanitaire dans l’armée, les conditions de vie en Inde, les hôpitaux civils, les statistiques médicales et les soins infirmiers. Ses principales contributions au développement de l’enseignement ont été la création de nouveaux établissements pour la formation de médecins militaires et d’infirmières d’hôpitaux mais certaines de ses réalisations moins connues en matière d’éducation sont remarquables.
Des études ont été faites sur Florence Nightingale en tant que réformatrice, statisticienne, administratrice et chercheuse, mais la question de son influence sur l’éducation n’a guère été approfondie. L’histoire officielle de son action pour la formation des infirmières (Baly, 1986) passe sous silence ses idées générales en matière d’éducation pour retenir surtout les tracas administratifs qui ponctuent la chronique mouvementée de sa première école d’infirmières.
Il existe tout naturellement de nombreux fils conducteurs qui relient les différents aspects de l’éducation dont elle s’est occupée. Elle-même n’a trouvé un débouché à son éducation et à sa formation qu’à l’âge de 31 ans. Poussée par le désir d’exploiter concrètement ce qu’elle avait appris, elle ne cesse, dans ses lettres, ses notes et ses opuscules des débuts, de rappeler les finalités de l’éducation et de critiquer l’enseignement alors offert aux femmes. En tenant compte de ces premiers écrits et de ce qu’elle a fait ensuite pour promouvoir des plans de formation, on peut affirmer que Florence Nightingale a été une grande éducatrice, demeurée pourtant méconnue.
Notes sur l'auteur : Alex Attewell (Royaume-Uni)
Après avoir occupé le poste de conservateur adjoint du musée d’un hôpital dans l’ouest de l’Angleterre, il est entré au musée Florence Nightingale de Londres en 1989. Membre associé de la Museums Association en 1993, il est nommé conservateur du musée Florence Nightingale en 1994. Il est souvent appelé à donner des conférences, à participer à des émissions de radio et de télévision et à organiser des expositions temporaires sur le thème qui lui est familier.
Ce texte est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXVIII, n° 1, mars 1998, p. 173-189. ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000
Alex ATTEWELL
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