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CRISE DE L'HÔPITAL

L'hôpital de Mayotte dans une situation "catastrophique"

Publié le 30/05/2024

Entre un manque structurel de personnel et une épidémie de choléra qui sature les urgences de leur établissement, les professionnels de santé du centre hospitalier de Mayotte alertent sur sa situation catastrophique. Plusieurs décès évitables ont notamment été recensés.

Les services d'urgences des hôpitaux de Pontoise et de Thionville actent un retour à la normale.

« Récemment, on nous a signalé un arrêt cardiaque. Aucun médecin n'était disponible, on n'a pas pu intervenir », déplore un infirmier du CH de Mayotte. Les témoignages alarmants de soignants de l’établissement se multiplient. Un médecin fait ainsi état d’un établissement dans une situation « catastrophique », faute d’effectifs suffisants. Les services d’urgences, notamment, tournent désormais avec 5 médecins pour 37 postes d’urgentistes. Conséquence : des décès qui « pourraient être évités », dénonce un médecin, avec des retards de prise en charge « à tous les niveaux ». « Le service des urgences fonctionne en mode dégradé », reconnait Jean-Mathieu Defour, le directeur général de l’hôpital. Le plan blanc a ainsi été déclenché depuis un an et demi, l’établissement ayant dû suspendre les activités non-urgentes afin de « recentrer les ressources médicales et paramédicales ». Les appels aux 15 sont régulièrement transférées à La Réunion.

Une deuxième victime du choléra

Déjà particulièrement tendue, la situation s’est aggravée avec l’épidémie de choléra qui s’est déclenchée à la mi-mars. Depuis, la maladie a touché 122 personnes, selon les derniers recensements, et fait une deuxième victime : une femme de 62 ans habitant Mamoudzou. Ce décès aussi aurait pu être évité, assure un infirmier. La patiente, qui s’était présentée la veille de sa mort, avait été renvoyée chez elle « parce que son état, à ce moment-là, n’entrait pas dans les critères de prise en charge », fait valoir de son côté Jean-Mathieu Defour. Une analyse des faits a été lancée.

Le CH a fermé son unité d’hospitalisation de courte durée afin d’accueillir les cas de choléra Une décision qui a nécessairement des impacts sur le service d’urgence, « puisqu’il n’y a plus de sas avec les autres services », explique-t-il. Les cas de choléra les moins urgents sont, eux, orientés vers les centres médicaux périphériques, où les conditions de prise en charge ne sont toutefois pas les mêmes qu’à l’hôpital. « Il n'y a aucun urgentiste dans les dispensaires, seulement des médecins généralistes. Et parfois les patients y sont maintenus jusqu'au petit matin alors que leur état de santé se dégrade », relate le médecin du CH.

Un hôpital confronté à une crise durable d'attractivité

« La situation est compliquée », concède le directeur, tout en assurant que l’établissement reste en mesure de prendre en charge les patients qui se présentent aux urgences. Une obligation : impossible d’envoyer les patients vers d’autres établissements, le CH étant le seul hôpital de l’île. « Mayotte est un territoire en crise permanente, ce n’est pas du tout attractif », souligne-t-il. Les soignants, eux, pointent également un problème de « management », qui freine les recrutements. « Il n'y a aucune organisation. On nous dit tout et son contraire. Ça a poussé près de 20 personnes à partir ces derniers mois », affirme ainsi un infirmier. Dans ces conditions, certains professionnels songent à faire exercer leur droit de retrait, poursuit-il. « Tout le monde est dégoûté. On nous maltraite et on est en train de maltraiter les patients, parce qu'on n'a pas le choix

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com