«Ça a commencé par des sueurs en pleine nuit, et les jambes qui flageolent. Au début, j'ai mis ça sur le compte des changements brutaux de météo. Jusqu'à ce qu'une collègue me dise : attention, le Covid revient ! J'étais d'abord étonnée, mais je suis allée me faire tester après le travail, et c'était positif à mort», raconte Rita, une Francilienne de 40 ans. «C'est mon deuxième Covid, et je tousse énormément, sachant que j'ai un terrain asthmatique», ajoute-t-elle.
Plus de quatre ans après le début de la pandémie, plusieurs signaux d'une circulation croissante convergent, comme dans d'autres pays d'Europe. A l'hôpital ou en médecine de ville, «les recours pour suspicion de COVID-19 continuent leur augmentation depuis huit semaines», même s'ils restent encore modestes, a observé Santé publique France mercredi. Une hausse «de plus en plus marquée», autant pour les passages aux urgences (+52% sur une semaine) que chez SOS Médecins (+51%, avec 1.507 actes du 3 au 10 juin). Les eaux usées, où la présence du Sars-CoV-2 est surveillée dans 12 stations, montrent aussi une nette progression de la circulation virale depuis un mois.
«Après une longue période de faible activité», plusieurs pays européens connaissent un rebond épidémique depuis quelques semaines, a rapporté récemment le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). «La remontée était prévisible», a jugé Mircea Sofonea, épidémiologiste à l'université de Montpellier et au CHU de Nîmes.
En cause: «un déclin immunitaire» de la population, mais aussi «un échappement immunitaire» des nouveaux sous-variants du virus, tous membres de la lignée Omicron JN.1, selon cet expert. La protéine Spike, qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer les cellules de l'hôte, semble connaître des mutations clefs dans ces variants.
Attention au cocktail des JO
«Il n'y a pas d'éléments à notre connaissance pour que cette nouvelle vague cause un impact sanitaire plus important que les deux précédentes», selon Mircea Sofonea. Rien ne suggère une sévérité accrue des variants actuels, dont un nouveau dérivé d'Omicron, appelé KP.2 et surnommé «FLiRT», détecté en Europe et aux Etats-Unis. Si, depuis mai 2023, l'Organisation mondiale de la santé ne considère plus la pandémie comme une urgence sanitaire mondiale, elle rappelle régulièrement que le SARS-CoV-2 «continue de circuler et d'évoluer». Le risque demeure d'un variant plus dangereux.
«L'évolution d'Omicron depuis fin 2021 nous montre à quel point l'évolution du SARS-CoV-2 est loin d'être linéaire : des lignées plus anciennes refont surface à la faveur d'un saut évolutif important, puis se diversifient, se recombinent», a noté l'épidémiologiste.
Et si le SARS-CoV-2 a le potentiel de devenir saisonnier, selon plusieurs experts, ce n'est pas encore d'actualité.
Les vaccins, très protecteurs contre les formes graves
Au fil du temps et des vagues, la répercussion du Covid sur les hospitalisations et les décès s'est cependant fortement amenuisée, grâce au niveau élevé d'immunité acquise par la vaccination et/ou les infections. Mais elle n'est pas nulle, et les Covid longs s'y ajoutent.
Si les vaccins perdent, au fil du temps, en efficacité face aux infections, ils restent très protecteurs contre les formes graves, martèlent les autorités sanitaires. Une nouvelle campagne, ciblée sur les plus de 80 ans et les plus fragiles, a ainsi démarré mi-avril en France. Pour mieux coller aux mutations du virus, l'OMS a recommandé fin avril des formulations ciblant la lignée JN.1 pour les futurs vaccins anti-Covid. Le masque reste recommandé, notamment en cas de symptômes, dans les lieux fréquentés et en présence de personnes vulnérables. Et la prudence reste de mise pour les Jeux olympiques. Car le cocktail de «brassage, promiscuité, contexte convivial favorise la transmission du SARS-CoV-2, comme des autres virus respiratoires», a rappelé Mircea Sofonea.
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