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COURS IFSI

Cours - Soins Infirmiers - La température

Publié le 20/08/2023
thermomètre à mercure

thermomètre à mercure

Définition

Mesure de la température centrale du corps. En France, cette mesure s’exprime en degrés celsius.

But

Vérifier l’homéothermie, apprécier un éventuel dérèglement, apprécier l’efficacité d’une thérapeutique. Une hyperthermie est définie par une température centrale supérieure à 38C°. Une hypothermie par une température inférieure à 35°.

Méthodes non invasives

La mesure de la température centrale doit idéalement refléter celle de l’hypothalamus qui est le centre régulateur de l’homéothermie. Pour ce faire plusieurs moyens sont à la disposition des soignants.

Les thermomètres à mercure

S’ils ont gardé la même forme, ils n’utilisent plus ce métal lourd qui est une source de pollution pour notre environnement et expose les patients à des risques d’intoxications. Depuis le premier mars 1999, les thermomètres à mercure sont interdits à la vente et ne sont donc plus présents dans les établissements français.

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Themomètre à galium

Le principe reste identique avec les thermomètres qui gardent la même forme (le mercure est remplacé par un mélange étain/gallium/indium). La chaleur provoque une dilatation du liquide contenu dans un récipient gradué. A l’aide de cette échelle, la valeur de mesure est obtenue selon l’importance de la dilatation.

Ces thermomètres peuvent être utilisés pour mesurer la température rectale, inguinale, axillaire et sub-linguale. En plus, pour des raisons d’hygiène, ils peuvent être munis d’étuis à usage unique.

En rectal : Secouer le thermomètre pour amener la colonne de liquide au plus bas. Demander au patient de se placer en décubitus latéral, les jambes légèrement repliées. Après avoir vérifié l’absence de lésion (ulcération, hémorroïdes) introduire la partie évasée du thermomètre dans le rectum. Après trois minutes, le thermomètre peut être retiré et la mesure lue en plaçant l’appareil à l’horizontale au niveau des yeux.

Cette méthode nécessite la participation d’un patient coopérant. Chez le patient agité, il est impératif de rester présent pendant toute la durée de la mesure. Des mouvements intempestifs pourraient provoquer des lésions et la rupture de l’appareil. Bien que ne contenant pas de mercure, le thermomètre peut également poser des problèmes toxiques s’ajoutant aux lésions traumatiques. La méthode de mesure rectale est parfois mal acceptée par les patients, en particulier en pédiatrie.

  • En inguinal : L’appareil est simplement placé dans le pli inguinal en écartant les tissus, afin de lui permettre un maintien atraumatique. Le patient doit être en décubitus dorsal strict et la mesure peut être relevée après un contact de cinq minutes.
  • En axillaire : Le thermomètre sera placé dans le creux axillaire et maintenu en position en ramenant le bras sur l’abdomen. Le temps de contact est estimé à cinq minutes.
  • En sub-lingual : La partie évasée est placée sous la langue et la bouche doit être fermée pendant cinq minutes avant lecture. Cette technique nécessitant la participation active du patient, elle ne peut être réalisée chez le sujet inconscient.

Pour ces trois dernières méthodes, il est d’usage d’ajouter 0,5 C° à la valeur obtenue afin qu’elle soit corrélée à la température centrale.

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Les thermomètres électroniques

 

Pour certains, ils reproduisent la forme classique des thermomètres à mercure. Les sites de mesure sont les mêmes que pour les modèles classiques. Le principal avantage de ces nouveaux appareils est constitué par un temps de mesure quasi instantané. En quelques secondes, le résultat est affiché sur un écran à cristaux liquides. L’utilisation d’un thermomètre électronique par voie rectale constitue à l’heure actuelle la méthode de référence.

Thermomètre infra-rougeTrès utilisés en ce moment, les thermomètres électroniques infrarouges permettent de mesurer la température d’une surface. Ils sont donc utilisables aussi bien sur la peau, qu’au niveau du tympan. L’appareil effectue une série de mesures en moins d’une seconde et retient le résultat le plus élevé. Lorsque la mesure est effectuée au niveau du tympan, il faut prendre soin de tirer légèrement l’oreille en arrière en la tenant par le pavillon. La sonde est alors idéalement pointée vers le tympan. Il faut parfois confirmer une mesure douteuse ou importante pour l’orientation thérapeutique. En effet, selon l’opérateur et l’orientation de la sonde des écarts de 0,5C° ne sont pas rares avec cette méthode de mesure.

La température de la membrane tympanique est très proche de celle du liquide dans lequel baigne l’hypothalamus (centre de thermorégulation de notre corps). Contrairement aux autres sites de mesures externes, la méthode tympanique est donc celle qui reflète avec le plus de précision la température centrale du corps (pour peu que la mesure prélevée soit elle-même fiable).

La thermométrie de l’artère temporale

Toujours à l’aide d’une sonde cutanée infrarouge, il est possible de mesurer la température en plaçant des capteurs au niveau des artères temporales. Cette méthode récente semble intéressante en particulier en pédiatrie où elle permet une surveillance continue sans moyens invasifs.

 

 

Par extension, les principes de mesure infrarouge ont été développés pour donner naissance à de nouveaux produits. Le Termoflash LX-26 est conçu pour effectuer des mesures sans contact direct avec la peau (5 à 15cm du front). Cette caractéristique est particulièrement intéressante en matière d’hygiène et de confort pour le patient. Ce dernier ne sera plus dérangé, même s’il dort, et les risques de transmissions croisées sont prévenus par l’absence de contact

Les thermomètres à cristaux liquides

Les thermomètres infrarouges possèdent des afficheurs à cristaux liquides. Mais d’autres modèles utilisent les propriétés des cristaux liquides vis-à-vis de la chaleur pour afficher directement la température. Ces dispositifs sont souples et se placent sur le front. Différentes solutions de cristaux liquides réagissent à la chaleur et deviennent apparentes sur une échelle graduée. Cette méthode est assez peu employée car peu sensible (elle manque de précision).

 

En pratique

  1. La prise de température s’effectue dans un contexte neutre. Le patient ne doit pas avoir pratiqué une activité intense avant la mesure, l’atmosphère ambiante doit être tempérée.
  2. Attention aux variations physiologiques de la température qui sont à prendre en compte en fonction des résultats :
  • Le nycthémère. La température augmente de 0,5C° entre 6 heures et 15 heures.
  • Le sexe. Les femmes ont une température plus élevée de 0,2C° en moyenne. Température qui varie également en fonction du cycle ovarien. Ainsi elle augmente de 0,5C° en seconde partie de cycle et en début de grossesse.
  • En décubitus et en position assise, la température est inférieure de 0,3 à 0,4C° par rapport à la position debout.
  1. Avec un thermomètre tympanique, effectuer une mesure sur l’oreille opposée permet souvent de confirmer ou d’infirmer la première mesure.
  2. Attention aux sites de mesure en fonction des pathologies. Il paraît évident d’éviter les mesures tympaniques pour toute intervention céphalique par exemple.
  3. Attention aux systèmes électroniques. Ces derniers demandent une maintenance régulière. Se conformer aux procédures en vigueur dans l’établissement où ils sont utilisés.
  4. Il existe des thermomètres spécifiques pour les basses températures (hypothermies), dès lors que ces dernières sont inférieures à 35C°.
  5. Les mesures sublinguales peuvent être influencées par l’ingestion récente d’aliments ou de boissons. Il faut donc les réaliser à distance des repas ou de toute ingestion.

Méthodes invasives

Le matériel qui permet les mesures invasives utilise deux principes physiques pour effectuer des relèvements. La thermistance (la résistance d’un semi conducteur varie selon sa température) et le thermocouple (un assemblage de métaux crée une différence de potentiel qui sera proportionnelle à la température). Il importe peu de développer l’aspect technique de ces principes. Leur avantage majeur étant de permettre une mesure continue in situe. C’est une caractéristique particulièrement intéressante pour certaines interventions chirurgicales ou en service de réanimation.

Le matériel se présente soit sous forme de sondes spécialement prévues à cet effet et adaptées des usages spécifiques (sondes pédiatriques par exemple), soit intégré à des dispositifs préexistants (sondes urinaires, cathéters...). Un modèle de sonde peut servir à effectuer des mesures sur différents sites.

 

Sites de mesure

Nasopharynx

la sonde est posée sur la paroi pharyngée postérieure. Proche de l’hypothalamus, ce site est diversement apprécié selon les opérateurs. Il expose au risque d’épistaxis et laisse souvent une grande partie de la sonde apparente et donc sujette à être accrochée accidentellement.

Oesophagien (rétro cardiaque

très fiable pour la température centrale, puisque les gros troncs artériels cardiaques sont en regard de la sonde. Les variations de température sont donc décelées rapidement. En revanche, il faut que la sonde soit placée avec précision, ce qui n’est pas toujours aisé. C’est un des sites les plus utilisés en réanimation.

Rectal : peu adapté, puisque ne reflétant qu’avec une grande inertie la température centrale. L’intérêt d’une mesure continue étant de déceler rapidement les variations de température, le site rectal n’est pas adéquat pour ce type de surveillance. Il reste pourtant assez fréquemment utilisé en réanimation.

Vésical

Certaines sondes vésicales sont équipées de capteurs de température. Comme pour le site rectal, les valeurs souffrent d’une forte inertie. Elles sont également influencées par la diurèse. Un débit de 270 ml/h (soit une polyurie) serait nécessaire pour que le délai de réponse soit optimal. Ses principaux avantages sont de limiter l’utilisation d’autres sondes et d’offrir un positionnement certain et une mobilité réduite (un plus pour la sécurité).

 

Références bibliographiques

 

  • Christophe Prudhomme, L’infirmière et les Urgences, Maloine 2003.
  • Serge Molliex, Le monitorage de l’opéré, Masson 2003.
  • J Mantz, S Lasocki, L Fierobe, Hypothermie accidentelle, Conférences d'actualisation 1997, p. 575-86. Elsevier, Paris et SFAR
  • Carine Albaret, Mesure de la température corporelle, la revue Prescrire, dossier documentaire, 1998.
  • Denis Leduc, Sandra Woods, La mesure de la température en pédiatrie, comité de la pédiatrie communautaire, société canadienne de pédiatrie, février 2006.
  • AFSSAPS, Prise en charge de la fièvre chez l’enfant, 17 mars 2005. http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/1/fievre.pdf.
  • Sermet-Gaudelus I, Chadelat I, Lenoir G, La mesure de la température en pratique pédiatrique quotidienne (Température measurement in daily practice), service de pédiatrie générale, hôpital Necker-Enfants malades, Paris, France.

Vincent ELMER-HAERRIG
Infirmier anesthésiste
Rédacteur Infirmiers.com

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Texte revu le 20 août 2023 par Bruno GUERRY, Cadre de santé infirmier

Source : infirmiers.com