Les Français boivent moins d’alcool, mais toujours trop. Dans sa dernière étude, Santé publique France souligne «une tendance à la baisse, majoritairement portée par la diminution de la consommation de vin », résultat « d’évolutions culturelles et de la mise en place de politiques publiques, dont les mesures protectrices de la loi Évin*. » La part des 18-75 ans déclarant avoir consommé de l’alcool au moins une fois au cours des 12 derniers mois est en légère baisse : 85% en 2021 contre 86,5% en 2017.
En 30 ans, la consommation quotidienne divisée par 3
Les consommations hebdomadaires et quotidiennes diminuent également depuis les années 90, date des premiers baromètres de Santé publique France qui ont servi de bases à l’étude : « la part de consommateurs hebdomadaires était de 62,6% en 2000 et atteint 39,0% en 2021. La proportion d’adultes consommant de l’alcool tous les jours était 23,9% en 1992 contre 8,0% en 2021 », constate ainsi l’Agence. « En 30 ans, entre 1992 et 2021, la part d’adultes déclarant boire de l’alcool tous les jours a été divisée par 3 (aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes) », note-t-elle. Avec des divergences en fonction du genre, de l’âge et du territoire.
Ainsi, avec l’âge, si l’intensité de la consommation diminue, la fréquence, elle, augmente. Les plus jeunes (18-24 ans) consomment moins souvent mais en plus grande quantité, 3,2 verres par jour pour 64,3 jours par an en moyenne. À l’inverse, les 65-75 ans consomment plus souvent mais en moindre quantité : « 1,6 verres, 123,7 jours par an ». Côté territoires, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie sont les régions où la consommation d’alcool était la plus fréquente, celle-ci étant « plus rare » en Ile-de-France et en Outre-mer.
Les alcoolisations ponctuelles importantes en hausse chez les femmes
Mais ce sont surtout les comportements des femmes, et notamment des plus de 35 ans, qui inquiètent. Si elles consomment en général moins que les hommes, le nombre d’entre elles pratiquant l’alcoolisation ponctuelle importante (API), soit 6 verres par jour, a augmenté. Chez les 35-44 ans, elles étaient 8,7% à déclarer une API par mois en 2021, contre 6,4% en 2017. Des augmentations qui se retrouvent ensuite dans toutes les classes d’âge (6,2% contre 5,3% en 2017 pour les 45-54 ans, ou 5,3% contre 3,8% en 2017 pour les 55-64 ans). Pour expliquer ces évolutions qui tendent à rapprocher le comportement des femmes de celui des hommes, plusieurs hypothèses sont avancées : augmentation de la part des femmes sur le marché du travail, recul de l’âge du mariage ou du premier enfant. « Certaines femmes évoluant dans des milieux masculins, notamment dans des sphères socio- économiques favorisées, pourraient avoir tendance à s’adapter aux comportements de consommation de ces milieux, afin de se conformer à certains codes informels ou encore à utiliser l’alcool comme une forme d’automédication pour lutter contre le stress perçu », explique également Santé Publique France. Elle souligne également les pratiques agressives de publicité de l’industrie qui les prennent pour cibles.
L'importance de "débanaliser" la consommation d'alcool
« La consommation d’alcool reste très élevée en France en 2021 », s’inquiète l’Agence. Son coût social dépassait les 100 milliards d’euros en 2019, poursuit-elle, déplorant l’absence de tout plan national de lutte contre les dommages liés à l’alcool. Elle appelle les pouvoirs publics à accompagner plus fortement les tendances à la diminution, notamment via des actions contribuant à débanaliser la consommation d’alcool et à la réduire. Et ce alors que le gouvernement français se refuse depuis 2019 à apporter son soutien au Dry January. Chaque année, l’alcool tue 41 000 personnes et constitue le deuxième facteur de risque de cancer derrière le tabac.
Consulter l'étude de Santé publique France
*Loi de 1991 qui limite fortement la publicité en faveur de l’alcool et qui interdit la vente d’alcool aux mineurs de moins de 16 ans.
SANTÉ PUBLIQUE
Préserver le cœur des femmes : le rôle des infirmiers en prévention
ÉCOLE
Education à la santé sexuelle : les infirmières scolaires sous haute pression
HOSPITALISATION
L’infirmier "bed manager" au cœur de la gestion des lits
IDEL
Vidéo - "Avec un enfant, il faut savoir être enveloppant"