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IDEL

Des échanges nourris et des formations pratiques pour les infirmiers libéraux

Publié le 31/03/2017

Les 30 et 31 mars 2017 s'est tenue la quatrième édition des Journées Nationales des Infirmiers Libéraux (JNIL) au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux. L’occasion pour les quelques 500 IDEL présents d’actualiser leurs connaissances sur l’hypnose, le risque infectieux ou encore la prise en charge de la douleur, et d’échanger sur leurs pratiques entre pairs. Explications.

Plus de 400 infirmiers libéraux se sont réunis les 30 et 31 mars 2017 lors des quatrièmes Journées Nationales des Infirmiers Libéraux.

Hypnose, rôle de l’IDEL dans la prévention du risque infectieux, prise en charge de la douleur, code de déontologie, telles sont les thématiques ayant été abordées durant les conférences qui se sont déroulées lors des quatrièmes Journées Nationales des Infirmiers Libéraux (JNIL) au PACI d’Issy-les-Moulineaux (92). Quelques 500 infirmiers ont participé au congrès pour améliorer leur pratique quotidienne et la prise en charge de leurs patients. Les sujets abordés cette année sont au cœur de mes préoccupations, indique Claire, IDEL bretonne qui participe aux JNIL pour la première fois. Chaque jour, j’ai affaire à des patients douloureux. J’attends donc beaucoup des conférences et, obtenir des conseils pour faire évoluer ma pratique et me tourner vers l’hypnose. Sabine, infirmière libérale toulousaine assiste quant à elle à ses deuxièmes JNIL. Il est important de se former quand on est IDEL. Beaucoup de choses évoluent dans la prise en soin et je ne prends pas forcément toujours le temps de m’informer. J’essaie donc d’assister à ce genre d’événement dès que je le peux. Pouvoir échanger avec ses pairs permet aussi de se sentir moins seul, surtout lorsque l’on exerce en zone rurale, raconte-t-elle.

La valeur ajoutée de l’hypnose dans l’exercice libéral

Les infirmiers sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’hypnose , et plus particulièrement à l’hypno-analgésie pour traiter la douleur. Comme le souligne Claire Boiron, IADE, diplômée d’un DU douleur, d’un certificat de formation à l’hypnose médicale et d’un certificat d’approfondissement à la démarche clinique infirmière, À ce jour, les techniques non médicamenteuses font partie des moyens à mettre en œuvre dans la prise en charge de la douleur (plan 2013-2017). Une infirmière ayant suivi une formation certifiante ou ayant un Diplôme universitaire est une praticienne en hypnose. Les infirmières formées sont clairement identifiées comme des professionnelles pouvant pratiquer dans le strict respect de leur champ de compétences. Et d’ajouter en tant qu’infirmières, nous intervenons dans le cadre de la douleur dans le champ du prophylactique et du préventif. Il est recommandé en curatif de demander une prescription médicale de thérapie non médicamenteuse, celle-ci aurait un impact sur le renforcement de l’efficacité de cette proposition.

Concrètement, une séance d’hypno-analgésie a pour objectif de modifier la perception sensori-discriminative et émotionnelle mais n’en traite pas pour autant la cause. Néanmoins, la diminution de la perception douloureuse permet un soin plus efficace, comme l’a démontré Claire Boiron au travers d’un cas clinique. L’utilisation de cette technique a en effet permis à un enfant de ne pas ressentir de douleur lors de la réfection d’un pansement d’un ongle incarné.

L’hypno-analgésie est également bénéfique pour atténuer l’anxiété, l’angoisse, la peur, la fatigue, les troubles du sommeil, la perte d’espoir, l’estime de soi diminuée… Bien sûr, il existe des contre-indications, notamment le refus du patient, les patients présentant des troubles psychotiques ou cognitifs.

Actuellement, Claire Boiron n’effectue plus d’actes infirmiers référencés mais reste « fondamentalement infirmière ». À noter pour les infirmiers libéraux désirant devenir praticien hypno-analgésie, cette activité ne peut s’effectuer au sein de leur cabinet libéral. Le lieu d’exercice doit être distinct. Quant à la formation, Claire Boiron conseille de suivre un diplôme universitaire. Globalement, il faut regarder la finalité de la formation. Il faut, à mon sens, avoir un travail écrit à fournir et une soutenance. Il faut prendre son temps pour se former, conclut-elle.

Risque infectieux : quid du rôle de l’infirmier libéral ?

Prévenir les infections associées aux soins

Comme le souligne Danièle Landriu, cadre supérieur de santé hygiéniste, les infections associées aux soins en ville sont sous estimées car les signalements ne sont pas obligatoires pour les libéraux. Seules les IAS graves sont déclarées par les établissements de soins qui prennent ensuite en charge les patients.

Afin de prévenir les IAS, de maîtriser l’antibiorésistance et pour réduire les risques infectieux associés aux actes invasifs, un Programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (Propias) a été élaboré. Pour atteindre ces objectifs, il convient, dans le secteur libéral, de :

  • renforcer les mesures de préventions des IAS ;
  • communiquer avec les autres secteurs de soins ;
  • signaler et analyser les IAS pour les comprendre et les prévenir.

Durant la conférence, Danièle Landriu a ainsi développé les bonnes pratiques à connaître en matière d’hygiène (importance du lavage des mains, port de bijoux, port de gants raisonné, gestion du matériel et de l’environnement…). Ces recommandations sont valables aussi bien pour les hospitaliers que pour les infirmiers libéraux. Néanmoins, les deux exercices ne se valent pas. Il n’est en effet pas toujours aisé pour l’IDEL de disposer d’un plan de travail nettoyé et désinfecté…

AES : quelle attitude adopter ?

Danièle Landriu rappelle que pour prévenir les accidents d’exposition au sang (AES), il convient d’adopter de bonnes habitudes :

  • porter des gants ;
  • ne pas recapuchonner les aiguilles ;
  • placer le collecteur à OPCT (Objets et matériels Piquants, Coupants, Tranchants) au plus près de l’acte de soin ;
  • déposer immédiatement après usage dans le collecteur ;
  • essuyage humide externe après chaque utilisation.

Lorsqu’ils sont victimes d’un AES, les infirmiers libéraux ne savent pas toujours quelles démarches effectuer et où les faire. Ils sont pourtant nombreux à être exposés. Selon les résultats d’une enquête menée en 2014 par la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) , 62% des IDEL déclaraient avoir déjà été victimes d’un AES. Danièle Landriu a ainsi donné quelques éléments de réponse en la matière. Ainsi, en cas de coupure ou de piqûre, il faut :

  • ne pas faire saigner ;
  • laver immédiatement à l’eau et au savon liquide antiseptique ou ordinaire ;
  • rincer abondamment ;
  • faire tremper le doigt ou la main dans un antiseptique type solution de Dakin pendant cinq minutes, où à défaut de la polyvidonne iodée ou de l’alcool à 70°.

En cas de projection sur une muqueuse ou dans les yeux, il est nécessaire de :

  • rincer pendant au moins cinq minutes avec du sérum physiologique ou de l’eau du robinet ;
  • rincer immédiatement sa bouche avec un bain de bouche à la Bétadine verte (1/2 bouchon dans un verre d’eau tiède).

Il convient ensuite de rechercher le statut sérologique du patient. L’infirmier libéral victime d’un AES doit consulter rapidement le référent médical AES, dans les quatre heures qui suivent, idéalement dans l’heure, au sein de l’établissement hospitalier de référence le plus proche.

Des ressources sont mises à disposition sur http://www.geres.org/ ainsi que sur http://aesclic.fr pour s’informer sur le sujet.

L’Ordre infirmier présente son code de déontologie

Durant les JNIL, l’Ordre national des Infirmiers (ONI), a dévoilé une infographie explicative présentant le code de déontologie des IDE .

Comme l’a souligné Didier Borniche, président de l’Ordre national des Infirmiers,ce code énumère les droits et les devoirs de tous les  infirmiers. Il remplace donc les règles professionnelles écrites par le ministère. Datées de 1993, elles n'étaient plus pertinentes. De plus, ces règles avaient été écrites sans associer les infirmiers. Le code, lui, a été rédigé par les infirmiers eux-mêmes. C'est important parce qu'aujourd'hui les infirmiers ont plus de responsabilités qu'avant et leurs compétences évoluent. Le code est là pour protéger la profession dans leur exercice quotidien. Et de conclure nous en avons assez d’être nourris par l’empathie.

Comme l'a indiqué Yann de Kerguenec, directeur juridique du conseil national de l'ordre des infirmiers, plusieurs articles du code concernent les infirmiers libéraux et énoncent des règles claires concernant la publicité, le lieu d’exercice ou encore les contrats d’association. D’où l’intérêt de se l’approprier.

Des ateliers pratiques répondant aux besoins des IDEL

En plus des conférences, les infirmiers libéraux ont eu l’occasion de participer à des ateliers visant à améliorer, voire sécuriser leur pratique. Ainsi, à l’issue de l’atelier consacré à l’auto-défense pour infirmiers libéraux animé par Bruno Vicaire, Formateur sécurité & self-défense, professeur de Ninjutsu, plusieurs infirmières libérales ont obtenu des conseils pour exercer en toute sécurité. Certaines choses vont de soi, d’autres non, estime Claire, IDEL dans la région parisienne. Par exemple, j’ai tendance à laisser mon caducée dans mon véhicule, comme beaucoup je suppose, alors qu’il est recommandé de ne pas le faire…. Les IDEL ont également pu enrichir leur pratique plus sur la nutrition parentérale à domicile, l’arrêt cardiaque ou encore la sécurité des données.On est parfois un peu rouillés concernant la prise en charge de l’arrêt cardiaque… D’où l’intérêt de participer à ce genre d’atelier. Ca nous permet de nous remettre dans le bain, au cas où, indique Sandrine, IDEL dans les Hauts-de-France.

Autre temps fort de ces Journées Nationales des Infirmiers Libéraux, la table ronde portant sur la thématique Infirmiers libéraux et aidants naturels : quelle synergie dans la prise en soin ?. L’occasion de savoir comment s'organise la synergie entre les infirmiers libéraux et les quelques 8,3 millions d’aidants familiaux qui assurent la continuité de la prise en charge chaque jour. Nous reviendrons en détails sur ce débat très prochainement !

Pour conclure ces deux journées très denses, les infirmiers libéraux ont pu s'exercer à la cotation des actes. Pascal Serantoni-Vasseur, infirmier et Formateur Expert judiciaire auprès de la Cour d’Appel d'Aix en Provence, n'a pas manqué d'humour pour aborder ce sujet très technique mais aussi très important pour les IDEL, et pour cause.

Cette année encore, les Journées Nationales des Infirmiers Libéraux ont été source d'apprentissage et d'inspiration pour les IDEL. Première édition pour les uns, deuxième, troisième, voire quatrième participation pour les autres, une chose est sure, les infirmiers libéraux ont répondu présent pour partager, débattre, se rencontrer, échanger... Comme le souligne Bernadette Fabregas en conclusion, les maîtres mots à retenir sont savoirs, savoirs-faire, faire savoir. Des mots d'importance mais également faire valoir ses compétences... Tel est l'esprit qui a été développé durant ces JNIL 2017 !

Des infirmiers prêts à s’installer en libéral

Deux « Journées infirmières de l’installation libérale » (JIIL) ont permis à une centaine d’infirmiers d’obtenir des informations sur les modalités administratives à remplir en vue de devenir eux-mêmes infirmiers libéraux.

Aurélie TRENTESSE  Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com  @ATrentesse


Source : infirmiers.com