Un « mur de la honte ». À l’hôpital de Brest, les soignants ont érigé un mur qui expose les temps d’attente « interminables » que doivent endurer les patients avant d’être pris en charge. Ce fait est rapporté par le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) pour dénoncer une fois de plus la dégradation des conditions d’accueil et de travail au sein des établissements de santé. Il pointe ainsi une « maltraitance institutionnelle » qui a un impact négatif aussi bien sur la santé des patients, qu’ils soient vulnérables ou pas, et sur le moral et la motivation des professionnels de santé. Car ces temps d’attente conduisent à de véritables pertes de chances, rappelle-t-il, citant une étude menée en 2023 par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris et l’INSERM démontrant qu’une nuit passée aux urgences sur un brancard augmentait drastiquement les risques de décès. Plus récemment, en février 2024, c’était au tour de Samu-Urgences de France de souligner que la surmortalité aux urgences due aux délais de prise en charge était certes difficile à quantifier, mais qu’elle était avérée. « Tous les patients, qu’ils soient jeunes ou vieux, forts ou vulnérables, se trouvent pris au piège de délais de prise en charge toujours plus longs. Mais la "perte de chances" frappe avec une violence particulière les plus âgés et les plus fragiles », s’émeut ainsi le SNPI dans un communiqué.
Face à ces constats, les conséquences sur les soignants s’aggravent. Ceux-ci sont ainsi confrontés à « une déshumanisation des soins » et « se retrouvent faute de temps désormais relégués au rang de simples exécutants, contraints d’appliquer des protocoles rigides qui laissent peu de place à l’empathie », poursuit le syndicat infirmier. En découle un profond sentiment de perte de sens du métier, alors que le fossé entre les aspirations des professionnels, notamment infirmiers, et la réalité du terrain continue de se creuser. « Dans ce contexte, la France est-elle encore en mesure d’assurer à chacun un accès équitable à des soins de qualité ? », s'interroge-t-il.
Des conséquences lourdes sur la société
Délais d’attente pour un examen, retards dans l’admission au sein de services spécialisés…le syndicat accuse les différentes politiques d’austérité menées en matière de santé au cours des dernières décennies d’être à l’origine de ces dégradations des conditions de travail et de prise en charge. Cette crise, « où l’on sacrifie la qualité des soins, non par incompétence ou négligence, mais par manque de moyens et de volonté politique », secoue l’ensemble de l’hôpital public, s’agace-t-il. Elle se répercute sur l’ensemble de la société, et notamment ses membres les plus vulnérables, avec toute une population « privée de ses droits les plus élémentaires, au nom d’une logique économique qui déshumanise les soins. » Et ce alors même que la France « se veut un modèle de justice sociale et d’égalité », tacle-t-il.
Au début du mois d’août, le syndicat réitérait déjà ses alertes quant à un système de santé saturé et marqué par des difficultés croissantes d’accès aux soins, et en profitait pour réclamer un « plan Marshall » pour répondre à la crise de l’hôpital. Depuis, le gouvernement a annoncé une diminution de 1 500 postes d’internes en 2024 par rapport à 2023, faisant craindre aux professionnels de la santé un accroissement de la charge de travail pour ceux qui restent.
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