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Infirmiers en PSAD : servir l’humain avant tout

Publié le 17/12/2021

Deux millions de patients bénéficient chaque année de l’accompagnement de prestataires de soins à domicile (PSAD). Les infirmiers coordinateurs qui y exercent sont au cœur de ce dispositif de prise en charge. Plein feu sur ce métier, devenu indispensable.

Malgré les fortes contraintes réglementaires et le strict encadrement des tarifs par le comité économique des produits de santé (CEPS), le secteur du soin à domicile est en plein essor. Il emploie 20 000 salariés, dont plus de 4 000 professionnels de santé. Cet accompagnement répond au souhait largement exprimé par les malades d’être traités à domicile plutôt qu’en institution hospitalière. Il correspond également au virage ambulatoire initié par les pouvoirs publics, soucieux de réduire les prises en charges hospitalières. Les infirmiers constituent l’essentiel des forces vives des PSAD.

Que couvrent les PSAD ?

Ils interviennent auprès des patients âgés ou atteints de maladies chroniques, une fois passée la phase aiguë de la pathologie soignée à l’hôpital. Leur action s’étend sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones les plus reculées ou médicalement sous-dotées, permettant ainsi le maintien du lien sanitaire et social avec ces populations. Les PSAD couvrent sept champs d’interventions : l’assistance respiratoire, la perfusion, la nutrition, l’insulinothérapie par pompe, le maintien à domicile, la stomie, les troubles de la continence, et bien sûr le handicap. Les prestataires du soin à domicile ont une expertise reconnue dans le diabète, le syndrome d’apnée du sommeil, l’insuffisance respiratoire, le cancer, la dénutrition et les maladies rares. En fonction des activités qui y sont exercées, le PSAD peut faire intervenir d’autres professionnels du soin : principalement des infirmiers en perfusion, nutrition, insulinothérapie et dans certaines structures spécialisées en stomie et troubles de la continence ; des kinésithérapeutes, notamment pour la ventilation ; des médecins-conseil (généralement un par structure) ; des pharmaciens dans les structures qui font de l'oxygène (obligation règlementaire) ; des diététiciens/nutritionnistes.

Ils veillent à ce qu’aucun obstacle n’enraie le bon déroulement de la prise en charge

 

Les infirmiers au cœur du dispositif

Les infirmiers de coordination sont salariés des sociétés prestataires de soins à domicile. Ils gèrent la coordination de la prise en charge médicale des patients qu’ils accompagnent et entretiennent des relations étroites avec les pharmaciens, les infirmiers libéraux, les aides à domicile, le médecin traitant ou le médecin prescripteur du patient. Les infirmiers en PSAD assurent les visites de suivi et rédigent les comptes-rendus destinés aux médecins prescripteurs. Ils veillent à ce qu’aucun obstacle n’enraie le bon déroulement de la prise en charge. Les infirmiers en PSAD sont les yeux et les oreilles des médecins au domicile des patients, explique Julien Slama, délégué général adjoint de la fédération des Prestataires de santé à domicile. En plus de coordonner l’ensemble des acteurs de santé, ils jouent un rôle fondamental dans la formation des infirmiers libéraux. Avec la médicalisation croissante de la prise en charge à domicile, les infirmiers coordinateurs maîtrisent le fonctionnement de l’ensemble des dispositifs médicaux ainsi que les prestations associées et forment à leur tour les infirmiers libéraux. Les entreprises de soins à domicile ainsi que différents organismes proposent quant à eux des formations règlementaires obligatoires. Une fois par an par exemple, les infirmiers suivent une formation spécifique à l’insuline dispensée par le fabriquant, explique Julien Slama, qui rappelle que ces professionnels sont les garants des bonnes pratiques et conseillent les différents intervenants. En complément, les infirmiers coordonnateurs jouent un rôle majeur dans l’éducation thérapeutique des malades, rendant ainsi le patient observant et acteur de sa prise en charge.

Le bon candidat est surtout celui qui a la valeur de l’humain et sait se mettre à la place du patient

Prendre soin autrement

Nombreux sont les infirmiers à s’être lancés dans l’aventure entrepreneuriale du soin à domicile. Thierry Guillaume est l’un d’eux. Après plusieurs années d’exercice en service d’urgences et en réanimation post-opératoire, cet infirmier souhaite se réorienter. Il tente sa chance chez un prestataire de santé avant de créer sa propre entreprise et comprend vite que l’infirmier en PSAD n’est pas uniquement un fournisseur de matériel, qu’il peut apporter une dimension supplémentaire pour optimiser la prise en charge des patients. Nous sommes les concentrateurs des problématiques des patients. L’orientation reste soignante, nous coordonnons et suivons les soins bien sûr, mais nous apportons bien plus. Il s’agit pour nous de prendre soin autrement, dans une dimension globale du patient et non uniquement technique. Nous faisons tout pour respecter les souhaits du malade et de son médecin. Nous sommes disponibles jour et nuit, 7 jours sur 7, explique ce chef d’entreprise. Au bout du fil, les patients qui appellent sa structure sont toujours accueillis par un infirmier coordinateur. Les infirmiers libéraux qui sont au chevet des malades sont très occupés et n’ont pas le temps de gérer toutes les problématiques. Ce rôle nous revient et dès qu’un problème se présente, nous nous déplaçons à domicile. Nous faisons tout notre possible pour éviter une hospitalisation et traitons la problématique en lien avec le médecin prescripteur. Quand un bilan est nécessaire, nous l’organisons. Ensuite nous prévenons les autres intervenants, détaille Thierry Guillaume. Dans son entreprise, chaque infirmier coordinateur gère une trentaine de patients. Lorsqu’il recrute, ce patron infirmier cherche des profils capables de pratiquer des soins très techniques, mais surtout disposant d’une bonne expérience dans les situations qui requièrent de la réflexion et des prises de décision dans l’urgence. Ses collaborateurs sont tous issus de services d’urgences, de réanimation ou d’oncologie. Ils ne font pas de soins techniques et ne prennent aucune décision médicale. Mais ils doivent savoir faire face à toutes les problématiques. C’est un gage de sécurité pour les patients. Mais le bon candidat est surtout celui qui a la valeur de l’humain et sait se mettre à la place du patient, conclut-il.

Les PSAD : forces de propositions

Par les remontées qu’ils assurent auprès des fabricants et surtout auprès des prescripteurs (certains PSAD ont même des bancs d’essais pour dispositifs médicaux), les PSAD sont de véritables leviers en matière d’innovations technologiques, organisationnelles (données du patient récoltées en temps réel) et structurelles (rémunération des prestataires à la performance). Ils peuvent également jouer un rôle dans l’appropriation par le patient et son entourage (aidants et soignants) du fonctionnement des dispositifs médicaux et des applications (capteurs de glucose en continu par exemple).

La fédération des PSAD regrette que le secteur de la prestation de soins à domicile ne soit pas mieux valorisé par les pouvoirs publics. Nous sommes vus comme des fournisseurs de matériels et non comme des professionnels de santé. Nous voulons obtenir une reconnaissance statutaire de notre rôle, martèle Julien Slama. Aujourd’hui, la fédération des PSAD invite les pouvoirs publics à clarifier le rôle et les missions des prestataires et à instaurer une régulation afin de stopper les baisses tarifaires régulières qui mettent en danger les entreprises. Le secteur milite pour une prise en compte des économies réalisées grâce à la réduction des durées d’hospitalisation et au développement des soins à domicile. Avec une meilleure visibilité sur le long terme, les PSAD continueront d’être des acteurs majeurs du soin et de véritables moteurs dans le domaine des innovations technologiques à domicile.
 
Vanessa Avrillon, Journaliste santé

Source : infirmiers.com