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ÉVOLUTION DE LA PROFESSION INFIRMIÈRE

Où en est-on de la loi infirmière ? L'Ordre fait le point

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Publié le 17/10/2024

Après l’annonce par le Premier ministre d’une future loi « infirmières, infirmiers » reconnaissant leur expertise et leurs compétences et élargissant leur rôle dans la prise en charge des patients, Sylvaine Mazière-Tauran réaffirme la position de l'Ordre. 

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Les Français font confiance aux infirmiers, malgré la désillusion et la grande inquiétude qui marquent les résultats d'une étude ELABE sur « Les Français, le système de santé et l’évolution de la profession infirmière », présentée par l'Ordre national des Infirmiers ce 17 octobre. 

85% des Français favorables à un renforcement du rôle des infirmiers 

«86% des Français estiment que les infirmiers ne sont pas assez reconnus par rapport au rôle qu'ils jouent auprès des patients» et 85 % d'entre eux trouvent «utile un renforcement de leur rôle» pour améliorer la prise en charge des patients. «83% des Français font confiance aux infirmiers pour exercer de nouvelles missions et jouer un rôle plus important auprès des patients. La population est également très largement favorable (89%) à une plus grande collaboration entre médecins et infirmiers». Enfin, l'accès direct aux infirmiers est plébiscité puisque 64% des Français se montrent convaincus. 

«Cette étude va bien dans le sens d'une évolution de la profession qui est attendue», a souligné Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l'Ordre national des Infirmiers (ONI), insistant sur «la confiance» des Français envers les infirmiers. Dans ce contexte, l’ONI sera vigilant à ce que la loi « infirmière – infirmier » annoncée par le Premier ministre «puisse être présentée prochainement au Parlement et à ce qu’elle porte des mesures fortes en matière de soins relationnels, de coordination des parcours de soins, de prévention, et de formation des futures générations d’infirmiers. » 

Dans l'ordre des priorités 

  • Parmi les priorités : la sanctuarisation de l'hôpital arrive en tête :  «On ne peut pas attaquer le financement de l'hôpital dans la crise que l'on connaît et il faut un plan de financement pluriannuel. L'attente et l'incertitude est un frein à l'organisation», a affirmé Sylvaine Mazière-Tauran. 
  • L'instauration d'un ratio d'infirmiers par patient, est également un sujet crucial, cher à l'Ordre d'après sa présidente. Citant «une étude américaine qui montre que cette mesure permet d'éviter des décès et  apporte des économies» (1595 décès évités et des millions de dollars d'économie aux USA), Sylvaine Mazière-Tauran a défendu «une mesure qui ne peut pas se faire en un clin d'œil» et qui sera rendue possible par le plan pluriannuel cité plus haut.

La loi infirmière est une vraie opportunité pour la reconnaissance de la profession et pour l'accès aux soins

La Présidente de l'Ordre a également détaillé des mesures importantes à plus court terme :

  • L'accès direct aux infirmières, pour les soins relatifs aux plaies notamment. «Il s'agit d'un exemple qui concerne énormément de personnes sur le territoire», a expliqué Sylvaine Mazière-Tauran, pointant «un enjeu de santé publique». Par ailleurs, «les praticiens ont suffisamment de tâches à remplir pour laisser ce champs aux infirmières», a-t-elle avancé. 
  • Concernant les infirmières puéricultrices : «alors que l'accent a été mis sur les 1 000 premiers jours de l'enfant et de sa famille, il n'y a pas d'exercice libéral possible pour les infirmières puéricultrices», a déploré Sylvaine Mazière-Tauran qui prône un renforcement de leur rôle dans l'accompagnement à la parentalité, en ville. 
  • Alors que la santé mentale a été décrétée grande cause nationale par le Premier ministre Michel Barnier dans son discours de politique générale, «on oublie trop souvent les infirmiers scolaires (pour les dépistages, la prévention...) ou les infirmiers en santé au travail» sur ces missions, a-t-elle souligné. 
  • Enfin, l'Ordre appelle à établir une feuille de route pour la santé des soignants, «indispensable pour garder les professionnels dans le système de santé, arrêter l'hémorragie et renforcer l'attractivité». Les soignants ont un nombre d'arrêts maladies supérieur à la moyenne nationale, a-t-elle rappelé, évoquant des économies à faire en s'attaquant à l'épuisement professionnel.
  • Dernier sujet parmi les mesures proposées : «la nomenclature des infirmières libérales est complexe, nous pensons qu'il faut mettre en place des outils d'aide à la cotation». 

«La loi infirmière est donc une vraie opportunité pour la reconnaissance de la profession et pour l'accès aux soins», s'est réjoui Sylvaine Mazière-Tauran, évoquant la vigilance de l'Ordre sur ces dossiers. 

Une collaboration et non une concurrence avec les médecins 

Interrogé à propos de l'accès direct sur la question de savoir comment les infirmiers allaient respecter le parcours de soin - alors que la mesure avait provoqué un tollé notamment du côté de l'Ordre des médecins : «Les infirmiers et infirmières ont toujours collaboré avec les médecins. Ils n'ont jamais pris de risques inconsidérés pour leurs patients», a martelé Sylvaine Mazière-Tauran. «La question de l'accès direct, c'est celle de l'accès aux soins. De nombreuses personnes sont en dehors du système de soin actuellement (atteintes de cancer, d'hypertension, ou de diabète). Pour ces patients, accéder à une infirmière pourrait permettre de déceler un certain nombre de choses. Ce n'est pas une question de concurrence mais de collaboration», a-t-elle tranché.« L'exemple flagrant c'est la personne âgée. C'est l'infirmière libérale qui va noter les aggravations, qui va noter les complications,... Je comprends les craintes ou les résistances, mais ce qui nous importe, c'est l'accès aux soins des patients. Il ne faut pas oublier : les infirmiers ont une déontologie. C'est vrai que c'est un changement de paradigme, c'est une évolution, mais je crois qu'elle est inéluctable». 

Sylvaine Mazière-Tauran n'a pas encore rencontré Mme Geneviève Darrieussecq, la nouvelle ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, mais un rendez-vous avec elle est prévu dans quelques semaines. «J'attends de connaître la vision de la ministre de la Santé sur ce nouveau texte», a-t-elle indiqué. 

Le dispositif réglementaire qui doit réformer la profession avait 3 étages, a précisé la présidente de l'Ordre : 

  • La loi qui définit les grandes missions
  • Un décret d'activités et de compétences (qui a été formalisé, qui est prêt) : fruit du travail des conseils nationaux professionnels, il structure le métier et définit les activités 
  • Un arrêté qui va détailler une liste d'actes et qui va permettre aux IDEL de clarifier leur nomenclature. Il doit être mis à jour car la médecine évolue très rapidement, ainsi, un acte entrer dans le champ de compétences des infirmiers, selon les besoins. 

    Sur la question des certificats de décès, «il reste des réticences», a reconnu la Présidente de l'ONI, «même si certaines régions se montrent très dynamiques». «Les infirmières ont à cœur de faire correctement leur travail. Lorsqu'elles se retrouvent devant un obstacle, elles reviennent vers le médecin. Elles ont toujours fait cela», a-t-elle rassuré, «il n'y a aucune raison que cela change».


    Source : infirmiers.com