Formation complémentaire trop courte, flou total sur ses modalités, absence de mesures de contrôle et de sanction… : le décret sur les mesures transitoires publié fin octobre 2024 dans le Journal officiel, qui suscite la méfiance, voire la colère, des infirmiers de bloc opératoire (IBODE) ne passe pas non plus auprès de l’Ordre national des infirmiers (ONI). Dans un communiqué, il exprime sa « profonde inquiétude » au sujet d’un dispositif qui porterait atteinte « à la reconnaissance de la spécialisation ».
Il pointe ainsi une formation complémentaire, fixée à un an par le décret, qui serait insuffisante et qui ne garantirait pas « l’acquisition des compétences techniques indispensables pour réaliser » l’ensemble des actes IBODE « en toute sécurité ». Plus largement, le texte dénote un manque de préparation autour du dispositif qui s’avèrerait particulièrement préjudiciable pour la spécialité, notamment car, en compromettant la reconnaissance des compétences spécifiques de ces professionnels, il nuirait nécessairement à son attractivité.
Une révision du texte jugée nécessaire
Appelant État et employeurs à s’engager à développer activement et à financer les formations IBODE, l’ONI demande également au ministère de la Santé de suspendre l’entrée en vigueur du texte dans sa forme actuelle et d’en entamer une révision. Il juge en effet essentiel d’y voir intégrées une limitation stricte dans le temps du dispositif ainsi et du nombre d’actes concernés. À l’origine, seuls 3 actes exclusifs IBODE (aide à l’exposition du patient, à l’hémostase et à l’aspiration) étaient visés par ces mesures transitoires ; en février 2023, contre l’avis de la profession, le dispositif avait été étendu à l’ensemble des actes IBODE.
L’ONI réclame de plus « un programme de formation adapté au niveau de compétences attendu des IBODE » pour les infirmiers qui bénéficient d’une autorisation temporaire d’exercer au bloc, et un plan de formation et de financement permettant d’augmenter les effectifs des IBODE. C’est justement pour pallier le manque de professionnels dans les blocs qu’a été imaginé le dispositif des mesures transitoires. Enfin, l’Ordre insiste sur « l’obligation pour les employeurs de financer et de garantir la formation IBODE des IDE sous ce dispositif, accompagnée de contrôles stricts et de sanctions en cas de non-respect. »
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