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Vaccination : les infirmiers libéraux haussent le ton !

Publié le 21/10/2014

L'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil), l'Ordre national des infirmiers (ONI) et le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) s'insurgent contre Marisol Touraine et son projet de loi prévoyant de donner aux pharmaciens le droit de vacciner.

Un bras de fer entre infirmiers et pharmaciens - Arbitrage : Marisol Touraine

Par communiqué de presse du 21 octobre 2014, l'Onsil (Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux) pousse un coup gueule à l'encontre de Marisol Touraine qui déshabille les infirmières pour rhabiller les pharmaciens. Elle estime que Ça suffit ! Jusqu’où Marisol Touraine osera-t-elle aller en matière de soins de ville ? Jusqu’où poussera-t-elle le bouchon ? Sa seule solution de réforme est-elle d’opposer les professions de santé entre elles ? Ce nouvel épisode de la loi de santé présentée la semaine dernière est insupportable. La vaccination anti-grippe dans les pharmacies : on croit rêver. On a compris depuis longtemps que la Ministre veut mettre les médicaments sans ordonnances dans les supermarchés, qu’elle veut réduire les marges des pharmaciens pour tenter de baisser le déficit de l’Assurance Maladie, mais à quel prix ? Elle n’a trouvé d’autre solution que de prendre des actes aux infirmières pour calmer le courroux des pharmaciens. Et d'ajouter : quelle vaste supercherie ! Les vaccinations anti-grippe sont aujourd’hui de deux types :

  • le premier, traditionnel, répond à une prescription médicale. La présence du médecin traitant dans le circuit est indispensable, y-compris dans les déserts médicaux ;
  • le second, réservé aux patients déjà vaccinés l’année précédente, ne fait intervenir que l’infirmière libérale, pour un montant de 6,30 euros. Nul besoin de la prescription du médecin, l’infirmière est seule responsable. Et ne parlons pas de déserts infirmiers, il n’y en a pas.

Merci donc aux pharmaciens de bien vouloir délivrer le vaccin, mais nul besoin pour eux de pratiquer l’injection. Après avoir vu naître pour eux la possibilité de réaliser de petits pansements, puis des surveillances de tension artérielle ou de glycémie digitale, des préparations de piluliers, ou encore du suivi des AVK, vont-ils s’exposer à un exercice illégal de la profession d’infirmière en faisant des piqûres ? Ça suffit !

Madame Touraine, si vous pensez que les infirmières libérales portent encore des cornettes et que vous pouvez les spolier impunément, prenez garde qu’elles ne se coiffent elles-aussi d’un bonnet rouge et ne mettent le feu à vos représentations locales pour vous montrer leur exaspération.

Pour l'Ordre infirmier, la vaccination est l'acte infirmier par excellence. Dans un communique daté du 21 octobre 2014, Didier Borniche, président de l'Ordre national des infirmiers (ONI), rappelle que l’ouverture depuis 2008 du droit pour les infirmiers de vacciner sans prescription médicale  a été une mesure très positive de santé publique. Elle a permis d’accroitre sensiblement la couverture vaccinale contre la grippe et de réduire la mortalité due à cette maladie chez des populations fragiles. Et d'ajouter que de nombreux rapports ont démontré la nécessité d’augmenter la couverture vaccinale face à d’autres maladies. Il est temps d’élargir encore ce droit des infirmiers à vacciner sans prescription médicale. C’est d’ailleurs une préconisation forte du rapport de l’Inspection générale des finances sur les professions réglementées récemment publié, qui a appelé non seulement à élargir les catégories de personnes que les infirmiers pourront vacciner contre la grippe mais aussi à autoriser les infirmiers à pratiquer d’autres types de vaccination. L’Ordre national des infirmiers fait cette même préconisation depuis plusieurs années.

De son coté, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), dans un communiqué daté du 22 octobre 2014, souligne que depuis une semaine, l’article 32 du projet de loi relatif à la santé prévoyant de donner aux pharmaciens le droit de vacciner, est au cœur de tous les débats. Tous ont déjà donné leur avis sur le sujet : les médecins généralistes, les pharmaciens, et, bien sûr, la Ministre de la Santé… Mais paradoxalement, pas encore les premières concernées par ce sujet : les infirmières libérales. C’est que, pendant ce temps, loin de toute cette agitation, les infirmières libérales, elles, agissent : ne cessant d’œuvrer afin que la campagne de vaccination anti-grippale qui vient de débuter soit un succès. Compétentes pour le faire, grâce à la formation reçue, mais aussi aux textes juridiques qui encadrent leur profession, les infirmières libérales ont, ainsi, même le droit de vacciner contre la grippe seules et en toute autonomie (c’est-à-dire sans médecin ni pharmacien derrière elles !) deux publics particulièrement fragiles : les personnes âgées de plus de 65 ans et celles atteintes de pathologies graves. C’est la preuve, qu’apparemment, l’Etat Français leur reconnaît une certaine compétence en la matière…. Il ajoute également que le ministère de la Santé est sourd aux arguments des professionnels de santé et à ceux des spécialistes ; mais aussi insensible au déficit de la Sécurité Sociale ; et, de plus, méprisant envers les infirmières libérales et le corps infirmier dans sa globalité… Car tous les observateurs l’ont bien remarqué : pour Mme Marisol Touraine, ce projet de vaccination par les pharmaciens n’a pas pour but d’ « enlever de prérogative » aux médecins . Quant à ce qui se passera pour les infirmières, si impliquées dans la vaccination ? Et bien pas un mot… Les 600 000 infirmières et infirmiers de France, dont 98 249 libérales, déjà meurtries par son silence assourdissant au moment du décès de l’une des leurs dans l’exercice de ses fonctions pendant cet été, apprécieront…

Rédaction Infirmiers.com


Source : infirmiers.com