« Un mois plus tard, nous restons sans réponse de votre part : votre silence est assourdissant» , fustigent ces personnels parmi lesquels 400 chefs de service, l'ensemble des sociétés savantes de pédiatrie et également, Charles Eury, président du collège des infirmier(e)s puéricultrices(teurs).
« J’ai signé cette tribune car la situation ne peut tout simplement plus durer. Chaque année on est confronté au même problème : cette fois, une crise vient s’ajouter à une situation déjà très dégradée», explique-t-il. Malgré « un certain changement dans les discours», la réponse, dans les actes, n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
On nous annonce des assises de la pédiatrie au printemps mais c’est aujourd’hui qu’il nous faut des réponses ! Il faut des changements de fond pour l’enfant, maintenant.
Déjà une perte de chance
« Est-ce qu’il faudra qu’une prise en charge se passe mal pour que les pouvoirs publics, enfin, réagissent ? J’ai envie de vous répondre que les prises en charge se passent déjà mal», assure Charles Eury. « Quand on transfère des enfants à des centaines de kilomètres, quand les enfants retournent à domicile plutôt que d’être hospitalisés, faute de place … on est déjà dans des pertes de chance. Et je ne vous parle pas des conditions d’exercice des professionnels dans toute cela», se désole-t-il.
Quel que soit le secteur, quand on parle de l’enfance, on a du mal à se faire entendre. C’est un angle mort.
Il n'existe pas de parcours de santé pour l'enfant aujourd'hui en France
« On traite toujours l’urgence mais l’enfance c’est aussi de la prévention, c’est un parcours de soin digne de ce nom : aujourd’hui il n’existe pas de parcours de santé spécifique pour l’enfant - on va chez le pédiatre - quand on en trouve un et voilà», résume Charles Eury.
«On a été reçu par des conseillers du cabinet du ministre François Braun et par Jean-Christophe Combe (Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées) hier, qui nous disent que les réflexions sont en cours. Ce n’est pas responsable ! La réalité, c’est qu’on ne peut pas attendre le printemps 2023. C’est maintenant qu’il faut agir ! Il y a un consensus sur le problème et sur les solutions. Maintenant nous attendons des réponses concrètes, fortes et immédiates».
Les tribunes se ressemblent et n'aboutissent pas ...
Le 21 octobre, quelque 4 000 soignants avaient déjà interpellé le président de la République dans une lettre publiée par le Parisien où ils dénonçaient la saturation des services de pédiatrie avec des « enfants quotidiennement en danger» sur fond d'épidémie précoce de bronchiolite.
« L’épidémie annuelle de bronchiolite s’est transformée en un mauvais remake de la pandémie de Covid-19», constatent amèrement les soignants dans leur nouvelle tribune en mettant en avant les mêmes maux, perte de sens et manque de personnels. «Votre gouvernement empile les enveloppes et les mesures d’urgence temporaires au fil de la catastrophe, et remet en cause les constats unanimes des soignants et des patients», s'agacent-ils, alors que l'exécutif a promis 400 millions d'euros de nouvelles mesures pour soulager les services concernés.
Les futures assises de la pédiatrie et l'installation d'un comité d'orientation ad hoc le 7 décembre ne satisfont pas non plus les 10 000 signataires. Face à une situation qui s'est encore dégradée par rapport à octobre, les soignants réclament à Emmanuel Macron de s'engager personnellement et de mettre en oeuvre une batterie de mesures catégorielles : reconnaissance de la spécificité et de l’expertise de la pédiatrie, plafond du nombre de patients par infirmière et infirmier, respect des temps de repos et des temps de formation, meilleure indemnisation du travail de nuit et de week-end, mesures ciblant la formation des jeunes engagés dans les métiers du soin, etc.
«La crise actuelle pousse aux démissions toujours plus nombreuses. Dos au mur, la France saura-t-elle sauver ses enfants ?» concluent les soignants.
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