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Hépatite B : le jury de l'audition publique maintient les recommandations actuelles sur la vaccinat

Publié le 26/11/2004

L'audition publique, boycottée par REVAHB et certains médecins proches de cette association de personnes s'estimant victimes du vaccin anti-VHB, a été organisée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) et l'Inserm.

Dans un rapport d'une dizaine de pages disponible sur les sites Internet des trois instances pré-citées, le jury "confirme les recommandations de la réunion de consensus de septembre 2003 (...)", arguant que "les données présentées au cours de l'audition ne sont pas de nature à remettre en cause le rapport positif entre le bénéfice et le risque de la vaccination contre le VHB chez les nourrissons, les enfants et les pré-adolescents".

"Chez les adultes appartenant à un groupe à risque, le bénéfice de la vaccination paraît rester supérieur au risque, même en considérant un risque supérieur à 3 tel que mesuré dans l'étude d'Hernan", ajoute-t-il.

Le jury considère en revanche qu'il n'y a "pas de bénéfices suffisants pour justifier la promotion de la vaccination chez les adultes qui ne font pas partie d'un des groupes à risque".

"L'ensemble des données mondiales épidémiologiques, physiopathologiques et immunologiques n'exclut pas la possibilité d'un risque chez l'adulte, mais les éléments de preuve disponibles à ce jour sont insuffisants pour démontrer un lien de causalité entre la vaccination contre le VHB et les affections démyélinisantes centrales", précise-t-il en ajoutant que les adolescents doivent être rapprochés des adultes en l'absence de données épidémiologiques spécifiques pour ce groupe d'âge.

Pour parvenir à ces conclusions, le jury a évidemment apporté une attention particulière à l'étude Hernan qui portait sur les adultes. Il estime qu'"au plan de la plausibilité biologique, les données immunopathologiques présentées lors de l'audition n'ont pas apporté d'éléments nouveaux, ni sur les mécanismes envisageables, ni sur le délai d'apparition d'une sclérose en plaques après un événement causal", ajoute-t-il.

UNE ÉVALUATION BÉNÉFICE/RISQUE FAVORABLE POUR LES ADULTES À RISQUE

Lors de l'audition publique, Daniel Lévy-Bruhl, de l'Institut de veille sanitaire (InVS), avait présenté une évaluation du bénéfice/risque du vaccin anti-VHB chez l'adulte et chez l'adulte à risque à partir du facteur de risque égal à 3 de l'étude Hernan, tout en rappelant en préalable que cette nouvelle étude ne doit pas être isolée des autres études et qu'elle est ni meilleure ni moins bonne que les autres d'un point de vue méthodologique.

Dans cette hypothèse la plus défavorable au vaccin anti-VHB, le risque d'atteinte aiguë démyélinisante attribuable au vaccin est au maximum de 2 pour 10.000 vaccinés, contre une incidence de base estimée à 2,7 pour 100.000.

Ces chiffres sont à rapprocher pour les adultes à risque d'un taux de portage de l'antigène HBs compris entre 4 et 7% et d'une fréquence des antécédents d'infection par le VHB compris entre 20% et 60%, données disponibles en France chez les patients VIH+ ou atteints de maladies sexuellement transmissibles (MST) pour les années 1990-96.

Le jury de l'audition publique souligne l'intérêt de disposer de données permettant d'évaluer le bénéfice de la vaccination anti-VHB dans ces différents groupes et situations à risque.

Les niveaux de risque sont en effet différents entre les professionnels de santé, les usagers de drogues par voie parentérale (usage intraveineux ou per-nasal), les personnes adeptes du tatouage ou du piercing, les personnes en contact avec un sujet porteur de l'AgHBs au sein d'une famille ou d'une collectivité de proximité, les personnes infectées par le VIH ou le VHC, les hémodialysés et les transfusés chroniques, les patients et personnels de structures accueillant des handicapés mentaux, les personnes ayant des partenaires sexuels multiples et/ou une MST récente, les voyageurs en pays de forte endémie, les détenus et les candidats à une greffe.

Concernant la cohorte française Kidmus sur les enfants de moins de 16 ans, "des analyses préliminaires non encore publiées [mais présentées lors de l'audition publique">, ne montreraient pas de lien entre la vaccination contre le VHB chez le nourrisson, l'enfant ou le pré-adolescent et la survenue ultérieure d'un premier épisode d'atteinte démyélinisante aiguë centrale", note le jury.

Celui-ci souligne enfin que la promotion d'une politique de vaccination "relève d'une responsabilité de l'Etat" et "regrette que les recommandations faites en 2003 par le jury de la réunion de consensus n'aient pas encore été mises en oeuvre un an après qu'elles ont été émises".

Il souligne également "la nécessité de développer les systèmes de recueil et de suivi des données pour évaluer et si besoin adapter la politique vaccinale" et d'avoir des données supplémentaires pour réévaluer régulièrement la balance bénéfice/risque de la vaccination contre le VHB./vdb

* Afssaps ( www.afssaps.sante.fr ), Anaes ( www.anaes.fr ), Inserm ( www.inserm.fr ).


Source : infirmiers.com