Face à l'Ordre, les IDEL remontent leurs revendications

Lourdeur administrative, refonte du métier, violences contre les professionnels… Convergence Infirmière, syndicat d’infirmiers libéraux (IDEL), s’est récemment entretenu avec Sylvaine Mazière-Tauran, la présidente récemment élue de l’Ordre national des infirmiers (ONI). L’occasion pour Ghislaine Sicre, la présidente du syndicat, et Judicaël Feigueux, son vice-président, de faire part « de nombreuses problématiques signalées par les IDEL et d’émettre un certain nombre de propositions pour améliorer le quotidien des professionnels ».

Des craintes d'inégalité et de concurrence avec les autres professions

Au premier rang desquelles les conditions d’exercice en ville, en particulier en cabinet. Convergence Infirmière a ainsi pu faire remonter le sujet des IDEL qui exercent sans pour autant disposer d’un cabinet physique et celui des irrégularités en matière de signalétique et de publicité. La pratique de la publicité est en effet très encadrée par le code de déontologie infirmier. Or le syndicat a soulevé des inégalités de traitement avec les pharmaciens, au détriment de la profession infirmière : « les infirmières et les infirmiers libéraux ne disposent pas des mêmes possibilités publicitaires que les pharmaciens pour le bilan de prévention et la vaccination. » Fin octobre 2023, l’autorisation accordée aux pharmaciens de vacciner à domicile avait notamment suscité l’ire des syndicats d’IDEL.

« La question du compérage avec les difficultés liées aux salles d’attente communes a été soulevée tout comme la nécessité d’être extrêmement vigilant quant à l’exercice illégal de la profession », ajoute Convergence infirmière, qui vise ici notamment certains aides-soignants, qui exerceraient en libéral « sous couvert du statut d’auxiliaire de vie ». Là encore, les récentes évolutions envisagées pour les aides-soignants (formation accélérée pour devenir infirmier, possible création d’un statut d’indépendant) font craindre une dévaluation du métier d’infirmier ainsi que l’instauration d’une concurrence tarifaire qui nuirait aux IDEL.

Autres sujets remontés : la question du zonage et la situation des remplaçants réguliers dans les zones surdotées, le syndicat encourageant l’ONI à introduire la notion de repos en matière de remplacement dans ses textes, mais surtout celle des violences physiques et sexuelles, croissantes, dont sont victimes les IDEL. Enfin, Convergence infirmière a pu remettre sur la table les incohérences d’un bilan de soins infirmiers (BSI) qui ne lui paraît toujours pas adapté, en particulier pour la prise en charge des patients très dépendants. « Cet entretien nourri et direct a donc permis de poser un certain nombre de sujets importants sur la table », en conclut le syndicat, qui espère qu’il permettra d’apporter des solutions facilitant le quotidien des professionnels sur le terrain.