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RECHERCHE

Le printemps angevin de la recherche en soins

Publié le 25/04/2013

Le pari n’était pas gagné car la recherche peut au premier abord rebuter les soignants du terrain non initiés. Pourtant, le succès fut bien au rendez-vous des 1res Journées francophones de la recherche en soins (JFRS) qui se sont déroulées mi-avril à Angers. Retour sur les temps forts de cette rencontre inédite qui marque ainsi un tournant majeur dans l'appropriation de cette nouvelle « discipline » par la communauté soignante tout entière.

« Ce congrès s'inscrit dans le sens de l'histoire et sous les meilleurs auspices (…). Par ce congrès, Angers soutient une dimension importante de la recherche, sa diffusion auprès du plus grand nombre et fait vivre la culture de la qualité optimale », a déclaré Yann Bubien, directeur du CHU d'Angers, particulièrement impliqué dans le développement de la recherche paramédicale et instigateur des 1res Journées francophones de la recherche en soins (JFRS) qui ont rassemblé les 11 et 12 avril 2013 près de 500 participants (étudiants, chercheurs, futurs chercheurs paramédicaux, soignants, praticiens, décideurs) issus de tous horizons.

« Être curieux, trouver des solutions partageables, être bien formé ... Les principes de base pour la recherche infirmière. »

« Il n’y a pas de petite recherche ni de petite idée »

Ces journées s’inscrivent dans un vaste mouvement d’affirmation de la nouvelle génération de paramédicaux et de reconnaissance de leur expertise : « Nos journées doivent motiver les professionnels pour aller de l'avant, oser écrire, oser penser différemment. Il n'y a pas de petite recherche ni de petite idée. Nous voulons leur montrer qu'en respectant les standards méthodologiques et les principes éthiques, ils peuvent porter plus haut leurs connaissances, et devenir des soignants proactifs éclairés, de véritables partenaires scientifiques des équipes », a assuré Marie-Claude Lefort, directeur des soins, coordonnateur général du CHU d'Angers et présidente du comité scientifique des ces 1res JFRS. « Pour grandir encore, la profession (infirmière, NRDL) doit être capable de s’interroger sur ses pratiques et d’en mesurer l’impact sur la santé de la population. La profession doit être capable de produire des savoirs et de les utiliser. La profession grandira par la recherche », a également précisé Monique Rothan-Tondeur, docteur en santé publique, professeur, titulaire de la chaire recherche infirmière et responsable de l’équipe émergente de recherche infirmière AP-HP/EHESP.

« Ne pas opposer recherche clinique médicale et recherche paramédicale, favoriser l'émergence d'une culture commune de recherche. »

Retard de la France en la matière

Certes, la France connaît un retard en matière de recherche en soins, a contrario d’autres pays où elle est déjà assez développée (Amérique du Nord, du Sud, Australie, Japon, Grande-Bretagne, pays scandinaves, Liban, Suisse, Belgique). Toutefois, le contexte français s'avère aujourd’hui plus propice à son développement : lancement en 2010 du premier Programme hospitalier de recherche infirmière (PHRI), suivi depuis du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), universitarisation des filières de formation paramédicale et délivrance, en juillet 2012, du grade de licence aux infirmiers, augmentation continue du nombre d'infirmiers titulaires d'un doctorat depuis 2011, coopérations entre professionnels de santé, développement de nouvelles fonctions d’infirmiers cliniciens, experts en pratiques avancées, création d'un groupe d'hôpitaux promoteurs de la recherche, développement des maladies chroniques et vieillissement de la population rendant nécessaire une réorientation de la recherche en santé...

« La question de la valorisation individuelle des paramédicaux qui s'investissent dans la recherche en soins doit être posée... »

Forte dynamique initiée

Le programme de cette 1re rencontre francophone s’est articulé autour de conférences plénières, de huit ateliers déclinés via quatre dimensions (expertise clinique, pédagogie, méthodologie, management et stratégie), des cinquante posters retenus exposés - et primés - et d’une table ronde qui a tenté de préciser ce que l’on entendait derrière la recherche en soins. « Levier de changement, la recherche paramédicale peut se définir comme une compétence singulière qui associe expertise clinique individuelle, connaissances scientifiques issues de l’Evidence Based Practice (EBP)1 et respect de l’avis du patient, sachant qu’in fine, ce patient unique, éclairé par les informations et les invitations de l’équipe, sera seul juge de ce qui est réellement bénéfique et salutaire pour lui », ont rappelé les organisateurs.

Au-delà des controverses, les intervenants experts ont tenté d’éclairer les participants sur leur vision actuelle de la recherche en soins en France et dans le monde francophone, et sur ses perspectives de développement à court et moyen terme. Recherche disciplinaire ou interdisciplinaire, sciences infirmières (au singulier ou au pluriel), sciences paramédicales ? En utilisant quels outils, quelles méthodologies ? Sans apporter de réponse uniforme, ils ont surtout donné des conseils, une direction, un cadre et plus largement initié une dynamique chez ceux tenter par l’aventure de la recherche. Comme l'a ainsi rappelé le Pr Alain Mercat, responsable scientifique, délégation à la recherche clinique et à l’innovation, CHU d’Angers, « il ne faut surtout pas s'arrêter aux freins de la méthode et des outils, car la recherche c'est comme le vélo, la meilleure méthode pour apprendre c'est de se lancer ». Et « si les infirmières ne prennent pas le champ de la recherche en soins, les médecins le prendront en tout cas sur le champ des sciences dures », a-t-il renchéri. Mais si « on n'apprend pas à faire de la recherche dans les livres, des formations a minima sont pour autant nécessaires afin de comprendre le projet de recherche », a toutefois précisé Chantal Eymard, présidente du PHRIP 2012, maître de conférences, université Aix-Marseille.

Des formations, donc, pour savoir comment s’y prendre mais aussi et surtout des échanges informels entre pairs ou en interdisciplinarité pour passer de l’intention à la pratique de la recherche. C'est ce qui s'est passé entre participants et intervenants, entre novices et chercheurs confirmés lors de ce « printemps angevin » de la recherche en soins, grâce à la très forte implication des équipes soignantes du CHU. Rendez-vous dans deux ans pour les 2es rencontres qui se tiendront les 9 et 10 avril 2015 à Angers. D’ici là, il reste à chaque soignant intéressé de transformer l’essai sur le terrain.

  • A noter - L'essentiel des posters exposés lors de ces 1res JFRS, tout comme la majorité des diaporamas réalisés par les intervenants et les photos prises seront déposés au fur et à mesure sur le blog http://jfrs-blog-chu-angers.blogspot.fr/, déjà ouvert mais encore en cours de construction.

 

Valérie HEDEF-CAPELLE Journaliste valerie.hedef@orange.fr


Source : infirmiers.com