"Comprendre et prévenir le risque suicidaire" : le guide de la FHF

Le suicide est toujours multifactoriel, rappelait l'association Soins aux professionnels de la Santé (SPS) lors de la journée consacrée aux suicides des professionnels de santé. Pourtant, les conditions de travail ont un impact non négligeable sur les risques encourus par les professionnels de santé. D’après l’enquête Suicide et professionnels de santé réalisée par l'association en 2017, 25 % des professionnels de santé interrogés ont déjà eu des idées suicidaires au cours de leur carrière professionnelle. Parmi eux, 25 % exerçaient en ville et 39 % en milieu rural. Or l’hôpital paie un lourd tribut, selon Eric Henry, médecin généraliste et président de l’association SPS. 80% de nos appels concernent des salariés, que ce soit d'hôpitaux privés ou d'établissements publics, parce que de nombreux personnels sont partis et que ceux qui restent sont pressés comme des citrons, confie-t-il. Pour lui, le Covid a eu au moins le mérite de mettre en évidence la souffrance des soignants, mais aussi l'incapacité du système à se réformer pour y répondre.

Pour soutenir les structures et les managers dans ce contexte préoccupant, la Fédération Hospitalière de France (FHF) a publié un nouveau guide qui se décline en trois livrets (1- Comprendre le phénomène ; 2- détecter et prévenir les situations à risque ; 3- Agir et réagir face à une situation de crise). Objectif : accompagner les managers d'une part dans la prévention du risque, et d'autre part dans la gestion d'un passage à l'acte. «Il s'agit de proposer quelques moyens de détection et de prévention du risque suicidaire, ainsi que, plus spécifiquement, pour répondre aux besoins sur le terrain, d'aborder la gestion de ces crises et de proposer un ensemble de recommandations, d'actions, d'outils, qui ont pu être mis en place dans des établissements», souligne Quentin Henaff, responsable-adjoint du pôle Ressources humaines à la FHF. 

Spécificité du phénomène suicidaire en milieu hospitalier 

«Ce qui a été mis en évidence, c'est qu'il existe un certain nombre de facteurs de risques, c'est à dire qui augmentent la probabilité chez les individus de s'engager dans des idées ou des comportements suicidaires», explique Elodie Charbonnier, l'une des co-auteure de l'étude et des guides, avant de détailler : «selon le facteur sociodémographique, le risque n'étant pas le même si l'on est un homme ou une femme, selon notre catégorie socio-professionnelle, notre âge..., la détérioration de l'état de santé, la personnalité, les antécédents, et enfin les événements de vie difficiles. A ces facteurs relativement généraux s'ajoutent des facteurs liés au risques au travail parmi lesquels on retrouve une forte contrainte associée à un faible contrôle, l'altération des relations/conflits, la surcharge de travail ou encore le manque de reconnaissance... Plus ces facteurs se cumulent les uns aux autres, plus le risque augmente. Si l'on resserre encore un peu la réflexion», explique encore Elodie Charbonnier, «on arrive aux facteurs qui sont davantage spécifiques au personnel hospitalier, identifié comme beaucoup plus à risque que les autres professionnels. Parmi les facteurs de risque supplémentaires, on retrouve ainsi (notamment) une confusion des rôles (des personnes qui ont des fonctions différentes mais à qui on attribue les mêmes missions), des conflits d'éthique (liés à des décisions médicales ou de prise en charge), ils sont enfin exposé à la souffrance, à des émotions négatives ou encore à la mort de leurs patients». 

Un guide très complet 

Les professionnels vont trouver en ce guide une matière très complète sur laquelle s'appuyer, à la fois pour parfaire les connaissances sur le suicide et ses spécificités, mais aussi sur les moyens de gérer de telles situations sur le lieu professionnel. 

Le premier livret s'attache ainsi à comprendre le phénomène et ses facteurs individuels dans un contexte professionnel, ainsi que les facteurs organisationnels qui contribuent au stress, en abordant plus spécifiquement le suicide chez les professionnels hospitaliers. Le deuxième livret donne des clés pour détecter et prévenir les situations à risque. Il détaille les «signes annonciateurs» — tristesse, détériorations du sommeil, isolement, ou encore évocation d'idées suicidaires — et les contextes qui amènent au risque suicidaire. Dans ce livret sont aussi proposés des outils de prévention et ressources utiles, avec notamment un kit d'outils d'accompagnement. Le dernier livret détaille le processus d'action à mettre en place : que faire immédiatement et les jours et semaines suivants. Il se penche également sur l'aspect juridique de la question (responsabilités...) 

Retrouvez le détail du guide sur le site de la FHF. 

Retrouvez ici le replay du WebiL@b que la FHF a consacré au sujet. 

Pour toute personne confrontée au suicide ou à une détresse psychique, un numéro national et gratuit est disponible 7j/7, 24h/24 : le 3114.