Ce sont 142 propositions pour commencer. La FHF a fait part d'une première salve de pistes concrètes pour répondre à l'urgence du secteur psychiatrique, qui connaît une crise profonde. Lors d'une conférence de presse donnée mardi 2 avril à l'hôpital de Ville-Evrard, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), l'institution a présenté son livre blanc, fruit de travaux de réflexion engagés il y a plusieurs mois pour dresser un diagnostic chiffré des capacités, des ressources humaines, de l'accès aux soins et de l'offre de soins. La FHF a chargé un groupe d'une trentaine de professionnels de formuler des propositions, dont le premier volet porte sur l'organisation territoriale des soins, les parcours de prise en charge et l'amélioration de l'attractivité des métiers. Le second volet (qui sera présenté cet été), portera sur la recherche en psychiatrie, la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent ou encore les droits des patients.
Les 230 hôpitaux publics qui assurent une activité de psychiatrie prennent en charge 85% des patients suivis en établissement
Assurer une permanence des soins entre les secteurs public et privé
Parmi les 142 propositions du «premier volet» de son livre blanc, la FHF appelle les agences régionales de santé (ARS) à réaliser «une cartographie précise» des réalités territoriales, pour définir des «priorités de santé publique».
Elle suggère de partager plus équitablement la permanence des soins (gardes) entre secteur public et secteur privé. «En France, les 230 hôpitaux publics qui assurent une activité de psychiatrie prennent en charge 85% des patients suivis en établissement» (ambulatoire, visites à domicile, hospitalisation de jour, complète, secteur fermé...) jouant ainsi un rôle «prépondérant», a rappelé le président de la FHF, Arnaud Robinet (Source juin 2023-FHF). La proposition est aussi de «structurer les liens avec les urgences générales», souvent la «porte d'entrée vers la psychiatrie», en y garantissant la présence «d'équipes psy», composées au moins d'infirmiers spécialisés.
CMP : élargir les catégories de professionnels qui assurent cet accueil aux psychologues et aux IPA.
Le rôle des CMP (centres médico-psychologiques), qui jouent un rôle crucial dans le dépistage précoce, doit être «renforcé», juge la fédération, qui propose «d'élargir les catégories de professionnels qui assurent» cet accueil aux psychologues et infirmières de pratique avancée (IPA).
Le développement d'équipes mobiles spécialisées, qui «vont vers» certaines populations, notamment âgées ou précaires, pourrait aussi «désengorger» les services, estime-t-elle.
A l'hôpital, la FHF appelle à mieux «documenter les écarts» de pratiques entre établissements, «préserver» une offre de lits minimale en pédopsychiatrie, préférer les chambres individuelles, ou encore renforcer les liens avec la médecine libérale.
Donner des primes d'intéressement aux professionnels qui choisissent les unités difficiles
Consolider la formation et revaloriser le métier
Pour améliorer «l'attractivité» des métiers, elle préconise encore de consolider la formation des infirmiers avec des cours et stages en psychiatrie, d'augmenter la rémunération des IPA et des psychologues, mais aussi de valoriser les soignants qui travaillent dans les unités les plus difficiles. «Nous sommes convaincus par la valeur-ajoutée des infirmières de pratiques avancées, mais ce sont souvent des IPA qui remplacent des infirmières sur les postes, or aujourd'hui, nous aimerions que ces postes soient bien des postes supplémentaires. A Ville-Evrard, elles sont surtout mobilisées sur l'ambulatoire. Elles sont en autonomie auprès de patients chroniques stabilisés, mais leur rôle de coordination est également fondamental, tout comme leur mission de recherche en soins», ont précisé les équipes hospitalières de l'établissement.
Parmi les propositions encore : la FHF préconise de donner des primes d'intéressement aux professionnels qui choisissent les unités difficiles, une manière de redonner du sens au travail et de fidéliser les soignants.
Plus d'un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements publics
Déficit de soignants et manque de moyens
Malgré les besoins, le secteur fait face à une crise sérieuse. Entre 2013 et 2021, le nombre de jours d'hospitalisation complète a baissé de 15%. Le déficit de psychiatres et de professionnels paramédicaux conduit aussi à des difficultés majeures pour trouver des lits d'hospitalisation pour les patients. L'enquête menée en juin 2023 par la FHF auprès des établissements publics de santé mentale révèle que plus d'un quart des postes sont vacants dans 40% des établissements publics et 7% en moyenne des lits de psychiatrie étaient fermés en 2023, selon la FHF. Enfin, le nombre de patients pris en charge à l'hôpital public a augmenté de 7% entre 2014 et 2022. Arnaud Robinet a donné rendez-vous cet été pour le deuxième volet de ce travail.
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