Le projet sur la fin de vie tel qu’il a été présenté par Emmanuel Macron le 11 mars dernier n’en finit pas d’inquiéter la communauté soignante, et plus particulièrement celle spécialisée dans les soins palliatifs. « Les acteurs des soins palliatifs considèrent dans leur grande majorité que la légalisation de la mort provoquée aurait des effets délétères sur leurs pratiques », conclut ainsi la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) d’une enquête qu’elle a menée auprès de ces professionnels entre fin février et mi-mars.
Un rejet massif de la loi
Selon elle, 83% des 2297 répondants (voir encadré) se disent inquiets face à l’évolution attendue de la loi ; et ils sont 92% à penser qu’elle aura « un impact sur leur vie professionnelle. » Ils craignent notamment l’apparition de tensions et de désaccords au sein des équipes, qui risquent ensuite « de peser sur leur environnement de travail et leur façon d’appréhender leur métier ». Autre chiffre qui illustre le rejet de cette loi par les soignants : plus de 80% des répondants indiquent qu’ils refuseraient de prescrire, fournir, préparer et/ou administrer le produit létal. Enfin, 22% des médecins se disent prêts à quitter leur poste si « la mort provoquée » est mise en place dans leur service.
Les soignants interrogés témoignent ainsi d’une crainte de voir leur métier « dénaturé » et de se retrouver « dans des situations humainement et éthiquement très difficiles ». Des inquiétudes apparaissent également sur les possibles débordements qu’une telle loi sur la fin de vie pourrait provoquer. « Cette enquête illustre une nouvelle fois que la grande majorité de ceux qui prennent soin de nos concitoyens en fin de vie considèrent que le suicide assisté et l’euthanasie vont à l’encontre de leur engagement professionnel », réagit de son côté Claire Fourcade, la directrice de la SFAP. Elle appelle les parlementaires à être plus à l’écoute des soignants, alors que les professionnels blâment le gouvernement pour avoir construit cette loi sans les y avoir impliqués.
L’enquête s’appuie sur 2 297 répondants, dont 407 bénévoles. Les infirmiers constituent 25% d’entre eux et sont la profession la plus représentée, juste devant les médecins (23%). Viennent ensuite les bénévoles (21%) puis les aides-soignants (9%) et les psychologues (6%). 42% des répondants exercent en unité de soins palliatifs, et 32% en équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP). Et la grande majorité (76%) déclarent avoir une expérience de plus de 5 ans en services de soins palliatifs.
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