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RECHERCHE

Antisepsie de la peau avant pose d'un cathéter périphérique : résultats d'une recherche en sciences infirmières

Publié le 29/09/2020

Prendre de la hauteur sur les détails d'un savoir-faire, questionner les caractéristiques d'un savoir, voire même élaborer de nouveaux savoirs-êtres infirmiers, sont tout autant de dynamiques d'études à caractère scientifique dont les sciences infirmières s'approprient progressivemment la richesse ! Reprenant ainsi "l'esprit chercheur", observant les inclinations de la réalité afin d'en tirer des conclusions probantes ou non pour une évolution des pratiques, des professionnels de santé du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, en collaboration avec  son université, ont étudié les usages d'une technique infirmière quasi-quotidienne : l'antisepsie de la peau avant introduction d'un cathéter périphérique. Ainsi, dans leur article publié le 18 Août 2020 dans la revue "Journal of Infection", l'objet d'étude de la recherche en sciences infirmières est simple : quelle est la meilleure technique ? A vos compresses et cathlons !

L'antisepsie de la peau avant introduction d'un cathéter périphérique : différentes approches

Sur un sujet aussi piquant que celui d'un soin infirmier de "routine" comme peut l'être l'introduction du cathéter périphérique, la mise en œuvre d'une étude randomisée permet de dégager une analyse scientifique incontestable qui s'écarte de l'éternel débat pernicieux "Yakafaukon".

Enseignées lors de la formation initiale pour l'ensemble des étudiants en soins infirmiers, les techniques d'antisepsie de la peau propre et saine ne sont pourtant pas homologues selon les endroits !Il n'y a pas de consensus sur la meilleure façon de nettoyer la peau, note les auteurs de l'article. Néanmoins, la variabilité des pratiques n'est pas synonyme d'improvisation et deux techniques d'antiseptie cutanée prédominent dans les enseignements prodigués en IFSI : le cercle concentrique et le va-et-vient.
Ces deux techniques, quelqu'en soit l'argumentation pédagogique, admettent un principe général, celui de la "marche en avant ", ne jamais revenir en arrière, afin de détruire durablement la flore transitoire et de limiter la flore commensale cutanée dans l'objectif de réduire la contamination du futur site d'introduction du cathéter périphérique et d'éviter le passage transcutané, voir vasculaire, de micro-organismes pathogènes lors du geste. En somme, si les deux techniques semble a priori se valoir d'un point de vue théorique, se pose une question pratique : quelle est la différence qualitative entre ces deux techniques d'antisepsie ?

Qui de nous deux inspire l'autre ? Comparaisons cliniques entre cercles concentriques et va-et-vient

Pour arriver à des conclusions significatives, les auteurs se sont attardés sur la densité de population microbienne avant et après l'application d'un antiseptique cutanée au pli du coude, propre et sain, en comparant l'usage des cercles concentriques ou la technique dite du "va-et-vient". Sur les 132 volontaires ayant participés à l'étude, la comparaison clinique entre les deux pratiques est peu notable. En effet, d'après la qualité des échantillonages recueillis, les auteurs déclarent qu'il n'existe […] aucune différence clinique dans la réduction des micro-organismes entre le cercle concentrique et les techniques de va-et-vient au coude du volontaire sain après les 30 secondes de séchage de l’antiseptique. Fort de cela, dans le domaine des sciences, si le comparatif n'est pas significatif, il n'est pas pour autant nul ! C'est par là même un résultat factuel qui requiert une interprétation objective, gageure d'enseignements pour la pratique, ici, des soins infirmiers.

La recherche en sciences infirmières est en cela pertinente pour la profession infirmière qu'elle permet d'éluder efficacement de petites et grandes interrogations sur la pratique infirmière quotidienne.

Revue de résultats : enseignements

En tout état de cause scientifique, les données de l'étude nous permettent d'en retirer une conclusion pédagogique et professionnelle. L'absence de différence clinique entre les deux pratiques infirmières n'est donc pas un frein aux deux approches théoriques enseignées en IFSI. Offrir cette variante s'avére même être un plus pédagogique à conserver dans la méthodologie des apprentissages soignants. De sorte que, sur le terrain ou en examen pratique, les étudiants en soins infirmiers pourront toujours argumenter le choix de l'une ou l'autre technique, non pas pour la qualité de leur antisepsie cutanée, mais plutôt dans la recherche d'aménagements de travail les plus ergonomiques et les plus simples pour eux.  Pour les professionnels de santé diplômés, les conclusions de l'étude admettent également un élément important en ce qui concerne l'organisation des soins. En effet, par rapport au "va-et-vient", l'utilisation des cercles concentriques est beaucoup plus rapide avec des résultats semblables.

Sur un sujet aussi piquant que celui d'un soin infirmier de "routine" comme peut l'être l'introduction du cathéter périphérique, la mise en œuvre d'une étude randomisée permet de dégager une analyse scientifique incontestable qui s'écarte de l'éternel débat pernicieux "Yakafaukon". Les futurs travaux d'études proposés dans le domaine de l'hygiène laissent entrevoir de nouvelles avancées scientifiques qui viendront renforcer l'expertise infirmière d'une connaissance solidement actualisée et innovante. Les sciences infirmières n'en ressortiront que grandies de toutes ces initiatives professionnelles venant confirmer le souci d'évolution des pratiques au service du cœur de métier : le patient.

Alexis Bataille
Etudiant en soins infirmiers (2019-2022),
Aide-soignant
@AlexisBatll


Source : infirmiers.com