Faciliter l’accès aux soins est l’une des ambitions portées par la FHF dans le cadre des élections présidentielles. Pour cela, elle préconise notamment une approche territoriale renforcée et plaide pour une meilleure prise en charge des personnes en situation de handicap et un renforcement de l’offre en santé mentale.
Avec sa campagne «Ambition Santé 2022 », lancée en novembre 2021, la Fédération Hospitalière de France (FHF) entend communiquer ses propositions pour améliorer le système de santé et l’offre publique de soins à l’attention des candidats à la présidentielle. Mercredi 12 janvier, elle a ainsi présenté au cours d’une conférence de presse un certain nombre d’entre elles en lien avec la recherche et l’innovation, et l’accès aux soins. Avec, pour ce dernier, une attention particulière portée au renforcement de l’approche territoriale, garante d’une prise en charge plus adaptée aux problématiques de santé, et notamment à celles qui touchent à la santé mentale et à la prise en charge des personnes en situation de handicap.
Une approche territoriale sur trois niveaux
L’un des enseignements majeurs que nous avons tirés de la crise, c’est que nous sommes face à des enjeux de proximité et de fédération des professionnels, quel que soit leur exercice, et au besoin de simplifier le système de santé
, indique Zaynab Riet, la déléguée générale de la FHF en introduction. C’est donc là l’une des ambitions portées par la fédération : faciliter l’accès aux soins en harmonisant leur organisation sur les territoires et en fluidifiant les modes de gouvernance. Avec une condition, que l’ensemble des acteurs (professionnels de santé, usagers, acteurs des secteurs social et médico-social, élus…) puissent s’accorder sur les priorités en matière de santé sur un territoire donné
et les réponses à y apporter. Il s’agirait de définir trois niveaux de territoire. Le territoire d’action
se définirait à l’échelle des communes et des bassins de vie, tandis que le territoire des projets
épouserait une échelle départementale, coïncidant avec les filières hospitalières existantes pour définir des projets de soins adaptés aux besoins identifiés. Enfin, le territoire de recours
, au niveau régional, s’emparerait des réflexions et des planifications stratégiques. Nous devons partir des territoires pour bâtir les stratégies
de soin, insiste Zaynab Riet.
Se joue également un enjeu de structuration de la gradation des soins de proximité. Deux outils ont été identifiés pour développer et soutenir la territorialisation des soins. Le premier est le label «Hôpital de proximité», que les établissements obtiennent lorsqu’ils s’appuient sur des conventions de travail signées avec les acteurs locaux ciblant des besoins de santé territoriaux. En découle des hôpitaux plus ancrés dans leur territoire et, surtout, plus proches des préoccupations de leurs usagers. La FHF propose ainsi un nouveau modèle de financement. Il impliquerait une contractualisation entre établissements et institutions (ARS, Assurance maladie), et reposerait sur des critères de santé publique de responsabilité populationnelle*
, précise Marc Bourquin, conseiller stratégie de la FHF. Avec un autre avantage : celui de mettre fin à la césure entre ville et système hospitalier. Les groupements hospitaliers de territoire (GHT), qui rassemblent l’ensemble de l’offre publique hospitalière, constituent le second outil à mobiliser. Il s’agirait d’en simplifier le fonctionnement, notamment en leur conférant le statut de personnalité morale pour faciliter le portage en commun des autorisations, par exemple. L’objectif : mieux structurer le sujet de la prévention et détecter les problématiques de perte de chances ou encore réduire les hospitalisations en mettant en place des actions coordonnées.
Les enjeux de santé sont de plus en plus partagés par les communautés locales.
Focus sur le handicap
D’améliorer l’accès aux soins en lien avec les territoires, il en est également question pour deux secteurs de la santé en difficulté : la prise en charge des personnes atteintes de handicap
, et la santé mentale. Les personnes souffrant de handicap sont plus malades que la moyenne
, rappelle Sandrine Courtois, co-responsable du pôle autonomie de la FHF. Or, du fait de leur situation, elles sont aussi éloignées du soin. La fédération a donc défini 3 grandes priorités pour y remédier : renforcer la formation continue et initiale des professionnels de santé pour qu’ils accompagnent au mieux ces patients, adapter la tarification des actes et des actions de prévention en appliquant certaines majorations pour améliorer les réponses aux besoins, et consolider la présence des référents handicap au sein des établissements, aussi bien auprès des professionnels que des usagers. Il s’agit également de garantir à ces personnes l’accès aux soins au plus proche de chez elles, en développant un dispositif de consultation dédié aux soins somatiques pour chaque département d’ici 2023.
Le cœur de la prise en charge des personnes atteintes de handicap reposant sur une approche holistique intégrant l’ensemble de leurs besoins, la FHF propose également de capitaliser sur les expériences patients afin que chaque usager devienne acteur de sa santé
Soutenir la santé mentale
Sur le champ de la santé mentale, les Assises de la psychiatrie
, en septembre dernier, ont permis d’identifier les problématiques majeures du secteur, auxquelles il faut désormais répondre. Et l’amélioration de l’accès aux soins passe en premier lieu par une déstigmatisation des troubles psychiques (par le biais de campagne de communication, de sensibilisation), note Aurélien Sourdille, responsable adjoint du pôle OFFRES de la FHF. Celle-ci préconise de plus de mieux planifier les réponses aux besoins territoriaux, en intégrant dans les Projets Territoriaux en Santé Mentale dans les Projets Territoriaux de Santé ou en réduisant les inégalités d’accès aux soins. Le nombre de psychiatres pour 100 000 habitants varie en 1 et 40, selon les territoires
, analyse-t-il en effet. Vient s’y ajouter un volet financier. Le budget de la psychiatrie publique a évolué deux fois moins vite que le financement de l’ONDAM
, relève-t-il, évaluant le rattrapage nécessaire à 800 millions d’euros sur 4 ans. D’où la nécessité de renforcer la dynamique de l’offre publique en sanctuarisant ses modes de financement et en réaffirmant la pertinence des financements territoriaux. En ligne de mire notamment, l’octroi d’autorisations d’activités aux territoires où les besoins en santé mentale ont été clairement identifiés et aux établissements qui proposent des réponses adaptées. Enfin, il s’agirait de renforcer le rôle des paramédicaux
, et en premier chef celui des infirmiers en pratique avancée, qui peuvent appuyer la coordination des parcours et renforcer le lien avec les familles.
Autant de mesures, donc, qui requièrent l’implication de l’ensemble des acteurs par territoire. Les enjeux de santé sont de plus en plus partagés par les communautés locales. Il faut reconnaître la place qu’y occupent les acteurs territoriaux
, plaide Frédéric Valletoux, le président de la FHF en conclusion. Il nous faut valoriser les approches par territoires, par rapport aux approches plus macro, qui se définissent à échelles régionale ou nationale.
*Selon l'article L.1434-10 du Code de la santé publique, la responsabilité populationnelle implique que l'ensemble de santé d'un territoire est responsable de l'amélioration de la santé de la population de ce territoire ainsi que de la prise en charge optimale des patients de ce territoire
.
Audrey ParvaisJournaliste audrey.parvais@gpsante.fr
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