À Mayotte, le nombre de cas de choléra poursuit sa progression : de 67 recensés au 14 mai dernier, il était passé à 85 trois jours plus tard selon les chiffres actualisés de Santé Publique France. Un chiffre qui pourrait toutefois être bien sous-estimé, prévient Convergence Infirmière, qui alerte sur les conditions dans lesquelles doivent exercer les infirmiers libéraux (IDEL) de l’île.
Inquiétude grandissante chez les IDEL de l'île
Pour être recensés, encore faut-il que les malades puissent en effet consulter. Or « avec un hôpital unique saturé et en crise depuis plusieurs mois, un dispositif de santé en ville et en libéral bien en-dessous des besoins fondamentaux de la population », il est déjà très difficile en temps normal pour les habitants de Mayotte d’avoir accès à un professionnel de santé. Les obstacles sont encore plus nombreux pour les étrangers en situation irrégulière. L’épidémie de choléra vient donc aggraver une situation d’ores et déjà tendue. La visite du ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, les 9 et 10 mai derniers, n’a donné lieu à aucune annonce pour soulager les inquiétudes des infirmiers libéraux qui interviennent aux domiciles des patients. « Le danger est pourtant bien là au quotidien mais toujours pas les moyens sur le terrain », s’agace ainsi Convergence Infirmière, pour qui l’apparition de nouveaux foyers de contamination vient contredire les paroles rassurantes du ministre. De retour en métropole, celui-ci avait en effet assuré que la situation était « sous contrôle ».
Des mesures urgentes attendues
Face à l’inquiétude grandissante, le syndicat réclame la mise en place de plusieurs mesures urgentes, à commencer par une nouvelle distribution d’eau potable en bouteille « a minima dans les zones atteintes » par le choléra. Mayotte est en effet confrontée à une crise de l’eau potable qui s’est aggravée depuis le début de l’année. Côté professionnels, Convergence demande une « mise à disposition gratuite des vaccins aux IDEL volontaires (et autres soignants de l’ambulatoire) tels que les vaccins contre le choléra, la typhoïde et l’hépatite A » ainsi que la distribution d’un « kit choléra » (contenant savon, eau et sceau) pour se laver les mains. Une « dotations spéciale IDEL » devrait également être accordée afin que les professionnels volontaires puissent s’équiper en accord avec les consignes du centre 15 (kit de perfusion avec solutés, SRA, pst de première intention, ampoule de G30%), ainsi qu’ « une garantie de l’État pour la continuité des soins des personnes étrangères attendant une décision sur leur demande de titre de séjour. Cette attente peut durer plusieurs mois, sans accès à des médicaments ni à tous les professionnels et services nécessaires à la bonne prise en charge des pathologies chroniques. »
Plus largement, le syndicat réclame la « création immédiate » de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) de Mayotte afin que les IDEL de l’île puissent s’accorder sur les mesures et actions dont ils ont besoin, ou encore une élaboration rapide de protocoles collaboratifs fondés sur l’Article 51. « La mise en place immédiate de mesures de crise à l’instar des mesures déployées lors de la pandémie de la COVID 19 » est également jugée indispensable. « Les infirmières et les infirmiers libéraux côtoient quotidiennement la précarité sociale et sanitaire et s’investissent au plus près de leurs patients et de l’ensemble de la population de Mayotte », rappelle Convergence Infirmière en conclusion.
LÉGISLATIVES
Un infirmier libéral dénonce le « harponnage de procuration »
SYNDICAT
Réingénierie du métier infirmier : la première mouture du référentiel est sur la table
PROTESTATION
Colère des IDEL : la Fédération nationale des infirmiers lance "un avertissement au gouvernement"
IDEL
Infirmiers libéraux et familles : des relations complexes à gérer