Face à l’épidémie de Sars-Cov-2, 20 projets de recherche ont été sélectionnés via le consortium REACTing coordonné par l'Inserm et grâce au soutien des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Parmi eux, figure un essai clinique de relativement grande ampleur. Cet article a été publié par le le Quotidien du médecin, nous les remercions pour ce partage.
Un essai clinique visant à évaluer l'efficacité de plusieurs traitements de la maladie Covid-19 va commencer en début de semaine prochaine dans toute la France. Tout est prêt, nous n'attendons plus que les médicaments
, affirme le Pr Yazdan Yazdanpanah (service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat AP-HP), qui coordonne le consortium REACTing grâce auquel cet essai va être financé.
Prévue pour inclure 3 200 patients hospitalisés pour des formes graves de la maladie en Europe (dont 800 en France), cette étude multicentrique comprendra 4 bras de traitement : un quart des malades bénéficiera de la prise en charge actuelle, c'est-à-dire un traitement symptomatique (oxygénation, hydratation, anti-émétique, etc.), le deuxième quart recevra en plus le remdesivir, un antiviral de Gilead qui fait déjà l'objet de plusieurs essais cliniques contre le SARS-CoV-2, le troisième quart sera traité par Kaletra (ritonavir/lopinavir, AbbVie, indiqué dans le traitement de l'infection par le VIH) et le dernier quart sera traité par une association de Kaletra et d'interféron bêta.
Portée par le Pr Florence Ader (service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, et chercheuse Inserm à l'université Claude-Bernard), l'étude sera entièrement randomisée. Mais nous n'excluons pas la possibilité de recours à l'usage compassionnel de ces traitements
, ajoute le Pr Yazdanpanah.
La chloroquine reste à la porte
Le choix des molécules employées dans l'étude est motivé par l'avis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
précise le Pr Yazdanpanah. Bien que le nom de l'hydroxychloroquine ait circulé dans la presse et dans des revues scientifiques chinoises
, cette molécule n'a pas été retenue par le comité scientifique du consortium REACTing présidé par le Pr Jean-François Delfraissy, ancien directeur de l'ANRS et actuel président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Nous aurions pu l'inclure, cela a été sérieusement envisagé, mais nous avons considéré qu'il présentait trop de problèmes d’interactions médicamenteuses
, précise-t-il.
Selon des informations relayées par nos confrères de 20 Minutes
, un essai clinique évaluant la chloroquine, portant sur 24 malades atteints du Covid-19, devrait bientôt être mené à l'institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, par les équipes du Pr Didier Raoult
.
20 projets de recherche contre le Covid-19
L'essai clinique sélectionné par REACTing fait partie des 20 projets retenus par le consortium REACTing pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Ces projets sont répartis en 4 catégories : 3 projets de recherche en épidémiologie, avec notamment des travaux de modélisation mathématique permettant d'anticiper le risque d'importation du SARS-Cov-2, 7 projets de recherche fondamentale, 6 projets de recherche clinique (dont la mise au point d'un modèle animal) et 4 projets de recherche en sciences sociales et politiques.
Concernant ce dernier axe, on va faire des recherches sur deux aspects,
détaille Daniel Benamouzig, chercheur au centre de sociologie des organisations à Sciences Po. En premier lieu, nous allons évaluer les effets de la circulation scientifique dans un contexte de science ouverte. On assiste en effet à la diffusion d'informations très risquées, voire de fake news. Notre autre sujet est l'étude comparée des réactions de régimes autoritaires ou plus démocratiques dans leur gestion de l'information et de la crise.
Rassemblant l'INSERM, le CNRS, l'Institut Pasteur, le Cirad, l'IRD et l'ANRS, le consortium REACTing vise à préparer en temps de paix
le volet recherche de la réponse aux crises sanitaires. Créé au lendemain de la pandémie de grippe H1N1, il dispose désormais d'un fonds d'amorçage d'un million d'euros pour couvrir les premiers frais des programmes de recherche lancés en urgence, en attendant que des sources de financement classiques comme l'Agence nationale de la recherche prennent le relais. Cette dernière a d'ailleurs déjà lancé un appel d’offres fléché sur le Covid-19 dont la clôture est prévue pour le 23 mars.
Cet article a été publié par le le Quotidien du médecin, nous les remercions pour ce partage.
Damien CoulombJournaliste au Quotidien du Médecin
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