Sur la forme, « les soignants déplorent un manque de dialogue » ; sur le fond, ils s’inquiètent d’éléments qui ne sont pas à la hauteur des besoins en soins palliatifs et gestion de la douleur, et d’autres qui pourraient entraîner des dérives. Dans le sillage du projet de loi sur la fin de vie esquissé dimanche 10 mars par Emmanuel Macron, le syndicat d’infirmiers libéraux Convergence Infirmière fait part de ses inquiétudes face à un texte qui suscite déjà beaucoup d’opposition chez les acteurs de la santé.
D’une part, comme nombre d’entre eux, il note la nécessité impérieuse de donner plus de moyens aux soins palliatifs. Selon un rapport de la Cour des comptes paru en juillet 2023, si les besoins en soins palliatifs semblent se stabiliser depuis 2008 et si l’offre en lits palliatifs a augmenté depuis 2015, de très larges disparités d’accès existent encore selon les territoires. Six départements métropolitains ainsi que la Corse du sud et l’ensemble des départements d’Outre-mer n’avaient alors toujours pas atteint les objectifs en d’équipements en Lits identifiés soins palliatifs (LISP) ; côté Unités de soins palliatifs (USP), 22 départements n’en disposaient pas. Les besoins, eux, augmenteront de 23% jusqu’en 2046, estimait alors la Cour des comptes. « L’accès à des soins dignes est pourtant un enjeu fondamental pour que la vieillesse, la maladie, le handicap ne signifient pas une mort sociale », plaide le syndicat, qui souligne la nécessité de mettre en place des moyens adaptés. La question se pose notamment pour les soins et la prise en charge de la douleur à domicile, véritable angle mort de ce champ du soin. « Des moyens, cela signifie également une formation dédiée en matière d’accompagnement dans ces situations précises. »
Une clause de conscience indispensable pour les professionnels
D’autre part, ce sont les conditions qui doivent cadrer l’aide active à mourir. Convergence s’inquiète ainsi de la disposition qui autoriserait l’administration de la substance létale par un proche, face à des personnes malades qui sont en situation de grande fragilité. « Le cadre doit être extrêmement strict » pour éviter toute dérive. Et s’il faut pouvoir protéger les patients, il faut aussi protéger les soignants, en introduisant une clause de conscience. Car « la mission première des soignants n’est évidemment pas de donner la mort mais prodiguer des soins », insiste-t-il, demandant que l’approche éthique personnelle de chaque profession soit respectée. « Il est d’autant plus indispensable d’introduire un droit de retrait pour les infirmières et les infirmiers libéraux si cet acte est remboursé par la Sécurité sociale dans la mesure où les IDEL sont soumis à la continuité des soins. » Enfin, il demeure essentiel que les questions « de la mort, du grand âge, de la fin de vie et plus précisément l’euthanasie active et le suicide assisté » soient plus largement débattues au sein de la société. Une condition indispensable pour parvenir à un texte réellement fédérateur.
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