IBODE

La formation d'IBODE en voie d'universitarisation

Publié le 15/04/2022

Le Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP) a rendu un avis favorable à deux projets de textes relatifs à la réingénierie de la formation IBODE et à son universitarisation, dont les modalités seront mises en application dès le prochain mois de septembre.

Le sujet serait-il en passe de se débloquer ? Encore en discussion à la fin du mois de mars entre l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) et les organisations représentatives des chirurgiens et des infirmiers de bloc opératoire (IBODE), le dossier relatif à la réingénierie de la formation en grade master de ces derniers pourrait se concrétiser prochainement. Deux projets de décret et arrêté, dont nos confrères d’Hospimédia ont eu connaissance, ont été examinés jeudi 14 avril par le Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP), qui a rendu un avis favorable. En jeu : la nécessité de renforcer l’attractivité d’une spécialité actuellement en souffrance, la pénurie de professionnels ayant un rude impact sur l’organisation et le fonctionnement des blocs opératoires.

En voie d'universitarisation

Selon le projet d’arrêté, qui procède à la réingénierie, la formation passera ainsi de 18 mois à deux ans et donnera lieu à l’obtention du diplôme au grade master, délivré par les universités, avec enseignement théorique et pratique (1 645 heures en milieu professionnel, soit 47 semaines). Dans ce processus d’universitarisation, les écoles d’IBODE continueront de former les infirmiers qui se destinent à la spécialité et pourront également "préparer au diplôme d’Etat d’infirmier de bloc opératoire dans les disciplines chirurgicales en bloc opératoire, en secteurs interventionnels, en unité de stérilisation, d’hygiène et de logistique". Elles assureront la formation aux actes exclusifs et la formation continue pour les professionnels exerçant en bloc opératoire, en secteur interventionnel, en endoscopie, en unité de stérilisation et en unité d’hygiène.

 

Le projet de décret, lui, fixe les modifications réglementaires nécessaires à l’universitarisation du diplôme, qui s’obtiendra désormais par "la validation, en formation théorique et pratique et en milieu professionnel, des cinq blocs de compétences définis dans le référentiel de compétences". Une organisation en blocs qui facilitera également les modalités de la validation des acquis et de l’expérience (VAE) et "la mutualisation possible de certains enseignements transversaux communs à plusieurs formations paramédicales". L'enjeu de cette universitarisation est de taille, car celle-ci est indispensable si la profession veut prétendre à la pratique avancée, comme l'a recommandé l'IGAS dans son rapport publié au mois de janvier .

Quelles conditions d'accès à la formation ?

L’arrêté se penche également sur les conditions d’accès à la formation IBODE, pour l’ensemble des étudiants et apprentis (dossier d’admissibilité, entretien d’admission) ainsi que la composition du jury d’admission chargé des entretiens individuels des candidats et nommé par les directeurs des écoles. Les candidats seront ainsi notamment évalués par un chirurgien ou un IBODE justifiant d’une expérience d’au moins deux ans, et d’un cadre de santé IBODE formateur ou directeur de l’école ou d’IBODE titulaire d’un diplôme de niveau 7. D’une durée de 20 minutes, cet entretien doit permettre d’évaluer la capacité du candidat à s’exprimer et à ordonner ses idées pour argumenter de façon cohérente sur les éléments présentés dans le dossier d’admissibilité, d’apprécier les aptitudes et la capacité du candidat à suivre la formation et d’apprécier [son] projet professionnel et [sa] motivation, détaille l’arrêté, qui précise qu’une note inférieure à 10/20 sera "éliminatoire". Ces dispositions seront applicables pour les étudiants et alternants dès la rentrée de septembre 2022, ceux ayant entrepris leur formation avant cette date étant soumis aux dispositions antérieures. Les étudiants qui échoueront au diplôme auront toutefois droit à une deuxième session, un examen de leurs dossiers étant prévu en cas de nouvel échec pour élaborer un parcours de formation complémentaire.

La mise en application du master ne doit pas détourner notre attention et notre préoccupation principale qui est le projet des mesures transitoires

Un signal positif, mais des réserves

L’avis favorable rendu par le HCPP est un signe positif pour la profession, qui demandait de ses vœux une meilleure reconnaissance de ses compétences. Pour autant, alors que l'UNAIBODE et l'AEEIBO estiment dans un communiqué que cette nouvelle formation "facilitera les compléments de formation possibles pour les IDE en VAE en s'adaptant au référentiel de compétences" et voit en ces textes "une avancée pour la profession et une reconnaissance de [ses] compétences", le Collectif Inter-Blocs, lui, appelle à la prudence. En cause : les discussions autour des mesures transitoires , qui continuent de hérisser la spécialité. "En effet, rien ne sert d'avoir un diplôme en niveau master si les employeurs se contentent à l'avenir de délivrer à tour de bras des autorisations d'exercice des actes exclusifs IBODE aux collègues IDE sans mettre les moyens financiers pour les aider et accompagner dans le projet de formation à la spécialité IBODE", souligne-t-il dans un communiqué. Et de s’interroger également sur la possibilité de reconnaître le grade master aux anciens diplômés IBODE. "La mise en application du master ne doit pas détourner notre attention et notre préoccupation principale qui est le projet des mesures transitoires", conclut-il, estimant que "rien n’est acquis".

Journaliste audrey.parvais@gpsante.fr


Source : infirmiers.com