Trois mois après les élections législatives anticipées, Michel Barnier, le Premier ministre récemment nommé, a présenté son nouveau gouvernement. Geneviève Darrieussecq remplace ainsi Catherine Vautrin au ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, qui retrouve donc sa pleine autonomie. Médecin allergologue de formation, cette figure du MoDem a participé aux gouvernements successifs constitués sous Emmanuel Macron : secrétaire d’État au ministère des Armées durant le gouvernement d’Édouard Philippe, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants entre juillet 2020 et mai 2022 sous Jean Castex, puis ministre déléguée chargée des Personnes handicapées sous Elisabeth Borne. Auparavant, elle avait occupé la fonction de conseillère régionale d’Aquitaine (de 2004 à 2015) et de maire de Mont-de-Marsan (entre 2008 et 2017). Le ministère des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes a, lui, échu à Paul Christophe, député Horizons et anciennement président de la commission des affaires sociales.
Les chantiers de la nouvelle ministre de la Santé sont nombreux. Et pressants. Il y a d’abord l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, à haut risque au vu du déficit des comptes sociaux. Alors que l’hôpital est en crise et manque cruellement de moyens, les arbitrages budgétaires pourraient être violents pour l’ensemble des acteurs. Elle aura aussi à s’emparer du projet de loi sur la fin de vie, particulièrement délicat et qui avait été mis au rebus à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. La ministre souhaitera-t-elle relancer le débat ?
L'urgence d'un hôpital en crise
Ce qui est sûr, c’est que du côté des professionnels, les attentes sont fortes. De même que les inquiétudes. « Les infirmières attendent des actes », a ainsi réagi le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), qui rappelle que Geneviève Darrieussecq est… la huitième ministre de la Santé sous Emmanuel Macron. Et pendant ce temps, « les hôpitaux sont à bout de souffle. Chaque jour, les soignants affrontent des services surchargés, des urgences débordées et un manque de soignants qui semble n’avoir aucune fin », alerte le syndicat. Un discours que reprend, en termes plus mesurés, la Fédération hospitalière de France (FHF). La situation actuelle de l’hôpital « exige des réformes d’envergure », que ce soit au niveau des soins que de leur financement, défend-elle. Le déficit des établissements pourrait en effet doubler en 2024 par rapport à 2022, alertait récemment le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’Assurance maladie, et dépasser les 2 milliards d’euros. La FHF rappelle donc « l’impérieuse nécessité d’un effort budgétaire significatif d’abord en rectifiant de 1,9 milliard d’euros supplémentaires l’ONDAM 2024, puis en sanctuarisant une hausse de l’ONDAM 2025 de l’ordre de 6,3 milliards d’euros pour les établissements de santé. »
Les infirmiers en attente de réformes fortes
Et chez les infirmiers libéraux, c’est l’ouverture de négociations conventionnelles que l’on juge urgente. « Les cessations d’activité n’ont jamais été aussi nombreuses. Il faut redonner du sens à notre métier, redonner confiance aux IDEL pour que les patients puissent continuer à trouver des soignants sur tout le territoire », a alerté Convergence Infirmière dans un communiqué, appelant à rapidement « aboutir sur la mise en place de la consultation en soins infirmiers. »
Côté Ordre national des infirmiers (ONI), enfin, on réclame une urgente « reconnaissance » et une « évolution » des compétences des infirmiers, dans un contexte de difficulté d’accès aux soins. « Des mesures concrètes peuvent être mises en œuvre rapidement », rappelle-t-il dans un communiqué, ciblant notamment la publication des textes encadrant la primo-prescription et l’accès direct aux infirmiers de pratique avancée (IPA), toujours en attente. Il s’agit également de reprendre les travaux sur la refonte du métier, « indispensable pour valoriser et reconnaître les 640 000 infirmier(e)s qui interviennent chaque jour auprès des patients ».
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