Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

ESI

Devenir infirmier via l'apprentissage : une option méconnue

Publié le 13/01/2020
équipe de soignants service

équipe de soignants service

Se former à la profession d'infirmière est possible par la voie de l'apprentissage depuis plusieurs années. Pourtant, cette possibilité reste peu exploitée par les étudiants en soins infirmiers. Certains semblent même ignorer qu'elle existe, alors que ce serait une solution envisageable pour ceux qui ont des problèmes financiers ou qui souhaitent faire davantage de pratique. Sur le forum d'Infirmiers.com, une future étudiante s'interroge sur le déroulement d'un cursus en alternance. Ses pairs ont tenté de lui fournir quelques éclaircissements…

Devenir infirmier par la voie de l'apprentissage, c'est possible. La principale difficulté est de trouver un employeur...

En France, les études d'infirmières par la voie de l'apprentissage n'existent pas. Vous êtes étudiante et non salariée. Et pourtant, si, c'est possible depuis des années quoique rarement pratiqué. Pour pouvoir se former au métier d'infirmier par alternance, il faut bien sûr être accepté dans un IFSI agréé par le centre de formation d'apprentis (CFA), avoir validé sa première année, et avoir moins de 30 ans révolu au moment de la signature du contrat d'apprentissage avec l'employeur (ce qui signifie que l'on peut signer le contrat jusqu'à la veille de ses 30 ans).

Je trouve que c’est un plus pour ma carrière. Je crois qu’on apprend beaucoup plus sur le terrain

Un cursus méconnu

Intéressé par cette possibilité Mus08 a voulu en savoir plus et a posé des questions sur le sujet sur notre forum. Je suis très intéressée par la voie de l'apprentissage et je me demandais s'il était si difficile que ça de trouver un employeur ? La structure qui nous emploie est-elle obligatoirement un hôpital, une clinique ? Ou peut-elle être une maison de retraite par exemple ? Malheureusement, même les professionnels chevronnés et expérimentés manquent d'informations sur cette voie peu connue et que peu d'étudiants prennent, admet DIDI77. Point de vue partagé par Cms54 : on en parle très peu et je crois que chez nous aucun étudiant n'a fait encore cet apprentissage alors que son IFSI serait agréé.   

C'est une voie très rarement utilisée, vu le contexte économique, qui ne se fait quasiment plus, vu qu'il n'y a plus de postes pour tout le monde en sortie d'IFSI...., explique Lenalan. C'est pourtant une alternative qui semble se développer dans certains IFSI qui ont mis en place un partenariat avec des Centres de Formations d'Apprentis (CFA), notamment dans la région Grand-Est où c'est désormais possible. Justine Labaty, 19 ans avait même inauguré le dispositif l'an dernier. Etudiante en 2e année à l'institut de formation en soins infirmiers de Châlons-en-Champagne, la jeune femme semble ravie de son contrat en alternance. J’aime bouger et me sentir utile. Et puis, je trouve que c’est un plus pour ma carrière. Je suis contente de me poser dans une structure. Je crois qu’on apprend beaucoup plus sur le terrain, s'était-elle enthousiasmée lors d'un entretien au journal l'Union l'an dernier.

En immersion dans une équipe soignante !

Il est vrai que ce cursus offre certains avantages : il paie l'école et ton salaire (un pourcentage du SMIC en fonction de ton âge), informe Choutbee. En effet, travailler en alternance permet de décrocher son diplôme d'état sans frais de formation et de bénéficier d'une rémunération progressive en fonction de l'âge et de l'année d'étude. En outre, un apprenti est exonéré d'impot sur le revenu dans la limite du SMIC annuel.

Source : Adaforss

En ce qui concerne spécifiquement la formation d'infirmier, il faut avoir validé sa première année. Cela paraît assez logique étant donné que, lors de son apprentissage, le futur professionnel effectuera les tâches habituellement attribuées aux aides-soignants. De même, il pourra réaliser des actes infirmiers sous la responsabilité de son maître d'apprentissage ou d'un membre de l'équipe tutorale. Il existe toutefois une exception, explique Dominique Verstraeten, chargée de mission à l'adaforss, le CFA de l'Île-de-France. Il s'agit des aides-soignants qui ont décidé de reprendre leur formation pour devenir infirmier. Ils sont les seuls à pouvoir démarrer un apprentissage dès la première année.

Le plus délicat reste de trouver un employeur potentiel. Une structure (par exemple une maison de retraite, SSR, peu importe) va signer un contrat avec l'ESI, renseigne Cms54. Les intéressés peuvent donc devenir apprentis dans les hôpitaux de la fonction publique comme dans le privé ou dans le milieu associatif. Le nombre d’apprentis infirmiers se maintient chez nous à environ 80 jeunes par an. Il y a toujours plus de demandes que d'offres mais cela peut évoluer…, informe Véronique Léone, directrice générale du CERFAH (le CFA de la région PACA). Du côté de l'Île-de-France, ce sont les employeurs qui sollicitent le CFA dans 15%à 20% des cas pour trouver des apprentis. Après, c'est très irrégulier selon les établissements, informe Dominique Verstraeten. Beaucoup d'étudiants trouvent leur employeur via leurs réseaux. Il arrive aussi que, suite à un stage qui s'est très bien passé, ils intègrent ensuite l'équipe en apprentissage.

Il y a beaucoup de bénéfices. Mais c’est un rythme soutenu, il faut être conscient de ce que l’on décide de faire parce que c’est un engagement envers la clinique et le CFA

Un contrat d'apprentissage, reste un contrat de travail

Pour tous ceux qui veulent tenter l'expérience, voici quelques clés pour réussir par la voie de l'alternance. Tout d'abord, en ce qui concerne le contrat d'apprentissage, il s'agit d'un véritable contrat de travail à durée déterminée, ce qui signifie qu'il est régi par le Code du travail. Petite spécificité, sa signature est parfois assortie d'une clause de dédit formation qui engage l’apprenti à continuer à exercer dans son établissement employeur après obtention du diplôme le temps équivalent au contrat d’apprentissage. En effet, même si au niveau législatif, il n’y a pas d’engagement obligatoire à ce jour, l'employeur préfère toujours avoir un retour sur investissement. Bien sûr, après la signature du contrat, une période d'essai de 45 jours est également en vigueur. Pendant cette période, les deux parties peuvent rompre le contrat sans préavis, ni indemnité.

Par ailleurs, l'apprenti étant un salarié comme les autres, il bénéficie des mêmes droits et demeure soumis aux mêmes obligations. Par exemple, il bénéficie des congés payés comme l'ensemble des autres travailleurs (normalement 2,5 par mois). En revanche, le planning est établi par l’employeur. L’apprenti peut effectuer des vacations le soir, le week-end et pendant les vacances scolaires dans la limite de 48h/semaine. L'apprenti est tenu de travailler dans l'établissement 305 heures par an avec, en plus, un stage de 10 semaines. C'est le cas pour les 2ème et les 3ème année, renseigne Dominique Verstraeten. 

Selon Valérie, étudiante de 3ème année et apprentie infirmière qui témoigne sur le site de l'adaforss, l'important est d'avoir un bon maître d'apprentissage. Il m’encadre vraiment très bien et m’a permis d'entrer en contact avec tous les professionnels, de faire la médiation entre eux et moi quand cela a été nécessaire, même si on n’en a pas trop eu besoin. C’est vraiment un super suivi. Le plus difficile, par contre, est de concilier les cours plus théoriques et le travail d'apprenti. En 2ème année, c’était facile, j’avais déjà l’habitude de travailler et ne rendre que 300h était assez faisable. En 3ème année, c’est plus compliqué car il y a le mémoire, les stages et mes heures à rendre. C’est un rythme soutenu, il faut être conscient de ce que l’on décide de faire parce que c’est un engagement envers la clinique et le CFA. Toutefois, elle ne regrette rien : Il y a beaucoup de bénéfices. On peut choisir nos stages, on connait les professionnels donc on est plus encadré et à l’aise. On connait déjà la structure donc on a moins de mal à se repérer et on ne se retrouve pas la veille du stage à se dire « mais ou vais-je faire mon stage ? », « avec qui vais-je être », c’est beaucoup plus paisible et on avance plus vite comme ça.

En cas d'échec à l'examen, le contrat peut être prolongé pour une durée d'un an ou être suspendu

La bonne attitude face aux impondérables

Comme tout salarié, l'ESI doit justifier de ses retards et absences. En cas de maladie, il doit fournir un arrêt de travail à l'employeur comme à l'IFSI et au CFA. Attention, les justificatifs doivent être fournis dans les 48 heures, (un arrêt de travail) ! En cas de non respect de ces règles, le CFA se réserve le droit de prendre des sanctions disciplinaires et l'employeur peut, s’il le juge nécessaire, procéder à des retenues sur le salaire.

Autre point noir, le redoublement n’est pas autorisé en alternance. Cependant, en cas d'échec, le contrat peut être prolongé pour une durée d'un an pour non présentation d'examen ou être suspendu, selon la décision de l’employeur.

Après les 45 jours effectifs signifiant la fin de la période d’essai, la rupture du contrat d’apprentissage n’est possible que dans trois situations bien spécifiques :  par accord express des deux parties, par décision du conseil des prud’hommes pour faute grave ou manquements répétés de l’une des parties ou si l’apprenti est inapte à exercer le métier qu’il a choisi. Dans tous les cas, la résiliation doit être constatée par écrit via un document en cinq exemplaires signé par l’employeur et par l’apprenti.

Enfin, pour tous ceux qui obtiennent leur diplôme suite à un cursus en alternance et désirent poursuivre leurs études pour se spécialiser (notamment les puériculteurs ), il est préférable d'effectuer d'abord les années d'exercice dues à l'employeur (lorsque c'est le cas) avant de se lancer Je recommande d’attendre un peu après le DE d’autant que si l’employeur est satisfait il pourra sûrement prendre en charge la spécialisation en formation continue !, conseille Véronique Léone.

Souhaitons à présent bonne chance à Mus08 pour la suite en espérant qu'elle ait trouvé les principales réponses à ses questions. Vous pouvez réagir à cet article via notre page facebook ou sur notre forum .

Devenir aide-soignant en alternance, c'est possible aussi !

Dans ce cas précis, les prérequis sont simplement d'avoir moins de 30 ans et d'avoir réussi le concours dans un IFAS partenaire d'un CFA. En revanche, la formation s'effectuant sur 18 mois, l'apprenti doit effectuer 1505 heures de vacation et 595 heures de théorie dans l'établissement d'accueil.

L'apprentissage permet d'être sur le terrain, donc on voit et on apprend beaucoup de choses. La pratique en entreprise m'a fait gagner en autonomie, et m'a donné confiance en moi. Le rythme est soutenu, car on alterne école et employeur, mais au moins on avance vite. C'est du concret ! Et percevoir une rémunération est aussi très motivant. J'ai eu la chance de tomber sur une excellente équipe, et d'avoir des tuteurs référents qui m'ont très bien encadrée et beaucoup aidée. Mon parcours a été long avec la préparation, mais j'ai pu découvrir le métier dans différentes structures, je ne suis pas déçue, et je sais que c'est le métier qui me convient. Je pense qu'il faut faire connaître et développer l'apprentissage, c'est une opportunité pour beaucoup de jeunes, notamment ceux qui quittent l'école, raconte Stéphanie aujourd'hui aide-soignante sur le site de l'adaforss

De son côté, la Croix rouge Française a mis en place un partenariat avec le groupe Korian pour ouvrir une classe commune d’aides-soignants en alternance. Celle-ci vient d'effectuer sa rentrée pour la première fois cette année ! L’institut de formation de Romainville (93) de la Croix-Rouge française dispensera à ces 24 apprentis la partie théorique, tandis qu’ils seront intégrés, pour la partie professionnelle, au sein de plusieurs maisons de retraite médicalisées situées en Ile-de-France au plus près de leur domicile. D'ailleurs les infirmiers coordinateurs des maisons de retraite ont bénéficié d’une formation dédiée afin de porter toute l’attention à leur progression. Les apprentis suivront un cursus de formation spécifique qui s'échelonnera sur 78 semaines au total dont 17 semaines consacrées aux cours théoriques qui inclueront notamment un module gériatrie. Chacun de ces apprentis se verra proposer, une fois diplômés, un CDI au sein de nos équipes, indique Nadège Plou, Directrice des Ressources Humaines du groupe. Les futurs professionnel devraient valider leur diplôme en février 2021. Bonne chance à eux !

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com