Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

GRANDS DOSSIERS

Plaies cancéreuses : quel rôle pour l’infirmier libéral ?

Publié le 09/07/2018

Les infirmiers libéraux sont amenés à soigner les plaies cancéreuses de leurs patients. Ce type de soins, qui s’insère dans une prise en charge globale, requiert une technicité et une attention de chaque instant. Merci à la revue Avenir & Santé, revue de la Fédération nationale des infirmiers libéraux (FNI), pour le partage de det article.

C’est important pour le patient de se sentir en sécurité et de constater que les professionnels qui travaillent autour de lui sont en accord dans sa prise en charge.

Les plaies tumorales se définissent comme des plaies chroniques issues de tumeurs primitives ou métastasiques qui envahissent le tissu épithélial cutané. Ces deux types de plaies peuvent donner lieu à trois types de situations : des plaies superficielles, des plaies fistulisées ou tunnelisées qui nécessitent un méchage et des plaies extériorisées.

Une prise en charge globale

Avant de soigner la plaie, l’Idel doit en évaluer la taille, la profondeur et le stade. Généralement, les patients porteurs de ce type de plaies ont en parallèle un traitement par chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie, voire les trois ensemble, souligne Julien Maulde-Robert, infirmier libéral et formateur en plaie et cicatrisation. Les soins de la plaie nécessitent donc une prise en charge globale du patient par l’Idel, qui assure le suivi du patient. Cela amène les infirmiers libéraux à travailler en lien quasi-constant avec les autres professionnels de santé que sont le médecin traitant, l’oncologue, le chirurgien ou encore, une diététicienne. Le rôle de la nutrition est fondamental à la fois en cancérologie et en cicatrisation.

Dans certains centres hospitaliers, le patient peut également bénéficier d’une consultation en plaie et cicatrisation avec des infirmiers hospitaliers qui effectuent un premier bilan sur la plaie du patient. Lorsque ce dernier est ensuite pris en charge à domicile, les infirmiers libéraux peuvent, à tout moment, échanger avec ces infirmiers hospitaliers pour avoir un regard extérieur sur la prise en charge. Ils ont ainsi la possibilité de partager et éventuellement de faire évoluer ensemble le protocole. C’est important pour le patient de se sentir en sécurité et de constater que les professionnels qui travaillent autour de lui sont en accord dans sa prise en charge, insiste Julien Maulde-Robert.

La prévention pour les plaies radio-induites

Certains patients sont traités par radiothérapie pour la prise en charge de leur cancer. Ils peuvent alors avoir la peau brûlée. Nous en voyons de moins en moins mais cela existe toujours, précise Julien Maulde-Robert. Cette plaie sera alors traitée comme une brûlure de premier degré. Il est en outre possible d’agir en prévention avec des pansements hydrogels. Nous conseillons aux patients de mettre les plaques de pansements dans le bas de leur frigo et de les appliquer sur la zone irradiée au retour de chaque séance, recommande Julien Maulde-Robert. Cela permet en effet d’hydrater la peau et de prévenir les brûlures.

Le nettoyage de la plaie

Après avoir évalué la plaie, l’infirmier doit bien la nettoyer. Mais, attention, ce sont des plaies qu’il faut éviter de "bousculer", met en garde Julien Maulde-Robert. Il ne faut donc pas utiliser de produit antiseptique mais uniquement du sérum physiologique ou de l’eau et du savon. L’objectif des soins consiste principalement à gérer les complications qui peuvent survenir comme l’infection ou la surinfection. La détersion de la plaie doit suivre cet objectif et être réalisée avec beaucoup de précaution, l’hygiène restant la base du soin, prévient Julien Maulde-Robert. Et d’ajouter : ces plaies sont également hypervascularisées, le risque hémorragique est, lui aussi, majeur. C’est pourquoi le formateur conseille de consulter le dernier bilan sanguin et le taux de plaquettes avant de procéder aux soins. Si les plaquettes sont trop basses, mieux vaut alors reporter la détersion et se contenter de laver la plaie.

Quel pansement ?

Il est possible, pour l’infirmier, d’utiliser toutes les classes de pansements mais il doit privilégier les pansements alginates car ils ont une capacité hémostatique. Ils évitent les saignements et leurs fibres absorbent quinze à vingt fois l’exsudat. Les pansements en fibres de carboxyméthylcellulose (CMC) absorbent également vingt fois l’exsudat mais ils ne sont pas hémostatiques. Pour les plaies faiblement exsudatives, l’infirmier peut avoir recours à des pansements hydrocellulaires, non adhésifs ou siliconés, ces derniers étant adhérants mais non adhésifs. L’ensemble de ces pansements primaires sont au contact de la plaie. C’est la quantité d’exsudat qui guide le choix du pansement. Un pansement à base de charbon actif peut être superposé sur le pansement primaire afin d’éviter la diffusion de l’odeur. Ensuite, l’infirmier peut superposer un pansement secondaire comme une bande de maintien, un jersey ou un filet. L’ensemble de ces pansements sont prescriptibles par l’Idel.

Traitement de la douleur

Les plaies cancéreuses et tumorales sont des plaies pour lesquelles il ne faut pas viser la cicatrisation car elle n’est pas possible. On cherche surtout à tendre vers un meilleur confort de vie du patient en évitant l’odeur, les écoulements et la douleur, confirme Julien Maulde-Robert. L’infirmier libéral a d’ailleurs un rôle à jouer dans la prise en charge de la douleur en participant à son évaluation avec l’échelle visuelle analogique (EVA) ou l’échelle verbale simple (EVS). Il peut ensuite transmettre ces informations au médecin traitant. La douleur ressentie par le patient est généralement neurogène : les médecins la prennent en compte en prescrivant des antidépresseurs ou des antiépileptiques à faible dose. Souvent les patients ne comprennent pas pourquoi les médecins leur prescrivent ce type de traitement. Il relève donc du rôle infirmier de l’expliquer, conclut Julien Maulde-Robert.

Louise GUYON
Cet article a été publié par la revue Avenir & Santé (FNI), dans son numéro de juin 2018, n°464, pp. 32/33.


Source : infirmiers.com