Face au refus d'aide et de soins
coordonné par Walter Hesbeen (éditions Sali Arslan)
Par lassitude, souffrance ou toute autre raison, des malades peuvent refuser un soin préconisé par la médecine. Une réalité complexe et toujours singulière à laquelle ce livre aide à faire face.
Chaque soignant est appelé à se retrouver confronté au refus de se voir soigner. Multiples sont les raisons de ne plus accepter l'aide qu'apporte le médecin ou l'infirmier, et elles conduisent le professionnel du soin à se poser nombre de questions. Comment interpréter ce refus ? Témoigne-t-il d'une peur, d'une défiance ? Le malade exprime-t-il une lassitude ou une saturation face à la contrainte qu'imposent des soins ? Souhaite-il retrouver un contrôle sur sa vie ? Chaque cas est particulier, mais systématiquement s'impose aussi pour le soignant de s'interroger sur la façon d'y répondre et de réagir. Si la réalité est toujours complexe, ce livre collectif apporte de l'expérience et des repères qui devraient aider à mieux l'appréhender et donc à faire face à la grande diversité de ces situations en combinant l'éthique et le pratique, le besoin du juste soin et le respect du choix du malade. Avec dans tous les cas la nécessité du dialogue, incontournable préalable d'une intelligence collective primordiale devant le singulier.
Réflexion d’équipe et positionnement éthique
De la réflexion d'équipe apaisante à l'approche émotionnelle et existentielle du refus de soin en passant par une incontournable transdisciplinarité, l'ouvrage invite d'abord à penser un positionnement éthique. Puis il nous entraîne au cœur de situations singulières que peuvent notamment être un refus de dialyse pour un patient en insuffisance rénale sévère ou une opposition aux soins d'adolescents suivis en pédopsychiatrie. Est par ailleurs présenté le modèle de partenariat humaniste en santé, un concept de soins infirmiers permettant de mieux comprendre, accepter et accompagner le patient refusant l'aide du soignant. Ce qui ne saurait signifier un abandon thérapeutique mais renvoie au principe d'autonomie de la personne, comme des simulations permettent d'en avoir un aperçu avant d'en faire l'expérience.
La formation des étudiants en soins infirmiers à cette possibilité de refus constitue d'ailleurs une composante importante de ce livre qui rappelle la nécessité d'ajuster les dispositifs pédagogiques au réel tout en renforçant l'accompagnement des futurs praticiens dans une réflexion éthique. Une réflexion à mettre ensuite en application durant toute sa carrière dans un exercice quotidien qui devra parfois faire avec le refus de soin.
Et aussi...
DÉBAT
Notre santé est en jeu
de Florence Boulenger et David Ghesquières (éditions Vuibert)
Des urgences débordées, des lits d’hôpitaux qui ferment, des déserts médicaux qui gagnent de plus en plus de territoires jusqu'aux grandes villes où l'on manque de pédiatres et de gynécologues tandis que six mois d'attente s'impose pour un rendez-vous avec un ORL. Dresser le bilan s'avère sévère pour notre système de santé que l'OMS classait encore en l'an 2000 parmi les meilleurs du monde, mais qui se trouve aujourd'hui au bord de la rupture. Or la santé, c'est « le » sujet, rappelle cet ouvrage en soulignant l'enjeu colossal de ce paramètre incontournable et primordial de la vie. Les auteurs sont donc allés interroger une quarantaine d'acteurs de terrain afin de recueillir leur sentiment et surtout trouver des solutions pour enrayer le déclin et repenser notre système de soin.
Médecins, pharmaciens, infirmiers, responsables administratifs ou associatifs, leur éclairage se révèle innovant et positif alors que pourrait aussi se profiler l'avenir ultra anxiogène d'une médecine déshumanisée gérée par des robots et l'intelligence artificielle, comme le décrit un avant-propos dystopique. L'imaginaire des intervenants de ce livre s'exprime heureusement tout autrement, de façon très diverse, mais avec comme constante la nécessité d'un accès au soin et d'une médecine humaine de proximité dans laquelle le patient est un acteur central que l'on se doit d'écouter.
SANTÉ MENTALE
Supervision d'équipe en psychiatrie
de Dominique Friard (éditions Seli Arslan)
Déjà auteur de Raisonnement clinique en psychiatrie et de J'aime les fous, Dominique Friard, infirmier en secteur psychiatrique, nous livre cette fois son expérience de superviseur d'équipe. Un rôle essentiel dans une pratique clinique qui a besoin de prendre un certain recul. Il relève de la place d'exception que le superviseur va s'attacher à tenir, sans céder, ce que n'a bien sûr pas manqué de faire Dominique lorsqu'il a débuté sa formation sous la direction du psychanalyste Joseph Roussel. Cette erreur sans doute inévitable sert de point de départ à une plongée dans une réalité que l'auteur décrit sous toutes ces facettes sans négliger l'importance d'une formation qui va être continue dans un cadre où prime la liberté de parole. « La supervision consiste à affirmer que c'est parce que l'on a la sensation de ne pas pouvoir faire autrement qu'il faut en parler, tenter d'élaborer une réponse autre pour faire en sorte d'avoir, à nouveau, le choix », souligne finalement l'auteur en s'appuyant sur l'exemple de la pratique de la contention dont on peut parfois oublier qu'elle se doit d'être exceptionnelle. Donc dans ce cadre d'exception où le superviseur joue son rôle en prenant en considération chaque acteur.
SANTÉ PUBLIQUE
Préserver le cœur des femmes : le rôle des infirmiers en prévention
ÉCOLE
Education à la santé sexuelle : les infirmières scolaires sous haute pression
HOSPITALISATION
L’infirmier "bed manager" au cœur de la gestion des lits
IDEL
Vidéo - "Avec un enfant, il faut savoir être enveloppant"