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Augmentation tendancielle des accidents d'exposition au sang des soignants

Publié le 27/04/2004

En France, on estime à 150.000 le nombre d'accidents d'exposition au sang (AES) survenant chaque année dans les établissements de soins, dans les cabinets médicaux ou au domicile des patients. Ils sont inhérents à l'utilisation d'aiguilles ou d'objets coupants et exposent les personnels de soins à un risque d'infections graves, voire mortelles, causées par des agents pathogènes présents dans le sang, les plus dangereux étant le VIH, le VHB et le VHC.

Officiellement, 13 cas d'infection au VIH et 47 cas d'infection au VHC ont été recensés en France.

Pourtant, "aujourd'hui, nous disposons de tout ce qu'il faut pour les éviter, du point de vue législatif et matériel", affirme Didier Gerbaud, président du groupe "dispositifs médicaux sécurisés" au sein du Snitem.

Jusque dans les années 1970, les risques d'AES, essentiellement liés au VHB, étaient vécus comme des "risques du métier". L'épidémie de sida a bouleversé la donne et provoqué une véritable prise de conscience de ces risques et de la nécessité de les limiter.

Une politique volontariste, se manifestant par la publication de textes incitant à surveiller et à prendre en charge les AES, l'élaboration de programmes de prévention et la création des comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) également impliqués dans la prévention des AES, a permis de réduire considérablement la fréquence de ces accidents.

Plus précisément, la vaccination obligatoire du personnel soignant contre l'infection au VHB, la généralisation des gestes de précaution universelle (par exemple ne pas recapuchonner les aiguilles, les mettre dans des containers appropriés), mais surtout l'information et la formation du personnel ainsi que sa plus grande implication ont grandement contribué à limiter les AES.

En outre, les industriels ont développé du matériel sécurisé capable de réduire de manière radicale (-75 à -100%) le risque d'AES dans les établissements qui s'en sont dotés.

Toutefois, a poursuivi le Dr Dominique Abiteboul, médecin du travail à l'hôpital Bichat (Paris XVIII), l'augmentation du turn-over dans les hôpitaux, le manque d'effectifs empêchant les soignants à dégager du temps pour se former, et l'augmentation du nombre de gestes invasifs pratiqués par ces derniers semblent avoir raison de ces mesures.

De plus, le taux d'équipement est très variable d'un secteur d'activité à l'autre, relativement élevé dans le public, moins dans le privé et quasiment inexistant dans le libéral. Seule une aiguille sur dix est sécurisée en France, a souligné Pascal Sircoulomb, membre du groupe "dispositifs médicaux sécurisés" au sein du Snitem.

Le coût de ces dispositifs sécurisés est la principale raison avancée pour justifier ce faible taux d'équipements. Pourtant, d'après les calculs présentés par le Snitem, la prévention reviendrait moins cher que la prise en charge et le suivi des victimes d'AES. En effet, à raison de 150.000 AES par an, et si l'on considère que seuls 100.000 sont déclarés, la prise en charge et le suivi des victimes d'AES atteint 50 millions d'euros par an. L'achat de dispositifs sécurisés ne coûterait que 42 millions d'euros par an.

Contrairement aux Etats-Unis, où l'équipement des établissements de soins en dispositifs sécurisés est obligatoire, ou à l'Espagne, l'Angleterre et l'Allemagne, qui envisagent de faire de même, la France ne compte pas aller dans ce sens. "Je ne pense pas qu'il y ait nécessité de rendre obligatoire ce genre de dispositif", estime Pascal Sircoulomb, arguant d'un "environnement législatif déjà très contraignant".

Force est de constater que celui-ci n'est pas toujours suffisamment respecté et appliqué./ar


Source : infirmiers.com