Une stratégie possible pour réduire l’impact de l’épidémie de COVID à son paroxysme en 2021 était de «proposer un dépistage systématique à l’occasion d’une consultation et notamment dans les services d’urgences, mais aucune étude n'en avait évalué l’intérêt», explique les auteurs de l'essai DEPIST-COVID. C’est donc, a postériori, la question sur laquelle se sont penchées les équipes de l’hôpital Saint-Antoine, de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), de Sorbonne Université, de l’Inserm et d’Université Paris Cité*dont les résultats ont été publiés dans la revue de référence PLOS MEDECINE.
L'essai DEPIST-COVID a ainsi évalué l'intérêt d’un dépistage intensifié du SARS-CoV-2 associant le dépistage par les infirmiers des patients adultes asymptomatiques et paucisymptomatiques (qui présentent très peu de symptômes) à la pratique habituelle (dépistage des patients symptomatiques ou hospitalisés). Résultat : 224 nouveaux diagnostics sur 4 283 ont été mis en évidence. Soit en proportion un résultat un peu décevant eu égard à l'énergie déployée. Et pour cause, rappellent les auteurs de l'étude «avant la mise à disposition du vaccin, l’identification des personnes porteuses du virus SARS-CoV-2 et leur isolement étaient des mesures essentielles pour contrôler l’épidémie, mais rendues difficiles par la part importante de personnes asymptomatiques ou paucisymptomatiques ». .
Pas de bénéfice substantiel ...
D'après cette étude, pendant la période où le dépistage intensifié se tenait aux urgences, 4 283 patients asymptomatiques / paucisymptomatiques ont été dépistés, avec 224 nouveaux diagnostics Covid établis. Au total, en tenant compte de la pratique habituelle de dépistage des patients symptomatiques ou hospitalisés, le dépistage intensifié a ainsi conduit à 26,7 nouveaux diagnostics/1 000 patients contre 26,2/1 000 avec la pratique habituelle. L'analyse des résultats suggère ainsi qu'il est «peu probable que le dépistage intensifié apporte un bénéfice substantiel à la détection des infections SARS-CoV-2».
... Mais une amélioration de l'accès au dépistage
Consolation tout de même, l’intérêt de l’étude était aussi de repérer si le dépistage intensifié par des infirmiers dans les services d'urgence permettait «d'améliorer l’accès au dépistage de populations qui pouvaient être plus exposées au risque d’infection et moins dépistées» et il semblerait plutôt que oui cette fois.
La proportion de nouveaux diagnostics parmi les patients asymptomatiques / paucisymptomatiques des services d'urgences s’est avérée plus élevée que celle observée au niveau régional par le dépistage en population générale (5,2 % et 4,6 %)
L'étude conclut en effet que «La proportion de nouveaux diagnostics parmi les patients asymptomatiques / paucisymptomatiques des services d'urgences s’est avérée plus élevée que celle observée au niveau régional par le dépistage en population générale (5,2 % et 4,6 %). La population des services d'urgences paraissait plus touchée par le SARS-CoV-2». Des résultats qui amènent les auteurs à conclure que «l'intensification du dépistage dans ces services» pourrait donc «donner accès à une large population incluant des groupes plus exposés».
Malgré tout, les auteurs de l'étude soulignent les limites de ce travail : il a été mené «dans un contexte épidémiologique très fluctuant» marqué par «une vague pandémique associée à un confinement» ainsi qu'un «dépistage extrahospitalier rendu très accessible», ce qui a pu «réduire l'impact de l'intervention».
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