En un peu plus d'un an, 8,4 millions de personnes, soit 13% de la population, ont demandé les clefs (le mot de passe) de ce coffre-fort numérique, qui conserve leurs résultats d'analyse biologique et d'imagerie médicale, leurs comptes-rendus d'hospitalisation ou de consultation, ordonnances et autres documents de santé. Mais plus que ce nombre d'utilisateurs, somme toute encore modeste (l'objectif est de couvrir toute la population), le ministère de la Santé se félicite de la forte croissance du nombre de documents stockés dans les Espaces de santé des Français. Aujourd'hui, près de 10 millions de documents sont déposés chaque mois par hôpitaux, laboratoires et praticiens. C'est à peu près la moitié de l'objectif fixé à terme pour Mon Espace Santé (soit 250 millions de documents stockés par an), souligne le ministère.
Convaincre les praticiens libéraux
Ce qui différencie Mon Espace Santé des tentatives précédentes? Il a été créé automatiquement pour chaque assuré social, sauf opposition écrite de celui-ci. Et il est approvisionné en documents, là encore automatiquement, grâce à l'effort de mise à jour de l'armada de logiciels médicaux utilisés par les soignants. Pour l'instant, les établissements hospitaliers et les laboratoires d'analyse médicale sont les principaux pourvoyeurs, avec respectivement 34 et 33% des documents expédiés sur les Espaces des Français. L'enjeu est désormais de convaincre les praticiens libéraux d'approvisionner plus largement l'Espace santé de leur patients.
Nouvelles fonctionnalités
Mon Espace Santé est «un progrès majeur en France», selon Arthur Dauphin, chargé de mission à France Assos Santé, qui fédère les associations d'usagers du système de santé. «Chaque usager peut bénéficier» de ce regroupement au même endroit de tous ses documents médicaux, et ce, même s'il les garde pour lui-même, en refusant de le partager avec ses soignants, indique-t-il à l'AFP. Pour apaiser les craintes d'un «Big Brother sanitaire», les usagers ont en effet la possibilité s'ils le veulent d'occulter certains, voire tous les documents versés dans leur coffre-fort numérique.
Des associations de défense des libertés ont mis en garde contre Mon Espace Santé, dont La Quadrature du net, qui avait appelé les Français à refuser expressément la création d'un compte. L'appel au boycott qui avait été lancé semble cependant avoir été peu entendu, puisque seuls 2% des Français ont expressément refusé la création d'un compte, selon les chiffres du ministère.
Mon Espace Santé est en tout cas au coeur de la nouvelle feuille de route du numérique en santé, qui sera présentée mi-mai par le ministère de la Santé. Le coffre-fort numérique va en effet bénéficier au fil des mois de fonctionnalités accrues. Par exemple, son agenda et sa messagerie sécurisée pourront se connecter avec ceux de services privés, comme Doctolib.Il pourra aussi stocker les données produites par des services privés de télésurveillance ou d'objets médicaux connectés : données de glycémie du capteur d'un diabétique, poids relevé par une balance connectée etc. Le ministère veut également en faire un outil clé dans sa politique de prévention: envoi de messages de rappels pour les vaccinations, propositions de bilans de santé à certains âges charnières de la vie...
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