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TFE - « L’importance du positionnement infirmier à domicile »

Publié le 27/11/2017
sénior homme salle de bain

sénior homme salle de bain

En mai 2017, Noémie Sablé, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers du CHU de Rennes (Promotion 2014-2017), soutenait avec succès son mémoire d’initiation à la recherche en soins infirmiers sur la thématique suivante : « L’importance du positionnement infirmier à domicile ». Elle souhaite le partager avec la communauté d'Infirmiers.com et nous l'en remercions.

« En quoi le positionnement infirmier permet d’éviter des situations de maltraitance, auprès de personnes vulnérables, à domicile ? » la question de recherche de cette étudiante en soins infirmiers soutenant son TFE.

Voilà comment Noémie nous explique le choix de sa question de recherche. « Lors d’un de mes stages du semestre trois, au sein d’un Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD), j’ai été confrontée à des situations qui m‘ont interpellée par le maintien à domicile qui me paraissait de plus en plus compliqué. La première situation concerne Mlle.B, 56 ans et déficiente mentale depuis sa naissance. Mlle.B vit chez sa maman Mme.B qui, elle, a 86 ans. Le SSIAD intervient tous les matins pour l’aide à la toilette, l’habillage et aider Mlle.B à la marche. Mlle.B est incontinente urinaire et fécale. L’équipe soignante m’avait alertée des difficultés rencontrées avec cette patiente. En effet, des signalements de maltraitance avaient été effectués par le SSIAD. Les soignants m’ont rapporté des propos insultants que Mme.B avait à l’encontre de sa fille et des comportements maltraitants.

Ce matin-là, je demande à la maman de Mlle.B si elle peut nous fournir un drap et également un pantalon propre car celui préparé sur la chaise sentait l’urine. Mme.B s’énerve et refuse. Le ton monte, elle se dirige vers sa fille et tire sur son pantalon en criant « je vais le lui enlever son pantalon, moi, vous allez voir ». Je me dirige de l’autre côté de Mlle.B car sa maman est très agressive dans ses gestes. Je lui demande d’arrêter et de se calmer. A ce moment, Mme.B m’attrape les poignets, me fixe d’un regard menaçant puis me lâche, elle s’en va dans la cuisine et s’effondre en larmes. Lorsqu’elle m’attrape les mains et me fixe d’un regard menaçant, j’éprouve de la peur. Peur qu’elle lève la main sur moi mais surtout sur sa fille Mlle.B qui est juste entre nous. Je n’étais
pas rassurée à l’idée de partir de la maison.

Lors de ce stage, le SSIAD intervenait auprès de Mme.L, 88 ans, atteinte de la maladie de Parkinson. Mme.L ne communique plus ni verbalement ni gestuellement. La grille AGGIR pour cette personne présente un score de 1. Elle est incontinente urinaire et fécale. Nous venions le matin afin d’effectuer la toilette de Mme.L, l’habiller et l’installer dans son fauteuil roulant. Le mari de Mme.L était toujours présent à la maison, et était aux petits soins pour son épouse. Il préparait les affaires de sa femme à l’avance et avait envie d’aider dans la prise en charge de celle ci. Le couple bénéficiait de l’aide d’une auxiliaire de vie sociale trois fois par semaine. La toilette s’effectuait au lit puis nous utilisions un verticalisateur pour effectuer les transferts : lit-montauban et montauban-fauteuil. J’ai remarqué que l’utilisation du verticalisateur était inadaptée chez cette patiente qui n’avait plus aucun appui. Le risque de chute était important lors des transferts, mais aussi lorsqu’elle était installée au fauteuil. Mme.L penchait dangereusement sur le côté car elle n’arrivait plus à maintenir sa posture. J’en avais alerté son mari, cependant ce dernier ne semblait pas mesurer le problème. Lors des transmissions, une réflexion a été ouverte sur l’utilisation du verticalisateur pour cette patiente. Le lève-malade n’était pas envisageable, compte tenu de la configuration de la maison. L’inadaptation du verticalisateur a été évoquée avec M.L, mais ce dernier était dans le déni de la situation. La question de l’institutionnalisation de Mme.L se posait au vu de sa grande dépendance. Cependant plusieurs facteurs étaient à prendre en compte ici : le lien très fort de M.L et de son épouse, le coût d’une institutionnalisation ou encore la place d’aidant naturel de M.L. Le vit-il bien ? Bénéficie-t-il d’assez d’aides pour le soulager ? Ici se posait la question du bénéfice/risque d’une institutionnalisation ou du maintien à domicile de Mme.L. »

Suite à ces deux situations plusieurs questionnements se sont posés :

  • Quelle sont les limites de l’aidant naturel à domicile ?
  • Qu’est-ce que la maltraitance ?
  • Que dit la loi sur un signalement de maltraitance ?
  • Quels sont les signes pouvant alerter sur une prise en charge dite « maltraitante » ?
  • Comment se décide un placement en institution pour une personne âgée vulnérable ? Quelles sont les démarches ? Qui initie la démarche ?
  • Quel rôle joue l’infirmier dans le maintien de la relation entre l’aidant naturel et le patient ?
  • Qu’est-ce que le positionnement professionnel ?
  • En quoi consiste-t-il ?
  • Est-ce savoir dire « non » lorsque la prise en charge ne correspond pas à nos valeurs soignantes ?

Autant de questions qui ont orienté mes recherches et lectures et à la suite de quoi j’ai pu formuler la question de départ suivante : « En quoi le positionnement infirmier permet d’éviter des situations de maltraitance, auprès de personnes vulnérables, à domicile ? »

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Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com