En 2023, les vagues de chaleur ont provoqué la mort d’environ 50 000 personnes en Europe, estiment une étude de l'Institut de Barcelone pour la Santé Globale (ISGlobal), publiée lundi 12 août dans la revue Nature Medicine. Le chiffre est toutefois à relativiser : les auteurs évoquent plutôt une fourchette basse de 30 000 et une fourchette haute de 65 000 décès. Réalisée à partir de données provenant de 35 pays, l’étude avait pour objectif de déterminer le nombre de décès potentiellement évités grâce à l’adaptation des sociétés face aux épisodes de fortes chaleurs. Les chercheurs ont ainsi estimé que « le poids de la mortalité provoquée par les hausses de températures aurait pu être 80% plus important en l’absence des adaptations actuelles, en particulier chez les personnes âgées (+100,7% chez les personnes de plus de 80 ans. » De nombreux pays européens, note-t-elle, ont pris la mesure du danger lors de la canicule de 2003, qui avait été particulièrement meurtrière chez les plus âgés : on estime qu’elle avait alors causé la mort de près de 70 000 personnes. En France, la canicule a ainsi provoqué 3 500 décès en 2023.
C’est un peu moins que l’estimation qui a été faite par Santé publique France dans son bilan canicule : selon l’agence, « le nombre de décès toutes causes attribuables à la chaleur » s’est élevé « à près de 1500 décès pendant les 4 épisodes de canicule et à plus de 5000 décès durant toute la période de surveillance de l’été. » 20 000 recours aux soins d’urgence avaient également été comptabilisés, soit un chiffre qui tend à augmenter « de manière rapide et sensible dès que les températures s’élèvent ».
Vigilance sur les personnes âgées
Une augmentation que Santé publique France constate d’ores et déjà pour l’année 2024, notamment à la suite de l’épisode caniculaire qui a touché 8 régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur) entre le 28 juillet et le 4 août. Dans son point hebdomadaire du 7 août 2024, elle précise que « les personnes âgées de 75 ans et plus sont principalement concernées par les passages aux urgences (51 %) et les hospitalisations (66 %), mais toutes les classes d’âges sont concernées par les impacts de la chaleur sur la morbidité. » L’exposition à la chaleur provoque aussi des atteintes cardiovasculaires, respiratoires, rénales, psychiatriques (avec un effet pouvant perdurer dans les 3 à 10 jours suivant l’exposition), etc. pouvant parfois conduire au décès, ajoute l’agence.
De quoi pousser l’ Association des Directeurs au service des Personnes Âgées (AD-PA) à alerter sur la nécessité d’augmenter les moyens d’accompagnement et de prise en charge dans les établissements et services de prises en charge à domicile. Elle dénonce dans un communiqué le manque de réaction de la part de l’État, qui n’a annoncé aucune mesure supplémentaire. Elle pointe dans un communiqué le manque de ressources humaines, malgré l’implication de professionnels « pleinement mobilisés et aguerris ». « Les personnes âgées qu’ils accompagnent sont donc beaucoup plus en difficulté pour accéder à des lieux climatisés et par conséquent en risque beaucoup plus significatif d’être hospitalisées, voire décéder de ces vagues de chaleur répétées », s’inquiète-t-elle.
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